Réformes Macron : des ambitions qui font pschitt ?

La Tribune publie chaque jour des extraits issus des analyses diffusées sur Xerfi Canal. Aujourd'hui, des ambitions qui font pschitt pour les réforme Macron ?

Emmanuel Macron est-il en train de changer en profondeur le modèle économique français ? Dans son ouvrage « révolution », il ne proposait pas de renverser la table. Mais de refonder notre système social en opérant une mise à jour du pacte hérité du conseil national de la résistance. Il annonçait l'exploration d'une « troisième voie », dans lequel notre filet de sécurité serait mis en phase avec la mondialisation, dans l'esprit de ce qui se fait dans les pays scandinaves. L'idée aussi que les réformes doivent être menées en indemnisant les perdants.

Plus d'un an après l'élection, à défaut de révolution, peut-on parler de refondation ? Sur le papier, les briques qui doivent fonder la mise en place d'une flexi-sécurité à la française sont bien là.

Flexibilité du travail : des mesures à instillation lente

Côté flexibilité du travail, il y a la loi travail, la remise en cause du statut des cheminots, le recours accru aux contractuels dans la fonction publique..... Ces réformes sont des réformes à instillation lente néanmoins, dont la portée demeure encore incertaine. Côté sécurité, il y a la réforme de l'assurance chômage, qui a accouché d'une souris : une extension de la protection aux indépendants, uniquement s'ils sont en liquidation judiciaire, et avec de forte réserves du conseil d'État. Une extension aux démissionnaires aussi, mais avec des restrictions drastiques. Quant au bonus-malus sur les contrats précaires, la négociation reste dans le flou total. La réforme du système de formation vient aussi renforcer le dispositif. Mais peut-on parler de rupture ? Elle s'inscrit dans le prolongement des précédentes, avec une extension du DIF. Elle introduit néanmoins un vrai mécanisme de transfert des grandes entreprises vers les PME concernant le financement de la formation. Et un fléchage sur les chômeurs et les moins qualifiés. Toujours dans cette optique de flexi-securité, il y a la bascule de certaines cotisations sur la CSG, qui poursuit à la marge le mouvement déjà largement entamé de fiscalisation de la protection sociale.

Entreprises, fiscalité, Europe : bilan en demi-teinte

Côté entreprises, Macron surfe sur la médiatisation de la start-up nation. Il est dans l'hyper-communication de l'existant. Il s'inscrit dans le droit fil de l'héritage Sarkozy Hollande, entre la politique des pôles de compétitivité, le programme d'investissement d'avenir, la BPI etc... tout ce qui a contribué à faire de la France une pépinière plutôt féconde. Mais côté fiscalité des entreprises, c'est plutôt le statu quo. Il transforme l'essai du pacte de responsabilité, avec la conversion du CICE en baisse de charges et la baisse de l'IS. Il rajoute une petite dose de baisse de charge au niveau du SMIC, dans le droit fil de ce qui se fait depuis plus de 20 ans. Mais rien du côté des impôts sur la production, terrain sur lequel l'attendait le MEDEF. 
Il y a ensuite la politique en faveur de la détention de capital mobilier et au détriment du capital immobilier... celle qui lui confère l'étiquette de président des riches. C'est vrai qu'elle concentre ses effets positifs sur le haut de la distribution des revenus. Mais c'est vrai aussi qu'elle participe à la convergence fiscale européenne.

Côté européen enfin, qui devait être le grand terrain de transformation, celui ou se jouait l'avenir de la croissance hexagonale... que dire, si ce n'est que rien ne se passe pour l'heure, à l'exception d'une petite victoire partielle sur le travail détaché.

Le bilan est incontestablement en demi-teinte. Et il a son coût. Les réformes s'achètent pour Macron. En l'occurrence dans le cas d'espèce, elles ont couté la suppression de la taxe d'habitation, pour 20 milliards, et la reprise de la dette SNCF, pour 35 milliards. Bref, pour l'heure difficile de parler de révolution Macron. Parlons plutôt à ce stade d'infusion Macron. Une infusion achetée au prix fort, au risque d'hypothéquer les chances de réformes plus profondes.

>> Plus de vidéos sur le site Xerfi Canal, le médiateur du monde économique

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Commentaires 8
à écrit le 21/07/2018 à 10:12
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Il manque un aspect essentiel qui concerne le role du prix de l'énergie comparé au cout du travail. Voir la note n°6 du CAE. Il faut donner la parole à ceux qui sont favorables à cette thèse.

à écrit le 20/07/2018 à 7:48
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L'essentiel concerne la relation entre cout du travail et prix de l'énergie. Voir la note n°6 du CAE. Mais les français ne veulent pas le comprendre. Il faut répartir les charges sociales sur le travail et sur la consommation d'énergie. Il n'y a pas ...

à écrit le 19/07/2018 à 18:18
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Côté flexibilité du travail.... Ces réformes sont des réformes à instillation lente néanmoins Bref ,un poison instiller goutte à goutte aux salariés . Sinon, plus de 100 mesures constituant la nouvelle loi Travail et issues des ordonnances Macr...

à écrit le 19/07/2018 à 17:47
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A venir le prélèvement a la source, usine a gaz qui va coûter 1,5 milliards aux entreprises alors que la mensualisation marchait très bien. La suppression de la TH non financée et cette CSG qui touche les retraites a partir de 1300 e par mois, pas te...

à écrit le 19/07/2018 à 14:31
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Macron sait bien que ce n'est pas à la France de réformer. c'est à ses partenaires. le pays est entouré de canards boiteux qui tirent vers le bas, en Europe et au delà. la tentation de l'autoritarisme/des "hommes forts" se développe car la faiblesse...

le 19/07/2018 à 17:13
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vous connaissez la fable de la paille et de la poutre ? elle s applique tres bien a ce qu evous ecrivez. les autres pays ne sont pas parfait mais chez nous, on a les degats de 30 ans d immobilisme a reparer

à écrit le 19/07/2018 à 11:34
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Je ne vois pas trop à quoi il fallait s'attendre de la part de Macron, arriviste forcené et égocentrique qui ne joue que sur la communication et les effets d'annonce. C'est quelqu'un qui vient de la finance et qui ne connaît rien à l'industrie, et qu...

à écrit le 19/07/2018 à 11:23
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Puis alors entre Trump et May qui incarnent le retour de la puissance politique sur la scène diplomatique mondiale, nos dirigeants traders européens font pales figures. Mike le poulet sans tête commencerait il à comprendre ? Ben non cela lui est ...

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