Voiture électrique « Made in France » : et si l'Hexagone avait les ressources nécessaires ?

OPINION. Alors que 2035, date de l'interdiction de la vente de véhicules thermiques sur le sol européen, approche à grands pas, le marché se tourne naturellement vers l'électrique pour assurer la transition écologique de la mobilité. Le Président de la République, Emmanuel Macron, a d'ailleurs annoncé vouloir accélérer la production de voitures électriques. Néanmoins, la majorité des ressources servant à la création d'une batterie électrique sont aujourd'hui importées de pays qui protègent leurs trésors et pour lesquelles les conditions d'extraction sont controversées alors que la France pourrait explorer ses sous-sols pour en extraire une partie. Par François Gatineau, Président de Mobileese.
(Crédits : DR)

On ne fait pas une voiture électrique sans métaux. Lors du dernier sommet réalisé par le Président de la République en 2023, plusieurs objectifs ont été dressés concernant le secteur de la mobilité électrique à savoir plus de 400.000 bornes de recharge publiques (10% des besoins) et la production de 2 millions de voitures électriques d'ici 2030. Pour ce faire, la France peut compter sur la présence de quatre gigafactories sur son territoire.

Si les mesures annoncées sont au service de la transition environnementale, la logique voudrait donc que les ressources servant à la production d'une voiture électrique soient le plus locales possible. Et pour construire la batterie ainsi que le reste d'une voiture électrique, plusieurs variétés de métaux sont nécessaires comme le cuivre, le lithium, le cobalt, le manganèse et le graphite par exemple. Des ressources que la France obtient très largement par importation, ce qui pose à la fois des problèmes stratégiques, industriels et économiques, sans compter l'impact sur les émissions CO2.

L'importation, une cause environnementale... et éthique

Deux ressources entrant dans la composition des batteries électriques sont au cœur des préoccupations à l'international : le lithium et le cobalt. Pour le premier, plus de 130 millions de tonnes ont été produites dans le monde en 2022. Parmi les sites d'excavation les plus importants, on retrouve l'Australie et l'Amérique du Sud qui représentent à elles seules trois quarts de la production de lithium pure. Pour le raffinage, c'est la Chine qui prend le relai et traite environ 60% de la production mondiale. Concernant le cobalt, c'est la République Démocratique du Congo qui décroche la première place avec 144 millions de tonnes produites en 2022.

Par principe, l'extraction minière et le traitement requièrent énormément de ressources, tant humaines que naturelles et chimiques. Finalement, l'importation ne rend l'opération que plus coûteuse et polluante. Et si l'exploitation d'une veine minérale peut provoquer des effets irréversibles sur l'environnement, cela suppose également des problèmes éthiques. En important notre cobalt de la République démocratique du Congo, on participe activement à la dégradation de la santé et de l'environnement des travailleurs congolais, sans compter le problème pour les enfants impliqués.

Importer, oui mais exploiter nos propres ressources, c'est mieux

Afin de réduire ses importations, la France peut compter sur deux grands sites potentiels de lithium, l'un dans le Massif Central et l'autre en Alsace, pour répondre à ses besoins. Le bureau national de recherches géologiques et minières (BRGM) estime que les réserves françaises s'évaluent à environ 320 millions de tonnes de lithium, soit l'une des plus importantes d'Europe. Pour le cobalt, le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) montre plus de réserve en recensant neuf sites de production avec la mine de Fanny, dans le Haut-Rhin, ne pouvant extraire que jusqu'à cinq tonnes. Mais la technologie de batterie sans Cobalt évolue vite et devrait mitiger ce sujet important.

Bien que le sous-sol français ne puisse pas répondre à tous les besoins en matière de production de véhicules électriques, l'exploitation de nos propres ressources reste une stratégie plus respectueuse de l'environnement. La réouverture de nos mines permettrait de créer des emplois et de dynamiser notre économie. D'autant que les pouvoirs publics souhaitent imposer des normes d'extraction et de traitement très élevées qui favorisent des expertises techniques et humaines plus approfondies. Bien qu'il soit encore nécessaire d'importer, il est toujours possible de privilégier les circuits proches avec notamment le Portugal, l'Espagne ou encore la Finlande qui ont également des sources de cobalt et de nickel.

S'il paraît impossible dans l'immédiat de produire une voiture électrique avec uniquement les ressources naturelles de notre territoire, faire une étude des sous-sols semble nécessaire pour connaître notre capacité de production. Maintenant que nous connaissons les conséquences humaines et environnementales qui se jouent chez les autres, il est peut-être temps de prendre nos responsabilité et notre part du problème en faisant de l'industrie française une puissance plus autonome, plus impliquée directement dans la maîtrise des émissions et en meilleure maîtrise de ses approvisionnements et de ses coûts.

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Commentaires 2
à écrit le 22/02/2024 à 14:44
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N'y-a-t-il pas une confusion entre milliers de tonnes (métal) et millions de tonnes (minerais) ? 130 millions de tonnes de lithium ou de minerai de lithium ?

à écrit le 21/02/2024 à 8:59
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Nous l'avons certainement mais nous n'avons pas les responsables nécessaires. Donnez leur une idée et ils en font une usine à gaz pour détourner l'argent public, générer du dumping social et remplir leurs paradis fiscaux ce qui mathématiquement paras...

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