Pétrole et matières premières : la baisse n'est pas finie

La Tribune publie chaque jour des extraits issus des analyses diffusées sur Xerfi Canal. Aujourd'hui: pétrole et matières premières, la baisse n'est pas finie
Alexandre Mirlicourtois, directeur de la conjoncture et de la prévision de Xerfi./ DR

Sale temps pour les producteurs de matières premières. L'indice S&P GSCI, la référence du marché des commodités, a perdu plus de 16% au premier trimestre 2015. C'est le troisième trimestre consécutif de repli pour cet indice composé de 24 matières premières issues de l'énergie, de l'agriculture, de l'élevage, des métaux industriels et des métaux précieux.

Une telle configuration est assez rare

Elle n'est intervenue que trois fois depuis le début des années 2000. Et l'ampleur du mouvement est telle, qu'il atteint toutes les composantes de l'indice sauf exception. Le pétrole, au premier chef qui pèse de tout son poids dans cette évolution. Que ce soit le WTI, le brut qui sert de référence pour les transactions en Amérique (en baisse de 34%), le Dubaï utilisé pour fixer les prix de vente vers l'Asie (-30%) où le Brent, la référence pour fixer les prix de deux tiers du pétrole mondial, dont celui destiné à l'Europe (-29%), le cours du pétrole reflue partout dans le monde.

Un pétrole sous quatre feux :

  • 1/ le déséquilibre du marché réel, où l'offre s'envole encore alors que la demande patine.
  • 2/ le rôle amplificateur des marchés financiers, qui spéculent sur les indices.
  • 3/ L'appréciation du dollar qui joue traditionnellement comme facteur de baisse.
  • 4/ le contexte géopolitique: la baisse actuelle des cours servant les intérêts américains au détriment de la Russie, du Venezuela ou de l'État islamiste.

Dans notre scénario, ces quatre feux ne vont pas rapidement s'éteindre, c'est pourquoi nous prévoyons un Brent à 53$ en moyenne sur l'année, en baisse de 46% sur un an.

Autres victimes, les minerais et les métaux industriels

Le S&P GSCI centré sur les métaux décrit très bien la tendance à l'œuvre depuis maintenant plusieurs mois : il cède 9% au 1er trimestre et tombe à son plus bas niveau depuis 2009. On retrouve évidement, comme avec le pétrole, une offre abondante face à une demande mal en point. Tous les regards se tournent alors vers la Chine.

L'ogre à la naissance du super-cycle des matières premières a perdu son appétit alors même que les récentes vagues d'investissement dans les mines et les sites de production donnent leurs pleins effets.

Bilan : le minerai de fer a perdu 20% de sa valeur en un trimestre et plonge de 68% par rapport à son pic de mars 2008. L'année est perdue et la chute certaine : -32% selon nos dernières prévisions.

Mêmes causes, mêmes effets pour les métaux

Dans l'ordre, on retrouve le cuivre, le nickel, le plomb, l'aluminium et le zinc. Tous en baisse au 1er trimestre et ils le resteront en moyenne sur l'année. Selon nos prévisions, le S&P GSCI « métaux industriels » tomberait en 2015 pour la 4ème fois consécutive : -7%

Côté marché agricole, ce n'est pas mieux

Avec des niveaux de production historiques, les entrepôts des céréaliers sont pleins à craquer. Ce qui pèse sur les cours du blé et du maïs.

Mais ce n'est rien comparé à la déconfiture du sucre, au plus bas depuis 6 ans. La S&P GSCI, centré cette fois sur les matières agricoles, est ainsi logiquement en recul : -7% sur les trois premiers mois de l'année et nous anticipons -4% pour l'ensemble de 2015

A contre-courant, l'or et les métaux précieux

Toujours très demandés par les émergents, ils bénéficient de leur statut de valeur refuge dans un contexte où les risques financiers s'amoncèlent. Une hausse entravée par la vigueur du dollar.

Compte tenu de leur modeste poids dans l'indice d'ensemble, ils ne peuvent cependant pas inverser la tendance. Et cette tendance, c'est une baisse générale estimée à Xerfi pour 2015 à -27%... La plus importante depuis 2009. Nous étions alors au cœur de la plus grande récession depuis la 2ème guerre mondiale.

>> Plus de vidéos sur le site Xerfi Canal, le médiateur du monde économique

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Commentaire 1
à écrit le 25/05/2015 à 10:10
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On vient d'inventer une croissance sans progression de la demande, c'est du même acabit que les taux négatifs et la déflation, qui prouve que la politique de l'offre n'est pas la bonne!

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