Investir durablement pour l’avenir

Créé en 2017, le fond à impact STOA investit dans le développement d’infrastructures durables et résilientes dans les pays émergents. Dans le choix de ses opérations, STOA privilégie les partenariats à long terme et les projets utiles à l’amélioration des conditions de vie. Éclairage avec Marie-Laure Mazaud, directrice générale de STOA.

Pouvez-vous nous présenter STOA ?

STOA est une holding d'investissement créée par la Caisse des dépôts et l'Agence française de développement (AFD). Dotée de 600 millions d'euros en fonds propres, elle accompagne le développement des infrastructures à l'international en tant qu'actionnaire minoritaire actif et en soutien aux entreprises françaises et locales.

Nous intervenons dans cinq secteurs : l'énergie, les transports, l'environnement, les télécommunications et les services sociaux. STOA travaille dans 90 pays émergents, avec des contextes socio-économiques différents et des besoins divers, ce qui nécessite une adaptation constante. La moitié de nos investissements concernent l'Afrique, mais STOA est aussi présent en Amérique latine et en Asie.

Par ses investissements, STOA cherche aussi à avoir un effet de levier. Ainsi, un euro investi par notre fonds permet de mobiliser 15 euros qui proviennent d'autres investisseurs, de financeurs privés comme publics.



Comment sont choisis les projets dans lesquels STOA investit ?

En tant qu'actionnaire financier actif de long terme, nous devons répondre à plusieurs enjeux. La rentabilité des projets est un critère essentiel qui nous pousse à investir dans des opérations bancables. Nous sommes ainsi amenés à accompagner les autorités locales dans la définition de leurs besoins et la compatibilité des projets avec les transitions énergétiques, numériques ou territoriales. Il s'agit aussi de vérifier la soutenabilité budgétaire des projets financés : le remboursement des infrastructures doit se faire en maintenant des tarifs acceptables pour leurs utilisateurs. Pour cela, des mécanismes de garantie solides accompagnent les investissements.

En outre, les projets soutenus par STOA doivent avoir un impact réel et respecter trois critères. Le premier, l'accessibilité, contribue à répondre aux besoins des populations dans les pays soutenus. Il s'agit par exemple d'élargir l'accès à une énergie renouvelable ou encore de consolider le réseau de transports publics. Le deuxième, la fonctionnalité, garantit ces services à des prix abordables et compétitifs, afin d'accroître le niveau de vie des populations. Enfin, ces projets doivent avoir un impact positif sur le climat.



Dans quels types de projets investit STOA ?

Actuellement, nous avons une dizaine de projets en portefeuille et nous espérons atteindre la quinzaine d'ici la fin de l'année. Par nos investissements, notre mission principale est de répondre aux besoins des populations et de contribuer à l'amélioration de leurs conditions de vie. C'est pourquoi STOA sélectionne rigoureusement les projets proposés et finance en priorité des infrastructures résilientes et à fort impact pour le développement durable.

Concrètement d'ici fin 2024, STOA s'est engagé à financer une production de 1500 mégawatt/MW d'énergies renouvelables, soit l'équivalent de l'alimentation en électricité de quatre millions de personnes. Nous veillons aussi à ce que 50% des projets que nous soutenons soient à co-bénéfice climat. D'ici fin 2024 toujours, les projets financés devront permettre de réduire de deux millions de tonnes d'équivalent CO2 par an les émissions de gaz à effet de serre.



Pouvez-vous donner quelques exemples de projets financés par STOA?

Les deux tiers de nos projets concernent le développement de capacités de production d'électricité à partir d'énergies renouvelables. Dans ce domaine, STOA vient de consolider son partenariat avec Voltalia par une prise de participation de 33% au capital d'un projet de ferme solaire de 320 MW au Brésil. Dans ce pays, nous avions déjà investi dans la centrale éolienne de Ventos Serra Do Mel III de 152 MW. Au total, ces deux projets permettront à près de 540 000 personnes d'être desservies en électricité. Le temps de leur mise en œuvre, ces projets vont aussi générer quelques 4 000 emplois directs et indirects.

En Afrique subsaharienne, nous finalisons un soutien financier à une plateforme dédiée à l'investissement, le développement et l'exploitation d'énergies renouvelables. Il s'agit principalement de faciliter la construction de sites de production d'énergie hydraulique et solaire de taille moyenne (entre 5 et 50 MW), connectés au réseau électrique.

Depuis 2018, STOA a aussi investi dans la construction d'un barrage hydroélectrique à Nachtigal, au Cameroun. D'ici 2024, cette infrastructure d'ampleur fournira 30% de la production électrique de base du pays, à des prix très compétitifs.



L'un des leitmotivs de STOA est d'investir dans des projets qui améliorent le quotidien des populations.

L'amélioration des conditions de vie est effectivement l'un des fils d'Ariane de nos investissements. Outre l'énergie, STOA participe à des projets de mobilité urbaine. C'est le cas à Sao Paulo au Brésil, avec la construction de la ligne 6 du métro, pour un investissement total de 2,7 milliards d'euros. Cette nouvelle ligne, le plus gros projet de développement signé en Amérique latine en 2020, va permettre de relier les quartiers d'affaires et les universités aux zones d'habitations.

Nous travaillons également à l'amélioration de la connectivité internet et mobile, l'idée étant de réduire la fracture numérique qui touche une partie de la population mondiale. Dans ce secteur, STOA investit dans le projet Metro Fibre Networx, un réseau de fibre qui permet de connecter les consommateurs et les entreprises au haut débit en Afrique du Sud. Pour les populations plus modestes, nous contribuons également au développement d'une offre dédiée aux townships.



Quelles sont les tendances de votre marché ?

Les besoins en infrastructures des pays émergents sont conséquents. Rien qu'en Afrique par exemple, ils sont chiffrés à 150 milliards d'euros par an sans qu'il n'y ait forcément de projets d'investissements. Alors qu'en parallèle, les liquidités sont importantes et peuvent être investies dans cette classe d'actifs globalement sous-représentée dans les fonds et chez les acteurs institutionnels. Dans cette optique, il est important d'initier des projets de développement aux côtés d'acteurs industriels par exemple, en partageant les risques liés à leur définition, analyse et structuration pour les rendre finançables.

Côté politique, il est impératif d'accompagner les décideurs de demain et de former la jeune génération. C'est elle qui assure la pérennité de ces projets qui s'inscrivent dans un temps long, parfois peu compatible avec les agendas politiques. Face à ces goulots d'étranglement, on constate le développement de projets privés, notamment dans l'accès et le stockage de l'énergie, et STOA prend déjà sa place dans ces programmes.

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