Vin anglais : les maëstrichtiens devront boire la coupe du Brexit jusqu'à la lie

OPINION. Le vin anglais s’émancipe du carcan des lois et règlements de l’Union européenne. Par Thierry Martin, écrivain, essayiste et Membre de la direction de l'association France-Grande-Bretagne
(Crédits : DR)

Décidément le vin a le vent en poupe en Angleterre, et la célèbre réplique de John Lennon des Beatles à qui on demandait ce qu'il pensait du rock français et qui répondit « et vous que pensez-vous du vin anglais ? » pourrait perdre de sa pertinente drôlerie.

En effet, alors que le changement climatique menacerait les vignobles du sud de l'Europe, bottoms up ! les viticulteurs anglais portent un toast au réchauffement climatique, car il améliore leurs vins et a contribué à faire revivre une tradition ancienne. C'est bien sûr le sud de l'Angleterre qui est concerné, le Kent, le Sussex Ouest et le Sussex Est. Never complain, les Anglais n'ont-ils pas toujours su saisir les opportunités ? Paul McCartney l'autre leader des Beatles vient de sortir aux côtés du batteur Ringo Star, un nouveau single des Beatles, chantée par John à l'aide de l'IA. Tous les quatre à nouveau réunis, Georges Harrison apparait sur le clip.

« Reforms »

Jusqu'ici, le Royaume-Uni avait conservé les lois européennes qui régissaient le commerce de l'Industrie viticole. Les modifications post-Brexit, wine : reforms to retained EU law publiées le 16 octobre dernier, vont faire souffler un vent de liberté à partir de l'année prochaine. Longtemps pays importateur, la Grande-Bretagne est désormais un pays producteur en pleine expansion : les vignes plantées début 2010 commencent à porter leurs fruits.

Domaine Simpsons (38 hectares, 250.000 bouteilles par an de chardonnay, pinot noir et pinot meunier) ou Balfour Winery pour ses rosés pétillants, ces châteaux du Kent et du Sussex commencent à faire parler d'eux. Sans oublier le Domaine Hugo, dans le Wiltshire (en biodynamie) ou le Westwell Wines, dans le Kent (en conversion bio). Un marché en expansion qui s'émancipe enfin des règles de l'UE, le bloc comme disent les Anglais.

En Europe, le « vin » est une boisson alcoolisée à base de raisin fermenté dont le degré est de 8,5 à 15%. Au Royaume-Uni, où l'excentricité est une spécificité conservatrice So british : sera désormais appelé vin, tous jus de raisin fermenté même en dessous de 8,5% d'alcool, voire sans alcool. Il y aura du vin sans alcool (appellation interdite aujourd'hui) comme il y a de la bière sans alcool.

Tablant sur le marketing écologique, ils valoriseront les déchets en commercialisant une boisson fabriquée à partir de marc, d'eau et de sucre faiblement alcoolisée (autour de 6°) qu'on appelait « piquette » en France où elle est interdite depuis 1907 même si certains vignerons français la refabriquent en douce pour l'offrir en cadeau. Bon, ce n'est pas parce que vous n'aimez pas qu'il faut en dégouter les autres. Innovations prévues côté packaging, bouchons moins gourmands en liège, suppression des coiffes en aluminium jugées polluantes.  Des distributeurs ont exigé une réduction du poids des bouteilles de 25% pour le marché anglais, pour réduire l'empreinte carbone liée au transport des bouteilles.

7.600 hectares de parcelles d'ici 2032

Last but not least la mention sur l'étiquette de l'origine du vin ne serait plus obligatoire, qu'il soit importé ou non. Même si le consommateur risque de la réclamer. Le marché restant l'arbitre in fine.

L'association Wines of Great Britain prévoit un développement à hauteur de 7.600 hectares de parcelles d'ici 2032. La production des 12,20 millions de bouteilles de l'année 2022 devrait atteindre 24,7 millions en 2032. Sur le plan de l'emploi, elle prévoit une croissance de 50% d'ici à 2025, avec l'embauche de 8.300 personnes.

À contrecourant de la décroissance de la vente de vin dans le monde, nouvel acteur dans la viticulture, secteur agricole qui connaît la plus forte croissance au Royaume-Uni, le vigneron anglais déjà connu pour ses excellents vins blancs effervescents, vous avez dit Champagne anglais ?

Of course not ; ils innovent désormais avec un encépagement adapté au goût international (chardonnay, pinot noir et meunier) ; côté rouge, les profils tendent paradoxalement à se rapprocher du goût bourguignon, le vin préféré des mousquetaires de Dumas, royaliste, catholique qu'on oppose à l'éthique protestante du Bordeaux produit dans les anciennes terres des Plantagenêts.

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Commentaires 4
à écrit le 26/02/2024 à 18:40
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Ce monsieur n'a pas compris à quel point le Brexit a endommagé les exportations britanniques, particulièrement de produits agricoles. J'ose espérer qu'il n'engage que lui-même et pas l'Association France-Grande-Bretagne qui se doit de rester à l'écar...

à écrit le 14/11/2023 à 8:37
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Notre rivalité légendaire entre anglais et français a propulsé nos deux pays à la tête des nations du monde durant des siècles, tout est bon dans notre relation avec ce pays qui heureusement en effet est fort différent du notre mais avec lequel nous ...

à écrit le 13/11/2023 à 22:59
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En fait, concrètement, ce Monsieur nous propose quoi ? De faire la même choses ? Chiche.... En fait, il suffirait d'appeler vin, toute boisson rougeâtre, rosâtre, blanchâtre, avec ou sans bulle. Avec ou sans sucre rajouté. Et mieux, avec ou sans r...

à écrit le 13/11/2023 à 18:05
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Les Anglais sont trop feignants pour produire du vin . L'Anglais est un bon buveur de bon vin. Ça lui suffit et au fond il n'a pas tort. Trop dur et aléatoire vigneron.

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