Trois leviers pour faire de la transition énergétique et écologique le moteur de l’économie française

OPINION. La transition énergétique et écologique (TEE) constitue une opportunité de renforcer la compétitivité de nos entreprises en France comme à l'international, d'améliorer leur accès au financement, d'accroitre notre souveraineté et notre indépendance, de lutter contre la précarité, d'encourager les relocalisations industrielles et de soutenir des emplois pérennes à forte valeur ajoutée dans l'ensemble du territoire. Par Alexis Gazzo, Associé EY Climate Change & Sustainability Services et Jean-Gabriel Robert, Senior Manager EY Climate Change & Sustainability Services.
Alexis Gazzo et Jean-Gabriel Robert
Alexis Gazzo et Jean-Gabriel Robert (Crédits : DR)

Si le Plan de relance a donné une véritable impulsion en engageant 30 milliards d'euros d'investissement publics sur la TEE en deux ans, l'atteinte de nos objectifs climatiques nécessiterait à terme de tripler cet effort de financement en investissant 45 milliards d'euros/an d'ici 2030.

Investir massivement dans la TEE permettra de créer près de 2 millions d'emplois en France d'ici la fin de la décennie, et entraînera des retombées économiques positives. Chaque euro investi par l'État génèrera en moyenne une valeur ajoutée (richesse créée par les entreprises) de 3,2 euros en 2030 (1).

Ces financements permettront de soutenir à la fois de grands projets structurants - dans les domaines de la production d'énergie renouvelable, du stockage, de la flexibilité du réseau électrique, de la production d'hydrogène vert, de la décarbonation industrielle et de la mobilité décarbonée - ainsi que des projets de plus petite taille portés par des TPE PME et ETI, notamment dans les secteurs de la rénovation de l'habitat, de l'efficacité énergétique, des énergies renouvelables, du transport individuel et de l'agriculture.

Trois grands leviers pour permettre l'accélération de cette dynamique

  • Élaborer une programmation pluriannuelle pour le climat

Certains domaines de la TEE disposent d'ores et déjà d'outils programmatiques assurant un degré élevé de visibilité aux acteurs de ces marchés et aux investisseurs. C'est le cas des énergies renouvelables avec la Programmation Pluriannuelle de l'Énergie (PPE). La mise en place d'un cadre programmatique global fixant de manière transverse et déclinée par secteurs les engagements de l'État en matière d'investissements pour le Climat permettrait d'assurer l'adéquation des moyens mis en œuvre avec les objectifs visés (2). Similairement, au niveau européen, l'objectif du « fit for 55 » doit se décliner par un plan d'investissement séquencé, ce qui donnerait de la visibilité aux investisseurs.

  • Utiliser le levier du financement public pour améliorer l'attractivité des projets ou technologies bas carbone

L'intérêt des investisseurs privés pour les filières les plus matures de la TEE ne se dément pas, compte tenu de la très forte dynamique de ces filières qui sont devenues compétitives au cours des dix dernières années. En revanche, pour des technologies innovantes qui sont à un stade de maturité commerciale ou technologique moins avancé, le niveau de risque perçu reste trop élevé pour attirer des investisseurs privés. Pour ces filières telles que les technologies de stockage ou de mobilité hydrogène, le financement public sera clé pour réussir le passage à l'échelle et l'industrialisation.

  • Compléter le dispositif d'accompagnement de la TEE par de nouvelles mesures fiscales

La taxonomie verte européenne offre un cadre harmonisé permettant la mise en place de politiques fiscales incitatives pour soutenir les activités vertes. Faire bénéficier d'allègement de charges sociales les porteurs d'actions à l'origine de bénéfices climatiques est l'une des pistes à étudier pour inciter des comportements vertueux et favoriser l'emploi.

Ces trois leviers sont les prérequis de la réussite de cette transition. Ils ne seront néanmoins pas suffisants. La simplification du cadre administratif et réglementaire des filières concernées, la mobilisation des collectivités locales ou encore le développement d'une offre de formation adaptée aux besoins des nouveaux métiers constitueront d'autres facteurs clés. Enfin, la crise des gilets jaunes a démontré que l'acceptabilité sociale constitue la clé de voute de la TEE. La transparence vis-à-vis des modalités du financement public de cette transition et l'accompagnement des particuliers et des entreprises affectées seront une priorité. L'information et la sensibilisation seront également indispensables pour assurer une appropriation des mesures à mettre en place pour accélérer la transition climatique.

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(1) EY, WWF (2020). « Monde d'après, l'emploi au cœur d'une relance verte »
(2) I4CE, IDDRI (2021). « Climat : quels investissements pour le prochain quinquennat ? »

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Commentaires 3
à écrit le 18/02/2022 à 10:08
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Il y a deux visions des choses: Soit, on fait tout pour générer du cash, quoi qu'il en coûte! Soit, on fait tout pour permettre a la population d'être "a l'aise dans leurs chaussures", pour d'aller plus loin!

à écrit le 17/02/2022 à 10:23
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Sur la photo, deux types en costumes : L'industrie textile pollue énormément, on ne peut pas être écologiste, et porter un costume

à écrit le 17/02/2022 à 9:23
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au lieu de faire des incantations sur la souverainete et la reindustrialisation, vous devriez vous demander pourquoi plus personne n'est assez fou pour entreprendre qqch chez vous....et si vous n'avez aucune idee, faut aller rencontrer des gens et fa...

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