Pourquoi la justice sociale passe aussi par les conditions du télétravail ?

OPINION. Si, pour des salariés bien logés ou propriétaires d'une résidence secondaire le  télétravail est une aubaine, pour d'autres, dont les espaces de vie sont exigus, ce dispositif est difficile à gérer. Le télétravail peut devenir une source de troubles psychologiques (sensation d'isolement, burn out) et d'inégalités sociales impactant les  performances professionnelles. Les entreprises doivent proposer des solutions  permettant d'améliorer le bien-être de tous les collaborateurs en conditions de télétravail. Par Maxime Eduardo, co-fondateur et CEO de Wome
(Crédits : Robert Galbraith)

Si pour les salariés, la rémunération reste un élément important dans le choix d'un  poste, celle-ci n'est plus leur unique critère de sélection d'une entreprise et d'un  emploi. Leurs motivations et notamment celles de la jeune génération prennent en  compte la quête de sens, le travail collaboratif, la flexibilité dans l'organisation de leurs  missions et l'équilibre vie personnelle/vie professionnelle. Il est fini le temps où le

collaborateur se contentait d'un salaire et se pliait au cadre rigide de l'entreprise.  Aujourd'hui, il attend d'elle qu'elle remplisse une mission sociale, qu'elle fasse preuve  de flexibilité et soit en mesure d'améliorer son quotidien. Sans cela, il hésite de moins  en moins à quitter son emploi, la pénurie de profils dans bien des secteurs d'activité  jouant en sa faveur. Une situation qui, actuellement fait rage aux Etats-Unis, où 5 millions de  personnes ont déserté le marché du travail. Du jamais vu !

Télétravail : pas de retour en arrière possible

Face à un tel phénomène, dont la France n'est pas à l'abri sur des profils très  recherchés, quels leviers les entreprises peuvent-elles actionner pour séduire et  retenir les talents ? Outre le salaire, depuis plusieurs années déjà, elles prennent en  charge des remboursements partiels de passe Navigo, de mutuelle, de tickets  restaurants, d'abonnements à des activités sportives et, plus récemment, à des passes

Mobilité dédiés aux transports alternatifs (vélo, trottinette).

Bien qu'existant depuis la loi du 22 mars 2012, le télétravail s'est finalement peu  répandu dans les entreprises. Mais avec le Covid-19, du jour au lendemain, tous les  salariés dont les activités pouvaient être exécutées à distance, ont été mis en  télétravail complet ou partiel. Durant deux ans, ils ont vécu au rythme des  confinements/déconfinements, et ont fait entrer cette pratique dans leur quotidien  professionnel. En 2022, 1/3 de la population active est en télétravail régulier, chiffre  qui devrait atteindre les 40% en 2025 (source : étude de McKinsey). Autre statistique  éloquente, celle de l'institut de sondage OpinionWay révélant que près de 40% des  actifs français interrogés disent préférer démissionner plutôt que de renoncer au  télétravail.

Le télétravail est devenu, pour nombre d'entre eux, une composante non négociable de leur cadre de vie. Toutefois, appréciée par certains, cette pratique l'est moins par  d'autres et n'est pas sans poser quelques problèmes. En effet, les conditions de vie et

d'habitation des salariés étant disparates, les ressentis divergent : travail difficile dans  un endroit exigu, sensation d'isolement, difficulté à dissocier vie professionnelle et vie  personnelle. Le télétravail peut devenir source de troubles psychologiques (burn out ou déconnexion sociale chez certains) et d'inégalités sociales dont les conséquences  impactent les performances professionnelles. N'étant plus dans des conditions  identiques - celles de l'entreprise- les chances de réussites des collaborateurs  diffèrent.

La disparité des conditions du télétravail créée l'inégalité professionnelle

Que faire ? Le télétravail étant devenu un critère d'attraction et de fidélisation des  salariés, tout retour en arrière est impossible, ce n'est pas le cours de l'histoire. Charge  alors aux entreprises de trouver les moyens de réduire cette fracture sociale. Le  gouvernement s'est d'ailleurs déjà saisi du sujet avec la proposition de loi déposée, en  novembre dernier, à l'Assemblée nationale par Frédérique Lardet, ancienne députée  LREM. Objectif : déployer un dispositif permettant à l'employeur de prendre en charge  toute ou partie des frais générés par le télétravail afin d'offrir à tous les salariés de  bonnes conditions dans leur travail à distance : bureaux adaptés, bonnes connexions  internet, couverture mobile... Le projet de loi évoque une allocation forfaitaire max de  600 euros par an par salarié, exonérée de cotisations et de contributions sociales et d'impôt  sur le revenu afin de couvrir les frais liés au télétravail à domicile mais aussi à  l'extérieur, dans un espace de coworking par exemple.

Face à cette lame de fond qu'est le télétravail, les entreprises doivent faire preuve  d'imagination pour accompagner leurs salariés dans leurs nouvelles expériences  professionnelles. Elles doivent mettre en place des solutions permettant de réduire les  inégalités sociales en donnant à tous et toutes un cadre de vie professionnel agréable.  Seules celles qui mettront le bien-être au cœur de leur organisation et feront preuve  d'inventivité pour améliorer les conditions de travail et de vie de leurs collaborateurs  seront en mesure d'attirer et de fidéliser les talents.

Avec la pandémie une nouvelle ère du travail a sonné !

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