Premier débat : la déception présidentielle

Le premier débat en vue de la présidentielle a été long et lacunaire, laissant par exemple de côté le bilan de ce quinquennat finissant . Par Jean Christophe Gallien , Professeur associé à l'Université de Paris 1 la Sorbonne, Président de j c g a, VP de Zenon7

Quel premier débat décevant, comme l'est, pour l'instant, la campagne présidentielle. Nous avons assisté à un événement marqué par une série de faiblesses, une incroyable absence, une certitude inquiétante et accessoirement par une coupure publicitaire !

Ce débat fut d'abord un moment télévisuel et politique marqué par des faiblesses dont la première est démocratique avec la présence de seulement 5 candidats des 11 qualifiés pour le premier tour. S'y ajouta une faiblesse organisationnelle à corriger pour les prochaines confrontations à venir : la longueur du format. Plus de 3 heures, qui proposent une offre médiatique au final presque indigeste et décrocheuse noyant l'intensité et lissant le niveau collectif et individuel de l'offre électorale et programmatique.

Un grand absent, Hollande et son quinquennat


Ce long débat fut aussi marqué par une absence, incroyable, celle de François Hollande et de son bilan ! Le Président du présent quinquennat fut totalement épargné par la critique. Même son prédécesseur Nicolas Sarkozy et le premier ministre de ce dernier, François Fillon, furent davantage attaqués. Il fallut attendre très longtemps pour que, du bout des lèvres, les candidats de l'opposition politique que sont François Fillon, Marine Le Pen citent son nom et attaquent son bilan. Et que dire du silence de l'ex frondeur socialiste Benoit Hamon, ou de celui de Jean Luc Mélenchon qui ont, tous les deux, construit une démarche de positionnement politique en négatif radical de l'expérience hollandienne. Tout cela au grand profit du principal acteur engagé dans ce quinquennat présent sur le plateau : Emmanuel Macron qui n'eut même pas besoin de réellement faire l'effort de se soustraire encore moins de s'exonérer de sa participation à la construction de ce bilan, ne se privant pas lui même d'attaquer François Fillon sur son propre bilan qui ne riposta pas !

Le parti des hésitants va encore grossir

Enfin une certitude inquiétante s'impose : le débat aura encore fait grossir le parti des hésitants et de l'abstention qui auront du mal à choisir un champion parmi les 5 débatteurs d'hier soir. Benoit Hamon le candidat du « CARE », mobilisé par la distribution des aides, allocations et autres primes qui démarra fort avant de s'affaiblir peu à peu souffrant dans le combat de position avec Jean Luc Mélenchon qui quitta progressivement un rôle trop agressif de procureur révolutionnaire, un poil dilettante, pour s'incarner en un néo Georges Marchais contemporain beaucoup plus sympathique et efficace médiatiquement.

Macron, candidat des "likes"

Emmanuel Macron le candidat central distribuant des likes façon bons points comme s'il voulait cacher le flou non éclairci de son projet de synthèse tout en tentant de se placer, déjà, dans une adversité de second tour face à une Marine Le Pen quant à elle drapée dans la protection nationale et dramatisant encore une posture anti-européenne, et qui fut aussi la plus volubile et peut-être la plus constante dans l'intensité. François Fillon le candidat bridé par le poids des dernières semaines d'accusations publiques médiatico-judiciaires qui ne retrouva un peu de la flamme de la primaire de la droite et du centre que bien trop tard dans la soirée, quand la majorité des téléspectateurs avaient zappé ou s'étaient couchés, proposant même une conclusion qui aurait du être son introduction.
On attend avec impatience le débat du 4 avril. Peut-être, espérons-le, enfin le vrai temps fort d'une campagne qui peine à quitter la déception présidentielle.

 Jean Christophe Gallien
Professeur associé à l'Université de Paris 1 la Sorbonne
Président de j c g a, VP de Zenon7
Membre de la SEAP, Society of European Affairs Professionals

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Commentaires 3
à écrit le 21/03/2017 à 13:19
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Fallait-il s'attendre à merveilles ? Ils ne se sont pas insultés, c'est déjà un bon point : nos enfants et petits-enfants - fort intéressés par le futur qui les attend - n'auront du moins pas été choqués par des écarts de langage, même si le ton mont...

à écrit le 21/03/2017 à 11:33
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Dans le débat d’hier, Mr Macron a été jugé le plus convaincant, le plus sincère et le plus pragmatique dans la conduite des réformes qu'il envisage pour notre pays. En effet, aujourd'hui, le seul candidat d'une alternance crédible et réussie, c'est M...

à écrit le 21/03/2017 à 10:22
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5 bavards professionnels impénitents, payés à faire ça depuis des années, plus ou moins serviteurs des marchés financiers, les plus étant ceux que l'on voit le plus à la télé, c'est le cadeau bonus de l'oligarchie pour services rendus. Un spectacle g...

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