Les euro-obligations progressent... dans les esprits

La Commission européenne planche sur un projet d'eurobonds pour financer les infrastructures, en attendant un marché européen de la dette.
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Michel Barnier est revenu mercredi sur les ondes de BFM sur le sujet récurrent des euro-obligations. C'est une « bonne idée » mais « ce n'est pas forcément le moment », a dit le commissaire au Marché intérieur. Lundi, son homologue chargé des Affaires économiques et monétaires, Olli Rehn, a confirmé devant le Parlement que la Commission européenne ferait « dans un proche avenir... un rapport sur les alternatives et questions techniques en vue d'un projet d'eurobonds ». Cette prudence s'explique par l'opposition tant française qu'allemande à une mutualisation de la dette publique au-delà de ce qui est fait dans le cadre du Fonds de stabilité financière, lequel sera doté à terme de 500 milliards d'euros.

« Je peux comprendre cette prudence pour des raisons d'opportunité politique. Mais il y a aussi l'opportunité économique : sans une certaine communautarisation de la dette, il n'est pas sûr que l'on réussisse le sauvetage de la zone euro », juge l'eurodéputée Sylvie Goulard, qui milite pour que les travaux sur un marché européen de la dette avancent plus rapidement.

Marché plus volumineux

Jusqu'à présent, la Commission a contourné l'hostilité des grands États en avançant sur un terrain voisin : les « project bonds ». Ces émissions estampillées « Union européenne » viseraient à financer des projets d'infrastructure d'ici 2020, estimés de 1.500 à 2.000 milliards d'euros.

Les eurobonds, eux, visent le financement des budgets nationaux dans la zone euro. Ils formeraient un marché plus volumineux. Ainsi, le projet de « blue bonds », qui couvriraient les dettes publiques de la zone dans la limite de 60 % du PIB, a un volume potentiel de plus de 5.000 milliards d'euros. Le gain de liquidité induit par la taille du marché permettrait de compenser en partie le « surcoût » supporté par les pays qui se financent au taux le plus bas. Mais une telle communautarisation du financement « exige plus de discipline fiscale et un pas en avant dans l'intégration politique afin de garantir un contrôle démocratique » sur les ressources, note Sylvie Goulard. Or ce n'est pas dans l'optique de Berlin et Paris.

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