Textile habillement, la crise continue

La Tribune publie chaque jour des extraits issus des analyses diffusées sur Xerfi Canal. Aujourd'hui, la grande crise du secteur textile-habillement.
Alexandre Mirlicourtois, directeur de la conjoncture et de la prévision de Xerfi./ DR

Le textile-habillement français est en très mauvaise posture. En amont, coté fabrication, c'est DIM mais aussi dans le lot ces marques Playtex et Wonderbra qui sont dans le rouge avec l'annonce de la suppression de 400 emplois. Cote distribution, en aval, Vivarte, qui détient La Halle, André et Kookaï, entre autres, a annoncé la suppression de 1 600 postes. La Halle serait une des enseignes les plus durement frappée avec la fermeture de 244 magasins sur 620, c'est 40% du parc. Ce télescopage de mauvaises nouvelles n'est qu'une étape de plus dans le délitement de la filière textile-habillement française avec cette dimension en plus : la distribution trinque aussi.

Une mise en concurrence mondiale: la bataille perdue d'avance

Un simple flash-back pour bien mesurer ce qui est en œuvre depuis 25 ans déjà. D'abord, la relative indifférence des consommateurs quant à l'origine géographique des produits pour le prêt à porter de grande consommation. Seul le prix compte ce qui a encouragé la distribution de se fournir au moins cher, c'est-à-dire dans les pays à bas coût. L'impact a été d'autant plus dévastateur avec l'arrivée des nouvelles technologies : l'informatique et les réseaux ont procuré aux distributeurs des outils d'une efficacité inédite et redoutable en permettant la mise en concurrence des industriels partout dans le monde. Dans les secteurs exposés à la concurrence internationale, dont les produits sont le plus souvent standardisés et où la main d'œuvre représente une part importante du coût total, la bataille était perdue d'avance.

La déferlante chinoise

La courbe regroupant l'activité des fabricants de textile, des industriels de l'habillement du cuir et de la chaussure est un témoignage très dur de ce qui s'est joué. Cela a d'abord été la défaite face à nos voisins immédiats (Espagne, Italie) qui ont joué au début des années 90 sur la dévaluation de leurs monnaies pour s'imposer : de 1990 à 2000, la production made in France est divisée par deux ou presque. Mais c'est encore pire après. A partir des années 2000, c'est la déferlante des produits venus de Chine après son adhésion à l'OMC fin 2001. En à peine 10 ans, l'activité s'effondre de 73%. En 20 ans, il ne reste plus qu'un champ de ruines et une production en lambeaux : -86% sur la période, difficile de faire pire !

Le pire est à venir...

Et pourtant ! En resserrant l'échelle du temps pour éviter que les données soient trop écrasées, un nouvel accès de faiblesse apparait.  Début 2015 la production prend une fois de plus la mauvaise pente laissant craindre le pire pour l'année à venir. Et c'est là précisément qu'interviennent les déboires de DIM. Mais attention, il faut s'interroger sur le sens à donner à une série qui a été divisée par plus de 7 en 25 ans. Bien entendu, la filière textile traditionnelle a disparu, mais cela ne doit pas masquer les transformations majeures qui se jouent à la marge.

... sauf pour les textiles techniques

La France c'est une terre d'excellence en matière de textiles techniques. Pour preuve, l'Américain Hexcel va lancer cette année la construction d'une usine dédiée à la production fibres de PAN qui interviennent dans la réalisation de matériaux composites. L'ère du « smart textile » ou du textile intelligent en français offre aussi de nouvelles perspectives à l'ensemble de la filière tant les applications potentielles sont nombreuses (vêtements de protection, chauffants ou connectés, rideaux en fibres optiques, etc.). Paradoxalement, c'est dans la distribution que l'horizon se voile le plus. La chasse aux petits prix a déjà fait des victimes, chez les fabricants, dans le commerce de détail indépendant. Maintenant c'est au tour des grandes enseignes d'être touchées. Et ce n'est pas terminé : l'arrivée du britannique Asos sur l'internet français en 2010, celle de Primark, l'enseigne irlandaise à petits prix en France en 2013 montrent bien que dans la distribution la casse commence à peine.

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Commentaires 2
à écrit le 05/05/2015 à 18:22
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En résumé, inutile de tenter de lutter dans le bas de gamme. Tout miser sur les vêtements techniques, innovants, vivants. Toujours plus de recherche et développement. Pour la bad qualité, nous l'importons déjà presque totalement, le KO est acté. Un s...

le 06/05/2015 à 17:57
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1000 € par mois et meme si un peu plus, sur lequel on deduis l essence pour aller au travail, les repas au travail., la cantine et les garderies pour pouvoir aller travailler. Son loyer, efd, gaz,eau..... Toutes les innovations du monde ne pourront ...

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