Victoire annoncée pour la startup Macron ?

La France électorale innove en grand ! Quel virage, très au delà de l'apparition d'une quadripartition et un premier tour devenu une demi finales entre 4 candidats. Celui du PS ayant été éliminé depuis longtemps. Emmanuel Macron aura dominé François Fillon dans la demi finale des ruptures « centrées » et Marine Le Pen aura battu Jean Luc Mélenchon dans la demi finale des ruptures « radicales ». Par Jean Christophe Gallien, Professeur associé à l'Université de Paris 1 La Sorbonne, Président de j c g a

 Séisme politique avec l'élimination inédite des Républicains et l'implosion confirmée du Parti socialiste. Election après élection, ces deux ex partis de gouvernement perdaient du terrain et s'éloignaient de la certitude de qualification au second tour. C'est chose faite !

A frondeur, frondeur et demi

L'effondrement est total pour le Parti Socialiste et son candidat et frondeur Benoit Hamon. Une campagne totalement ratée dès le lendemain de la primaire et un vainqueur qui aura échoué à se défaire des activités de guérilla douce menée par celles et ceux qui ont déjà rejoint ou s'apprête à le faire la campagne d'Emmanuel Macron. Comment parler de renaissance ! Comment parler de gauche du 21e siècle ? Le PS est mort en dessous des 7%.

A droite, cette élection semblait imperdable et la voilà pourtant éliminée dès le premier tour. Au delà des électeurs qui ont choisi Nicolas Dupont-Aignan, qui comme Christiane Taubira priva Lionel Jospin de second tour, c'est bel et bien une défaite de François Fillon. Quelle faible campagne, quelle piètre réponse au jeu du dégagisme médiatique et judiciaire engagé depuis le lendemain de la primaire ! Comment ruiner un effort de de terrain de plusieurs années, une base installée de plusieurs millions de personnes ! Rappelez moi qui s'occupait de la communication de crise ? Qui s'occupait de la stratégie digitale ? Qui s'occupait de cette campagne ? Un raté continu ! Reste que François Fillon aura aussi été éliminé par le feuilleton des révélations et tout autant par l'inaction des dégagés de la primaire de droite. Sarkozy et Juppé et aussi les quadras et quinquas qui semblaient presque espérer cette incroyable élimination. Leur responsabilité collective est engagée et pourrait les conduire à une nouvelle défaite aux prochaines législatives.

Les "Insousmis" le Podemos français

Jean Luc Mélenchon aura certes perdu sa demi finale contre Marine Le Pen mais la défaite cache une victoire : son parti devient, à la manière d'un Podemos français, une base forte et vivante de l'espace politique français. Une force politique née sur le cadavre du Parti socialiste. Pour la "gauche de la gauche", il faut remonter à 1969 (les 21% de Duclos et du PCF pour trouver l'équivalent.

Marine Le Pen quant à elle, atteint la finale pour la première fois. Il s'agit bien d'une victoire politique majeure, mais un peu loin des 27/28 % espérés depuis longtemps. La campagne de la rose bleue qui polit certains éléments de l'ADN frontiste aurait-elle fait un peu fondre la prise électorale de Marine Le Pen acquise d'élections locales en élection depuis 5 ans ? Ce score impose une rude bataille dans un isolement total au second tour.

Un an seulement après le lancement de son mouvement, Emmanuel Macron se qualifie lui aussi. Par quelle magie a-t-il pu s'éloigner à ce point du bilan de François Hollande ? Lui qui a été le penseur et l'exécutant ministériel de la politique économique du Président sortant. Un plan média offert pendant des mois à la start up Macron, façon Sarko 2007. Une agilité sémantique et politique qui ont boosté une démarche opportuniste et bétonné une base citoyenne complexe, composite en un temps record. Il fut le seul à réunir autant de militants, 250 000 ! C'est aussi l'apport politique de François Bayrou qui lui aura permis de passer un vrai seuil et de créer un "néo-centrisme" très au delà de la barre des 20%. Un score historique sous la Veme République. Capacité stratégique, opportunisme tactique et soutien médiatique, Emmanuel Macron a su saisir « le moment particulier que l'on vit actuellement » comme le décrit très bien son ami Gaspard Gantzer, le conseiller de François Hollande.

Tout sauf Le Pen

Place au second tour désormais avec deux qualifiés qui pèsent à peine 45% des votes exprimés et une opposition de candidatures en rupture totale. La bataille semble jouée sauf si les nouveaux arrivants dans la sphère Macron la transforment en « Front Républicain » tout sauf Le Pen. Et peut-être encore davantage si les « surprises » de cette campagne continuent à éclore. Quel sera la prochaine cible du dégagisme ? La campagne pourrait alors être plus incertaine que prévue et surtout préparer un troisième tour législatif très agité et dangereux pour la gouvernabilité du pays. Et j'oubliais, François Hollande va sortir de son silence. En jeu !

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Commentaires 7
à écrit le 25/04/2017 à 16:16
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Je pense comme vous que le second tour est presque joué mais pas joué. Le jeu de la surprise que vous ressortez bien pourrait nous en livrer une ou deux pour cette finale !

à écrit le 25/04/2017 à 13:24
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Vous vous trompez sur un seul point : En Marche ! n'a pas réuni le plus de militants. Moitié moins que la France Insoumise. Mais trois fois plus de temps de parole dans les médias et infiniment plus de délicatesse à son encontre. Pour les gens n'ayan...

le 25/04/2017 à 16:11
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@Nic je veux bien admettre cette erreur. Pour le reste vous êtes dans le vrai et ok ca pose question pour la suite. Reste que je pense que la quille Macron pourrait être très vite une cible elle aussi du dégagisme !

à écrit le 25/04/2017 à 10:44
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On prend les mêmes et c’est reparti pour 5 ans. Mr Macron, c’est le plan B de Mr Holland. Mr Macron, ce sera tout pour les porte-feuilles et, en fin de compte, rien pour ceux qui sont en bas de l’échelle. Mr Macron, c’est ni plus ni moins que l...

le 25/04/2017 à 16:13
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Votre ras-le-bol ressemble à un bruit que j'entends monter depuis des semaines et des mois lors de mes déplacements partout en France et en Europe. Nous sommes très proche d'un carrefour politique.

à écrit le 25/04/2017 à 8:56
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Oui, les start-up sont importants dans ce 21eme siècle. Dans 10 ans (2 quinquennats), la France ne sera pas la même selon le gagnant de la présidentielle du 07 Mai prochain. On ne peut pas livrer la France à l’extrême droite qui inéluctablement appa...

à écrit le 24/04/2017 à 23:07
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Lost in translation ! Tout est possible ami JC ! Tout même le pire. Et que dire des législatives !

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