En septembre dernier, EIT InnoEnergy a levé plus de 140 millions d'euros pour accélérer l'industrialisation des startups européennes engagées dans la décarbonation. Comment cela va-t-il vous permettre d'accélérer la transition énergétique ?
Grâce à nos nouveaux partenaires stratégiques, nous allons pouvoir frapper plus vite et plus fort pour concrétiser l'ambition européenne de neutralité carbone en 2050. En augmentant notre capacité d'investissement, nous allons doubler notre impact pour développer les startups et les gigafactories de demain. Depuis 12 ans, nous avons déjà accompagné 300 entreprises innovantes en les aidant à passer une à une toutes les étapes pour parvenir au stade de l'industrialisation. C'est essentiel, car en France, nous avons d'excellents chercheurs, d'excellents centres de recherches et d'excellentes universités, mais les brevets restent souvent dans les labos. À ce jour, nous comptons 200 startups dans notre portefeuille, qui devraient générer un chiffre d'affaires de 110 milliards d'euros et éviter l'émission de 2,1 milliards de tonnes équivalent carbone d'ici à 2030. Je pense par exemple à Mecaware, que nous avons découvert il y a 2 ans et qui vient de lever 40 millions d'euros pour développer le recyclage écologique des batteries en récupérant les métaux rares, ou à Heliup, qui propose des panneaux photovoltaïques ultra-légers qui devrait devenir une pépite française d'ici 2 ou 3 ans...
En tant qu'accélérateur de la décarbonation, EIT InnoEnergy est également à l'initiative de la création de plusieurs gigafactories dans le domaine de l'énergie...
Tout à fait, car nous avons fait le constat en 2017 qu'il y avait un trou dans la raquette et nous avons osé l'échelle giga ! Depuis, nous avons déjà accompagné une dizaine de gigafactories comme Verkor, qui produit des batteries bas-carbone pour les véhicules électriques, Holosolis, qui produira 10 millions de panneaux photovoltaïques par an ou encore GravitHy, qui produira bientôt de l'acier décarboné à partir d'hydrogène obtenu par électrolyse de l'eau, ce qui permettra d'éviter l'émission de 4 millions de tonnes équivalent carbone chaque année. En parallèle, nous fédérons les écosystèmes des « cleantechs » autour d'initiatives telles que l'Alliance Européenne des Batteries, le Centre Européen d'Accélération de d'Hydrogène Vert et l'Alliance Européenne de l'industrie solaire photovoltaïque. Nous développons aussi des formations académiques à travers la création de 5 masters en Europe et des formations professionnelles pour faciliter les reconversions.
Pensez-vous que l'Europe tiendra ses objectifs de neutralité carbone d'ici 2050 ?
Le chemin est encore long, mais la transition est déjà en cours et elle nous offre l'opportunité extraordinaire de construire le monde de demain, en créant des usines qui vont générer de l'emploi et de la richesse dans les territoires, ce qui va générer de plus en plus de fierté au niveau national. La décarbonation et la réindustrialisation sont de vrais parcours du combattant, mais les règles du jeu évoluent dans le bon sens grâce à l'union européenne et la loi Industrie Verte met à disposition 50 sites industriels « prêts à l'emploi » qui vont permettre d'accélérer les projets. Il faut oser se lancer dans l'aventure, mais la montagne n'est pas si haute à gravir, et si l'enjeu est énorme je pense qu'il ne faut pas avoir peur, mais avancer tous ensemble, avec conviction et détermination !
