Par définition dépendante du taux d'ensoleillement, l'énergie photovoltaïque est considérée comme une énergie intermittente, qui ne serait donc pas en mesure de répondre à l'ensemble de nos besoins énergétiques. Qu'en est-il ?
Effectivement, les panneaux photovoltaïques ne produisent de l'électricité que pendant la journée, et tant que nous ne serons pas en mesure de stocker cette électricité pour l'utiliser la nuit, ce qui arrivera bientôt, ils ne répondent pas à 100% des besoins. En revanche, ils produisent une électricité fiable, locale et décarbonée qui permet de réduire les factures de 30 à 85%, ce qui fait de l'énergie photovoltaïque une évidence tant écologique qu'économique. Dans le cas d'une famille qui part travailler pendant la journée, la réduction de la facture tourne autour de 30%, à condition de programmer les machines et le ballon d'eau chaude quand il fait jour. En revanche pour les entreprises, les industries, les bureaux et plus globalement tout le secteur tertiaire, la consommation électrique correspond aux heures d'ensoleillement, ce qui permet de réduire les factures de 50, 60, voire 80%. Dans les Hautes Alpes, nous avons par exemple installé 500 kilowatt-crête (kWc) sur le toit d'un gros entrepôt frigorifique, ce qui a généré 85% d'économie d'électricité !
C'est considérable. Quels types d'activité sont les plus concernés par ces économies liées au photovoltaïque ?
Dans tous les cas, les entreprises et les collectivités réduisent en moyenne leurs factures par deux. Pour monter à plus de 80%, il faut ajuster les courbes de production au plus près des courbes de consommation. Nous avons ainsi équipé des boulangeries industrielles qui ont simplement dû décaler l'allumage de leurs fours de quelques heures. Comme leurs chambres froides consomment surtout le jour, quand les portes s'ouvrent et se ferment, alors que la nuit l'inertie thermique prend le relais, l'optimisation a été évidente. On pourrait aussi très facilement réduire les factures des piscines de 80% en faisant tourner les pompes à chaleur le jour, ce qui permettraient d'alléger considérablement les budgets des collectivités. Évidemment, la situation est plus complexe quand l'entreprise n'a pas de foncier ou de toiture disponible, mais dans ce cas on peut installer les panneaux sur un autre bâtiment, dans un rayon maximal de 10 ou 20 km selon les zones et partager l'énergie selon le principe de l'autoconsommation collective. L'arbitrage se fait très facilement avec les compteurs Linky et à terme, cela permet tout de même d'amortir 20 à 40% de la facture....
Concrètement, combien coûte l'énergie photovoltaïque par rapport au prix du réseau aujourd'hui ?
Comme nous l'avons tous constaté l'an passé, le prix de l'énergie du réseau est très fluctuant, et on entend tout et son contraire sur son évolution. Pour faire simple, le prix du kWh nucléaire coûte environ 8 centimes à EDF, mais une fois qu'on y ajoute les taxes, les frais d'acheminement et tous les frais annexes, il est facturé entre 20 et 25 centimes aux consommateurs, voire 30 ou 40 centimes dans certains cas. Pour rappel, il coûtait moitié moins cher il y a 2 ans, et au début de la guerre en Ukraine certains fournisseurs l'ont facturé jusqu'à 80 centimes aux professionnels, les particuliers étant alors protégés par le bouclier tarifaire qui a bloqué les prix à 20 centimes. En comparaison, l'énergie photovoltaïque autoproduite coûte aujourd'hui entre 6 et 9 centimes (hors travaux de rénovation de toiture), après avoir aussi connu une légère hausse l'hiver dernier. Mais aujourd'hui le prix des panneaux est en baisse, l'Asie exportant des produits d'excellente qualité, répondant à des cahiers des charges écologiques rigoureux à des prix très compétitifs. L'électricité photovoltaïque autoproduite coûte donc environ 3 fois moins chère, et lorsqu'elle est produite en surplus elle est revendue à EDF au prix de 12 centimes pour les installations inférieures ou égales à 500 kWc.
Mais pour bénéficier de ces tarifs attractifs, déjà faut-il pouvoir investir dans l'installation de panneaux photovoltaïques, ce qui implique souvent des travaux de rénovation qui coûtent cher. Quelles sont les aides actuelles au financement ?
Il faut bien comprendre que l'autoconsommation photovoltaïque est un système vertueux et sain, qui fonctionne sans subvention et que les banques savent très bien accompagner. Comme de nombreux acteurs de la filière, notre entreprise, Silversun, propose ainsi des solutions avec et sans financement. Pour ceux qui ont les capitaux nécessaires, nous proposons des équipements clefs en main avec des taux de retour sur investissement calculés dès le départ. En moyenne il faut compter 6 ou 7 ans, mais parfois l'installation est rentabilisée en moins de 3 ans. Pour les autres, nous assurons l'intégralité du financement et nous revendons l'électricité au client à un prix constant très inférieur au prix de marché actuel ce qui lui permet non seulement de faire des économies et de participer à la décarbonation de l'énergie, mais aussi de prévoir ses factures d'énergie sur le long terme, ce qui sécurise ses budgets.
Comment imaginez-vous l'avenir de l'énergie photovoltaïque ?
Aujourd'hui, la filière est encore confrontée à des freins administratifs qu'il va impérativement falloir dépasser dans l'intérêt de tous. Nous avons des projets extrêmement vertueux, qui pourraient soutenir le dynamisme économique local mais qui sont refusés sous des prétextes très déroutants. C'est par exemple un bâtiment industriel qui a plus de 30 ans mais qui ne peut pas bénéficier d'une toiture photovoltaïque car il est à 500 mètres d'un bâtiment classé, ou un hangar agricole qui est situé dans une zone dont le PLU interdit les panneaux solaires alors qu'il est à 15km du village... Il va également falloir dépasser des légendes urbaines sur l'empreinte carbone et le recyclage des panneaux, et faire comprendre à l'opinion publique qu'un panneau à un payback carbone de moins de 3 ans pour une durée de vie de 30 ans, et qu'il se recycle à aujourd'hui à 98%... Le nouveau décret devrait faciliter le développement de projets, et je suis intimement convaincu que l'autoconsommation photovoltaïque va dans le sens de l'histoire car elle est à la fois vertueuse, logique et économique. Avec les nouvelles solutions de stockage qui devraient arriver d'ici quelques années, elle va naturellement s'imposer et on devrait voir se développer de nouveaux modèles d'autoconsommation collective qui vont améliorer le confort énergétique de millions de gens...
