Fisher Investments France partage son avis sur les rachats d’actions

Si une entreprise achète ses propres actions et les retire du marché, cela fait-il grimper son cours de Bourse ? Et si de nombreuses entreprises ont recours à ce procédé, appelé rachat d’actions, est-ce que cela peut faire grimper le marché actions dans son ensemble ? Selon certains des commentateurs financiers que nous suivons, les rachats d’actions sont actuellement l’un des rares facteurs porteurs pour les marchés, qui priveraient ces derniers de l’un de leurs principaux moteurs s’ils venaient à disparaître.
(Crédits : DR)

Les chiffres semblent leur donner raison. Par exemple, les banques européennes ont racheté pas moins de 4,75 milliards EUR de leurs propres actions cet été.[i] Au niveau mondial, les 1.200 plus grandes entreprises ont racheté pour 1.250 milliards EUR en 2022, soit 22 % de plus que l'année précédente.[ii] Néanmoins, l'avis de Fisher Investments France sur l'évolution historique des marchés montre que, si les rachats d'actions peuvent être un élément positif pour les actions, ils ont une influence limitée sur l'orientation des marchés (comme en témoigne l'année 2022, durant laquelle les marchés ont enregistré des performances négatives alors même que les rachats d'actions étaient en forte hausse).[iii]

Pourquoi les entreprises rachètent leurs actions, selon Fisher Investments France

Fisher Investments France observe que plusieurs raisons peuvent pousser les entreprises à opter pour le rachat d'actions. L'une d'entre elles est que cela permet de reverser de la liquidité aux actionnaires plutôt que de verser des dividendes. Au lieu de verser directement des dividendes à tous les actionnaires, les entreprises rachètent des actions pour les annuler. Ce faisant, elles restituent des fonds à leurs actionnaires, et pas uniquement en rémunérant ceux auxquels elle rachète des actions : il s'agit de consolider l'actionnariat restant de manière à ce que les bénéfices futurs soient répartis entre un nombre plus restreint d'actionnaires (qui auront droit chacun à une part plus importante de ces bénéfices).

Pourquoi une entreprise aurait-elle recours à cette méthode, qui semble plus compliquée que le versement d'un dividende en numéraire ? Aux États-Unis comme dans de nombreux pays d'Europe, les rachats d'actions peuvent bénéficier d'une fiscalité plus avantageuse que les dividendes, dès lors que l'impôt sur les plus-values est plus favorable que les taux appliqués aux revenus de dividendes.[iv] Ils peuvent également servir à compenser la rémunération en actions versée par les entreprises, évitant ainsi une augmentation du nombre d'actions en circulation par la dilution des participations des investisseurs.

En l'absence de rachats d'actions pour compenser les stock-options versées aux salariés, la valeur de l'entreprise serait répartie entre un plus grand nombre d'actions, réduisant ainsi la participation de chaque investisseur.

Le rôle de l'offre et de la demande

Fisher Investments France comprend pourquoi les rachats d'actions ont la réputation de faire grimper directement les cours de Bourse. Ces derniers évoluent en fonction de l'offre et de la demande d'actions. Or, les rachats d'actions réduisent le nombre de titres en circulation.

D'après la théorie économique élémentaire, lorsque l'offre diminue et que la demande reste stable ou augmente, les prix grimpent. Néanmoins, si l'on rapporte les rachats d'actions à l'offre totale, on comprend aisément que leur influence sur l'évolution des marchés est limitée. Par exemple, les 1.250 milliards EUR de rachats d'actions l'an dernier (record historique) ne représentent qu'environ 1,3 % de la capitalisation boursière mondiale.[v] À plus petite échelle, en Europe continentale, les entreprises ont dépensé près de 140 milliards EUR pour racheter leurs actions en 2022, ce qui ne représente toutefois que 1,4 % de la capitalisation boursière européenne en décembre 2022.[vi]

De l'avis de Fisher Investment France, il est peu probable que cette légère diminution du nombre d'actions en circulation fasse pencher la balance pour les actions, car il y a de nombreuses autres variables en jeu.

Quelques idées erronées sur les rachats d'actions

Par ailleurs, une augmentation des rachats d'actions n'implique pas une hausse des cours de Bourse, et inversement. En 2018 et en 2021, les rachats d'actions en Europe continentale sont respectivement passés de 68,8 à 92,5 milliards EUR et de 70,7 à 164,5 milliards EUR.[vii] Les actions européennes, quant à elles, ont sous-performé les marchés mondiaux ces deux années-là.[viii] D'autre part, les actions de la zone euro ont surperformé les actions mondiales en 2009 malgré une diminution des rachats d'actions dans l'UE.[ix]

Ce phénomène ne concerne pas seulement l'Europe. Prenons l'indice S&P 500 Buyback, qui suit la performance des 100 entreprises qui présentent le ratio de rachats d'actions le plus élevé parmi les entreprises de l'indice S&P 500 tournées vers les États-Unis.[x] En 2015, cet indice a cédé 6,9 %, tandis que le S&P 500 s'est adjugé 1,4 %.[xi] En revanche, le S&P 500 a terminé l'année 2020 en hausse de 18,4 % tandis que l'indice S&P 500 Buyback a progressé de 4,6 % seulement.[xii] De l'avis de Fisher Investment France, une augmentation des rachats d'actions n'implique pas nécessairement une hausse des cours de Bourse, pas plus qu'une diminution des rachats d'actions n'implique une baisse des cours.

Plutôt que de racheter leurs actions, les entreprises peuvent également choisir d'utiliser leur trésorerie d'une façon qui leur semble plus productive pour leur activité. Elles peuvent considérer que le versement de dividendes est une meilleure façon d'attirer les investisseurs. Elles peuvent également choisir de réinvestir leurs bénéfices dans leur activité dans l'espoir d'améliorer leurs bénéfices à long terme, par exemple en affectant davantage de capitaux à la recherche et au développement, à la modernisation de leurs installations et aux outils technologiques. Les grandes entreprises peuvent également consacrer leur trésorerie à des opérations de fusion-acquisition. D'après notre expérience, les investisseurs peuvent considérer que l'une ou l'autre de ces possibilités sert mieux les intérêts des actionnaires à long terme qu'un rachat d'actions.

Ce que Fisher Investments France pense des rachats d'actions

Même si Fisher Investment France tient compte des rachats d'actions dans son évaluation des fondamentaux du marché actions, nous pensons qu'il faut aussi prendre en compte tous les autres facteurs qui contribuent à l'offre et à la demande d'actions, et se demander dans quelle mesure les investisseurs semblent apprécier ces facteurs.

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Fisher Investments France est le nom commercial utilisé par Fisher Investments Luxembourg, Sàrl en France (« Fisher Investments Europe »). Fisher Investments Luxembourg, Sàrl est une société à responsabilité limitée constituée au Luxembourg sous le numéro B228486 opérant également sous le nom Fisher Investments Europe (« Fisher Investments Europe »). Son siège social est sis à l'adresse suivante : K2 Building, Forte 1, 2a rue Albert Borschette, Troisième étage, L-1246 Luxembourg. Fisher Investments Europe est agréée en tant que société d'investissement par la Commission de Surveillance du Secteur Financier (« CSSF ») et en tant qu'intermédiaire en assurance auprès du Commissariat aux Assurances (« CAA ») et de l'ORIAS (sous le numéro 2020CM004). La succursale française de Fisher Investments Europe est immatriculée au Registre du commerce et des sociétés de Paris sous le numéro 853 467 207. S'agissant de ses services de gestion de portefeuille discrétionnaire, Fisher Investments Europe externalise à ses sociétés apparentées une partie des fonctions quotidiennes de gestion de portefeuille, de conseil en investissement et de trading.

Ce document reflète les opinions générales de Fisher Investments Europe et ne doit pas être considéré comme une recommandation personnalisée ou comme un reflet de la performance obtenue par ses clients. Rien ne garantit que Fisher Investments Europe maintiendra ces opinions, qui sont susceptibles de changer à tout moment si de nouvelles informations ou analyses lui sont communiquées ou en cas de réévaluation de celles-ci. Les informations contenues dans le présent document ne constituent en aucun cas une recommandation ou une prévision quant à l'évolution des conditions de marché. Elles sont fournies à titre purement indicatif. La situation actuelle ou future des marchés peut différer considérablement de celle présentée ici. De plus, aucune garantie n'est donnée quant à l'exactitude des hypothèses formulées à des fins d'illustration dans le présent document.

[i] « European Banks Unleash $5 Billion in Buybacks on Rates Boost, » Steven Arons, Bloomberg, 28/07/2023. Consulté via Yahoo! News UK.

[ii] « Global Share Buybacks Surge to a Record $1.31 Trillion Almost Equalling Dividends », Janus Henderson, avril 2023.

[iii] Source : FactSet, au 04/10/2023. Affirmation basée sur la performance de l'indice MSCI World, dividendes nets réinvestis, du 31/12/2021 au 31/12/2022.

[iv] Source : US Tax Foundation, au 04/10/2023. Affirmation basée sur les taux d'imposition des plus-values et des dividendes en 2023 aux États-Unis et dans plusieurs pays d'Europe.

[v] Source : Note ii et World Federation of Exchanges, au 04/10/2023. Affirmation basée sur la capitalisation boursière des entreprises nationales cotées, décembre 2022. La capitalisation boursière est une mesure de la valeur d'une entreprise ou d'un indice, calculée en multipliant le cours de l'action en question par le nombre d'actions en circulation. Dans ce cas, il s'agit de la valeur combinée des entreprises cotées sur toutes les Bourses du monde.

[vi] Source : Note ii et Federation of European Stock Exchanges, au 16/10/2023. Affirmation basée sur les rachats d'actions en Europe hors Royaume-Uni en 2022, exprimés en pourcentage de la valeur combinée des entreprises cotées sur les 15 principales Bourses de valeurs européennes en décembre 2022.

[vii] Source : Note ii et FactSet, au 04/10/2023. Affirmation basée sur les rachats d'actions en Europe hors Royaume-Uni et sur la performance des indices MSCI World dividendes nets réinvestis et MSCI Europe ex UK en EUR, entre le 31/12/2017 et le 31/12/2022.

[viii] Ibid.

[ix] Source : FactSet, au 04/10/2023. Affirmation basée sur la performance des indices MSCI EU et MSCI World, dividendes nets réinvestis, en EUR, entre le 31/12/2008 et le 31/12/2009 et sur l'article « Short-Termism, Shareholder Payouts, and Investment in the EU », Jesse M. Fried et Charles C.Y. Wang, ECGI Working Paper Series in Law, février 2021.

[x] Le ratio de rachat d'actions est calculé en divisant les sommes qu'une entreprise consacre au rachat de ses actions par sa capitalisation boursière au début de la période de réalisation de ces rachats d'actions.

[xi] Source : FactSet et S&P Global, au 04/10/2023. Performance des indices S&P 500 et S&P 500 Buyback, du 31/12/2014 au 31/12/2020. Performance exprimée en dollars américains. Les fluctuations de change entre le dollar et l'euro peuvent faire varier le rendement d'un investissement à la hausse comme à la baisse.

[xii] Ibid.

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