Ports et villes : agir pour de meilleures relations et un environnement plus sain

Les ports et les zones portuaires ont souvent été synonymes de destruction de l'environnement naturel, de zones industrielles vieillissantes et inesthétiques, et de pollution. L'un des défis que les autorités portuaires doivent relever consiste à convaincre les citoyens qu'un port est un atout pour une ville et non pas une industrie nocive. Afin d'optimiser le processus d'information et d'expérience, certains pays ont développé un concept, initié en Europe par Anvers et Rotterdam, le «Port Center». Par Tiziana Murgia, responsable communication à Assoporti, l'association des ports italiens(*).
Tiziana Murgia.
Tiziana Murgia. (Crédits : DR)

Les ports et les zones portuaires ont souvent été synonymes de destruction de l'environnement naturel, de zones industrielles vieillissantes et inesthétiques, et de pollution. L'histoire nous enseigne que le transport maritime représentant l'une des premières méthodes de négoce de marchandises, les villes se sont développées autour de leur port.

Par la suite, les autorités et organismes de gestion portuaires ont tenté de créer des ports à l'aspect plus plaisant par le biais de «fronts de mer» urbains.

Dans une certaine mesure, ce travail sur les zones portuaires a contribué à une meilleure image des ports. Toutefois, d'autres aspects détériorent cette image et les autorités portuaires doivent intervenir pour les corriger. Sur le plan environnemental, des questions telles que la pollution, les déchets, le bruit, ont un impact négatif. De nombreuses interventions ont été effectuées aux niveaux national et européen (ex. les directives sur les installations de réception des déchets - Directive 2000/59/EC, Directive 2002/84/EC, Régulation (CE) No 1137/2008 - ou les niveaux de CO2 produits par les navires - Directive 2012/33/EU ). Dans ce registre, il incombe aux autorités portuaires d'appliquer les normes environnementales et de contrôler leur conformité avec les législations en vigueur.

Selon l'organisation des ports maritimes européens (European Sea Ports Organization - ESPO) qui surveille les priorités environnementales depuis 20 ans, «la relation avec la communauté locale se situe au niveau 4 des priorités environnementales sur une liste de 10 niveaux élaborée en mars 2016» (www.espo.be/fact-and-figures).

En conséquence, il est nécessaire d'inclure de bonnes relations port-ville dans la planification environnementale d'un port.

Obtenir de bonnes relations et un environnement sain

L'un des défis que les autorités portuaires doivent relever consiste à convaincre les citoyens qu'un port est un atout pour une ville et non pas une industrie nocive. Pour cela, elles ont reçu l'aide d'organisations nationales, européennes et internationales. D'où l'importance de publications telles que le Guide Vert (ESPO), le Code d'intégration sociétale (ESPO), et « Faire la ville avec le port », le guide de bonnes pratiques (AIVP). De plus, des conférences organisées par des associations locales et nationales traitant de la planification portuaire sont d'autres exemples de ces activités. Lors du lancement de publications ou dans le cadre de conférences, diverses parties prenantes sont invitées (représentants des communautés portuaires, élus, universitaires, opérateurs privés) afin de contribuer au dialogue et aux échanges.

Le côté éducation est approché différemment. D'une part, ces questions peuvent être abordées en invitant la jeunesse (essentiellement les écoles, les universités et leurs enseignants) à visiter les ports. Ils peuvent ainsi découvrir le fonctionnement d'un port, ses activités et sa raison d'être.

Ceci procède des bonnes pratiques pour les ports ; cf. le code ESPO des bonnes pratiques pour les ports de croisières et de ferry, et l'ouvrage de gouvernance d'une ville portuaire publié par la Fondation Sefacil, et disponible sur le site internet de l'AIVP. Ces actions rapprochent les habitants de leurs ports et stimulent l'intérêt porté au fonctionnement des ports et aux professions nécessaires aux activités portuaires dans leur ensemble.

Ce mélange d'activités a conduit à la notion d' « edutainment » - contraction anglaise des mots education et enternainment. Ce type d'activités peut se révéler difficile puisqu'il s'agit de faire passer de manière ludique ou distrayante des informations qui, à première vue, peuvent paraître arides. Dans ce but, des initiatives ont été créées, telle que la journée maritime européenne célébrée chaque année dans toute l'Europe.

Certains pays ont développé un nouveau concept afin d'optimiser le processus d'informations et d'expérience des ports. Il s'agit de la création d'un «Port Center». Ce concept a été initié en Europe par Anvers et Rotterdam. L'objectif est de permettre aux communautés locales de vivre une expérience de port qui souvent est impossible directement pour des raisons de sureté et de sécurité. Bien que créé il y a trois décennies en Europe du Nord, pour de nombreuses communautés, il s'agit encore d'un concept nouveau qui doit être expliqué aux ports et aux populations. Le principe consiste à découvrir et à vivre un port par le biais de son Port Center qui en reproduit les activités.

Par exemple, en Italie, qui est l'une des principales destinations des croisières en Méditerranée, la plupart des autorités portuaires, à quelques exceptions près, ont tenté de régler le problème de la perception du port et de son rôle par des visites et des formations. Parfois, les autorités portuaires sous-estiment l'importance de ce rôle, étant convaincues que d'autres types d'activités promotionnelles ou des relations avec la presse suffiront à faire passer le message des ports auprès du grand public. Dans le même temps, les communautés des ports de destinations sont souvent insatisfaites de la gestion des zones portuaires, comme cela a été confirmé par des déclarations claires faites au cours de la réunion du dialogue Pan Européen de Bruxelles en février 2015.

A ce sujet, il est intéressant d'observer l'action de la ville de Livourne, en Italie, qui a fait beaucoup pour établir un lien entre la ville et le port commercial et industriel.

Ce port assure principalement un trafic commercial, et depuis quelques années la réception de navires de croisière. De ce fait, dans le cadre des nombreuses activités effectuées dans le port, il a été nécessaire de prendre en considération les questions environnementales, afin de développer un plan stratégique qui inclut l'intégration entre le port et le territoire de son bassin versant.

Grâce à ce processus, il a été possible d'améliorer les relations entre la ville, le port et la mer. En effet, la vieille forteresse, située dans la zone portuaire, a été réhabilitée grâce à un projet innovant développé en coopération avec l'autorité portuaire de Livourne, la Province et l'Université de Pise. Dans le cadre de ce lien essentiel port-ville, 2015 a vu le lancement du Port Center de Livourne comme point d'information innovant et technologique, ouvert aux citoyens, aux chercheurs et aux touristes.

Il s'agit véritablement d'un projet pilote pour l'association des ports italiens qui œuvre en étroite collaboration avec d'autres ports pour contribuer au processus d'intégration sociétale. En effet, d'autres ports qui communiquent déjà sur leurs responsabilités sociétales (Tendances dans la gouvernance des ports de l'UE, 2016, ESPO), et dans le cadre de leur intégration sociétale, dialoguent avec les communautés locales et leurs employés.

D'autres initiatives au niveau international comprennent le réseau des Ports Centers de l'AIVP (réseau mondial des ports et villes), qui est actif depuis 2014. Cette initiative permet aux Ports Centers de se rencontrer et de confronter leurs vues sur les principales questions en lien avec les relations ports-villes, ainsi que d'autres sujets concernant la situation générale des ports et des zones environnantes.

Conclusion :

L'expérience acquise au sein de l'association des ports a permis le développement de connaissances et d'une expertise spécifiques dans le domaine des relations ports-villes. Cela signifie que tous les membres peuvent utiliser ces informations et apporter de la valeur sur la base de leur expérience dans les territoires et les communautés. Il est important de noter que des associations telles que Assoporti sont des contributeurs de connaissances au niveau national.

Dans cette optique, Assoporti doit être considérée comme une maison des ports italiens, le terme «maison» ayant ici comme acception le lieu où l'on vient chercher des informations, des conseils, de l'assistance et où, dans le même temps, la connaissance et l'expérience spécifique des ports - qui est différente d'une ville à une autre - sont collectées à des fins de futures références. Si l'on considère que les autorités portuaires italiennes seront prochainement modifiées pour être en conformité avec la réforme des ports italiens, cette «maison» peut fort bien devenir le bon endroit pour collecter et distribuer des informations.

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(*) Tiziana Murgia est responsable communication à Assoporti, l'association des ports italiens. Elle est également rapporteur de la Conférence de Québec.

Conference cities and ports, Quebec, bandeau,

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