S'agissant des écrans, la réponse autoritaire se révèle inefficace. Bien que l'on puisse comprendre l'intérêt de telles mesures, il est indéniable que l'approche visant à rétablir « l'ordre public numérique » par la contrainte n'est tout simplement pas souhaitable. Les études démontrent en effet que les réponses coercitives vis-à-vis des écrans, qui s'apparentent à des stratégies de médiation restrictives, sont souvent inefficaces et incitent les enfants à élaborer des systèmes de contournement.
Ces méthodes autoritaires procurent un faux sentiment de sécurité aux adultes qui pensent contrôler les usages numériques des plus jeunes. Cependant, en entravant le développement de l'autonomie des adolescents, les stratégies répressives et de surveillance suscitent un sentiment de privation de liberté, source de colère, de frustration et de résistance. En somme, de telles mesures, même si elles réduisent le temps d'écran des plus jeunes, peuvent être contre-productives (Smirnova, S., Livingstone, S., & Stoilova, M. (2021). Understanding of user needs and problems: A rapid evidence review of age assurance and parental controls. eprints.lse.ac.uk).
L'éducation, seule réponse souhaitable
Face à l'omniprésence des réseaux sociaux dans le quotidien de nombreux jeunes et à l'« algorithmisation » croissante de notre société, l'accompagnement des familles devient une nécessité sociétale majeure. Et, incontestablement, l'éducation est un enjeu systémique qui exige l'engagement de l'État à tous les niveaux : en soutenant les parents, en formant les enseignants et les acteurs locaux, et en éduquant nos enfants.
Il est à noter que certains acteurs mettent déjà en place des actions de sensibilisation aux usages numériques (comme l'OPEN, Observatoire de la Parentalité et de l'éducation numérique, et l'association de premier plan e-Enfance) et d'éducation des enfants aux médias (comme le CLEMI, Centre de Liaison de l'Enseignement et des Médias d'Information). Cependant, la question de la parentalité à l'ère de la technologie reste sous-investie.
De surcroît, les dispositifs actuellement en place, aussi aboutis soient-ils, ne répondent pas pleinement aux besoins des familles. Selon une étude OPEN Unaf IPSOS de 2022, près d'un parent sur deux se sent toujours désemparé face aux défis de l'éducation numérique de ses enfants.
Conjuguons les forces vives !
À l'instar de l'initiative menée par Conseil National du Numérique (CNNum), de la CNIL et du collectif #educnum qui prônent le développement de l'éducation au numérique dès l'école maternelle, il est impératif d'engager une vaste réflexion pour concevoir des actions concrètes et ambitieuses au niveau gouvernemental.
Il est surtout urgent de coordonner les efforts de tous les acteurs qui œuvrent aujourd'hui de manière disparate : écoles, collectivités territoriales, conseillers numériques, acteurs de la société civile et scientifiques. Rassemblons-nous derrière un objectif commun : permettre à nos enfants de grandir en citoyens heureux, libres et responsables.
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