L'immobilier en vedette à Patrimonia

Entretien avec Jean-Marc Bourmault, organisateur de cette 18ème édition de Patrimonia. Témoin privilégié du monde de la gestion de patrimoine, il nous livre son analyse du contexte actuel et évoque la place qu'occupe l'immobilier dans les stratégies patrimoniales.
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Les marchés financiers sont sous pression. Quelle est votre analyse?
La remontée récente des cours pourrait n'être qu'un faux rebond. Il ne faut pas se fier aux indices boursiers, mais aux indices de volatilité, et observer les écarts durant une séance : les amplitudes de variations violentes cet été, alors que l'on venait d'interdire les ventes à découvert sur les bancaires et les volumes de transactions importants pour un mois d'août attestent la gravité de la crise. Un contrat de liquidité d'une banque de détail a dû être signé avec un établissement spécialisé. C'est exceptionnel : normalement, un tel contrat concerne une valeur moyenne. Cela ne veut pas dire que la banque a un problème de liquidités. Mais ils envisagent tout de même d'en avoir un.


Quelles sont les solutions ?
Les politiques ont peur des marchés parce qu'ils ne les comprennent pas. Leur discours est soit inapplicable, soit difficile à mettre en ?uvre. La réunion européenne du 21 juillet a ainsi débouché sur des solutions inapplicables, car elles devront être ratifiées par tous les Parlements. La crise de la dette américaine n'est pas davantage réglée. Dans les deux cas, il faudrait pourtant augmenter les impôts et réduire les dépenses publiques. Or 2012 est une année électorale aux États-Unis et en France : les politiques ne prendront donc pas de risques.
La zone euro est aussi au c?ur des interrogations...
Il existe trois Europe : une zone non euro, une Europe du Sud et une Europe du Nord, reste à savoir où se trouve notre pays. Si nous avions une politique économique commune, nous aurions peut-être une possibilité de mettre en place une structure de mutualisation de la dette avec des eurobonds, mais tel n'est pas le cas pour le moment. Le danger aujourd'hui est une remise en cause de l'Europe sociale et, pourtant, il faudra prendre des décisions pour réduire nos dépenses.


Autre sujet d'actualité : la fiscalité. Quelle stratégie faut-il mettre en place ?
Il serait bon de cesser de modifier la fiscalité tout le temps. Je reste partisan d'une harmonisation fiscale qui passera par de nouveaux coups de rabot. Sinon, à long terme, nous rencontrerons des difficultés préjudiciables à la construction d'une Europe conquérante et présente dans tous les compartiments de la mondialisation. Les Allemands ont vingt ans de rigueur derrière eux. Mais aujourd'hui, ils exportent, ont un endettement acceptable et une industrie solide. En France, le laxisme des années 1980 se paie aujourd'hui. Il faut raboter les niches les plus abritées.


Enfin, l'immobilier sera aussi en vedette à Patrimonia : pourquoi ?
Il serait temps que l'on n'aborde plus l'immobilier par son côté défiscalisant, mais par sa fonction économique. Il permet d'abord à une famille - ou à une entreprise - de s'abriter. Il joue aussi un rôle majeur dans les transmissions de patrimoine. Il a donc un vrai rôle économique : la fiscalité n'est que la cerise sur le gâteau. J'ai donc voulu organiser cette conférence car l'immobilier, c'est 60 % du patrimoine des Français... mais 20 % de l'activité des conseillers en gestion de patrimoine.

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