CEFA Aviation forme les pilotes de ligne en vidéo

L'entreprise colmarienne CEFA Aviation a mis au point un logiciel d'animation des données de vol destiné à l'aviation civile. Les données récupérées dans les enregistreurs sont livrées au pilote, peu après l'atterrissage, sous forme de video. Objectif : transformer chaque vol en opportunité de formation.
Semblable à un jeu sur simulateur, l'interface d'AMS (Aviation Mobile Services) permet au pilote de revivre, quelques minutes après l'atterrissage, des phases significatives relatives au vol qui vient de se terminer. L'ensemble est présenté sous forme ludique, avec une vue panoramique du cockpit et une synthèse des principaux instruments.
Semblable à un jeu sur simulateur, l'interface d'AMS (Aviation Mobile Services) permet au pilote de revivre, quelques minutes après l'atterrissage, des phases significatives relatives au vol qui vient de se terminer. L'ensemble est présenté sous forme ludique, avec une vue panoramique du cockpit et une synthèse des principaux instruments. (Crédits : CEFA Aviation)

L'exploitation des données de vol enregistrées dans les "boîtes noires" des avions civils n'est pas l'apanage de la justice et des bureaux d'enquête. Récupérées en cas d'accident, ces données peuvent aussi servir quand un vol s'est déroulé sans incident majeur, à des fins de formation des pilotes. L'entreprise colmarienne CEFA Aviation a mis au point un logiciel qui les restitue sous forme de vidéos. Semblable à un jeu sur simulateur, l'interface d'AMS (Aviation Mobile Services) permet au pilote de revivre, quelques minutes après l'atterrissage, des phases significatives relatives au vol qui vient de se terminer. L'ensemble est présenté sous forme ludique, avec une vue panoramique du cockpit et une synthèse des principaux instruments. Les conditions météorologiques et l'environnement géographique des aéroports sont reproduits de façon réaliste.

Le modèle économique du logiciel AMS est construit sur des contrats avec les compagnies aériennes. Celles-ci fournissent à leurs pilotes des clés d'accès anonyme à leurs videos. Quelques minutes après l'atterrissage, les films de 7 minutes sont fournis en streaming, prêts à être visionnées sur une tablette. Ce support matériel facilite le debriefing, parfois subjectif, entre le pilote et son co-pilote. "L'objectif est simple : chaque situation de vol peut être transformée en opportunité de formation", résume Dominique Mineo, président, fondateur et actionnaire (99 %) de CEFA Aviation.

3.000 pilotes de la compagnie japonaise ANA ont testé l'appli

Cette offre de formation in situ s'inscrit en rupture avec les méthodes en cours dans le transport aérien, où les pilotes doivent s'entraîner régulièrement sur des simulateurs de vol. L'année dernière, la compagnie japonaise ANA (All Nippon Airways) a testé l'application AMS auprès de 3.000 pilotes.

"Les videos ont été téléchargées par dizaines de milliers", affirme Dominique Mineo.

Des contacts commerciaux ont déjà été établis dans 36 pays sur une version antérieure du logiciel d'animation, réservée à l'entraînement périodique des pilotes et aux analyses d'incidents. "Chaque compagnie possède son propre format d'enregistrement des boîtes noires, le Flight Data Monitoring. Nous sommes prêts à rendre lisibles ces données sur tous les types d'avions", annonce Dominique Mineo. Le logiciel est déjà disponible pour une sélection de turbopropulseurs (ATR 42/72, Dash 8) et pour les appareils moyen ou long-courrier les plus courants, tels que les Airbus A320 Neo et A350 ou les Boeing 737 MAX et 787. En 2017, la société a réalisé un chiffre d'affaires de 2,5 millions d'euros, dont plus de 95 % à l'export. Avec 11 salariés, elle s'attend à une forte accélération commerciale.

L'origine du projet de CEFA Aviation remonte à la fin des années 1990. Après six ans dans l'armée de l'air, en charge de l'exploitation des systèmes électroniques des Mirage III sur une base aérienne en Alsace, Dominique Mineo a été recruté par la compagnie aérienne Crossair. Cette filiale régionale de Swiss exploitait une flotte de turbopropulseurs Saab 340. Dominique Mineo, ingénieur en informatique, y a mis au point la première version de son logiciel d'animation. Fondée en 2000, la société CEFA Aviation a élargi son savoir-faire lors du procès à Colmar, en 2006, de la catastrophe aérienne du mont Sainte-Odile. Quatorze ans plus tôt, le crash de l'Airbus A320 d'Air Inter avait fait 87 morts. Intervenant en tant qu'expert, Dominique Mineo a fourni à la justice une reconstitution video des derniers instants de ce vol. "Ce fut une première", se souvient-il.

Changement de l'actionnariat et promesse de forte rentabilité

Avant d'entamer son virage vers la formation, CEFA Aviation vient de se séparer de ses actionnaires minoritaires, des business angels locaux et le fonds régional d'investissement Sodiv. A 52 ans, Dominique Mineo se retrouve seul aux commandes.

"Dans l'actionnariat, on est trop souvent à la recherche du consensus. En agissant seul, j'ai un meilleur feeling pour lancer mon nouveau produit", parie-t-il. "Le logiciel AMS, c'est de l'hyper-croissance. La rentabilité de l'entreprise va s'établir entre 30% et 40%", a prévu Dominique Mineo.

Pour soutenir sa croissance, CEFA Aviation s'apprête à recruter quatre ingénieurs. Reste à transformer les clients historiques (Qantas, American Airlines, Southwest...) en utilisateurs du nouveau logiciel de formation. L'entreprise pourrait aussi envisager une diversification dans d'autres moyens de transport, les bateaux ou les trains à grande vitesse. "Pour l'instant, nous voulons nous concentrer sur l'aéronautique", sourit Dominique Mineo.

Par Olivier Mirguet,
correspondant Grand Est pour La Tribune

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