Nouveau gouvernement : encore une occasion manquée pour accompagner la transformation des entreprises

OPINION. Un nouveau quinquennat pour de grandes ambitions écologiques. Voila l'ambition initiale affichée par le Président de la République au moment de sa réélection. Alors que l'attente était forte de voir l'impulsion donnée se répandre à travers la société, le couple exécutif n'a finalement pas souhaiter faire de la transition des entreprises une priorité en créant un ministère dédié à cet enjeu crucial. Par Augustin Boulot, Délégué général de B Lab France
(Crédits : DR)

Mise en haut de la liste des priorités, la transition vers un modèle plus soutenable et résilient devait devenir une vision transversale, imprégnant l'ensemble des politiques menées et arbitrée au plus haut niveau.

Si nous lui adressons nos vœux de réussite républicains, la nomination d'une secrétaire d'Etat chargée de l'économie sociale et solidaire et de la vie associative apparait comme une triple occasion manquée qui risque de nous faire passer à côté du défi.

Rattaché à la Première Ministre, elle ne disposera pas d'administration dédiée ni d'un statut institutionnel suffisant pour s'imposer aux moments cruciaux face aux intérêts de ceux qui veulent retarder le changement de modèle.

En charge de l'ESS et de la vie associative, elle sera partagée entre deux sphères qui n'intègrent pas les entreprises dans leur nouvelle recherche d'impact positif.

Baladée du ministère de la transition écologique à Matignon, après un passage par Bercy, la transformation des entreprises n'est visiblement toujours pas suffisamment prise au sérieux pour mériter un ministère de plein exercice, doté d'un budget, de moyens et de compétences propres.

La prise de conscience de la pression écologique, l'évolution des aspirations individuelles d'épanouissement et le rejet d'une quête perpétuelle du profit individuel au détriment de l'intérêt collectif accélèrent aujourd'hui la transformation de la société et de nos entreprises.

Malgré cet élan, l'un après l'autre, les rapports d'experts se succèdent pour nous rappeler que le plus gros du chemin reste à faire.

Les grands défis de notre époque imposent que les entreprises intègrent dans leur modèle d'affaires et dans leurs opérations des objectifs sociaux, sociétaux et environnementaux ambitieux.

Et c'est bien parce que le sujet du développement de modèles d'entreprises soutenables dépasse le seul cadre de la transition écologique qu'il est primordial qu'il soit porté par une personnalité forte, dotée des ressources d'un ministère et capable de peser dans les arbitrages.

Les initiatives se multiplient pour définir un nouveau cadre de fonctionnement propice à un exercice plus écocompatible pour les entreprises, Loi Pacte avec la qualité d'entreprises à mission, CSRD ou reporting non financier dans le cadre des ambitions européennes...

Véritable enjeu de performance, la RSE et ses déclinaisons sont devenues des opportunités de développement, d'emploi et de recrutement, se diffusant dans toutes les composantes de l'organisation.

Croire que la transition pourra se faire sans les entreprises est aussi illusoire que de croire qu'elle pourrait se faire sans les Territoires ou l'Etat pour accompagner au plus près les évolutions et les ancrer dans la durée.

Pour cela, nous avons besoin d'une personne qui incarne le cap politique avec qui parler.

Cette personne doit être un modèle et un moteur pour entrainer avec elle l'ensemble des entreprises françaises, pas seulement celles de l'ESS.

Il est temps de mettre un.e meneur.se engagé.e à la tête d'un ministère de la transition des entreprises.

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Commentaire 1
à écrit le 15/07/2022 à 19:18
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L'erreur est de croire que "réformer" veut dire "adapter" et donc que les transformations viennent d'en haut pour être imposé au bas!

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