
Imiter le temps qui passe, soit 86.400 secondes dans une journée. Tel est le défi des horlogers ! Un métier, ou plutôt des métiers aux savoir-faire complexes et minutieux. « Cette inscription au patrimoine immatériel de l'Unesco renvoie curieusement à une réalité très concrète de compétences, de formations, de transmission de savoir-faire, de musées, de manufactures, d'innovation et d'invention », remarque Anne Vignot, maire de Besançon. C'est une reconnaissance internationale pour tous les acteurs du berceau de l'horlogerie.
Toute une filière héberge encore l'essentiel de la production horlogère des deux pays sur ce large territoire. Une candidature bi-nationale - c'est assez rare pour le noter - qui avait été portée en premier lieu par la Suisse, mais qui s'est rapidement élargie sur le territoire de la Franche-Comté, au regard de la dynamique économique qui lie la Franche-Comté et la Suisse. « Il était important de faire connaitre cette expertise historique qui s'étend sur nos deux pays », souligne Anne Vignot. Une zone de chalandise démarquée par « l'arc jurassien », entre Besançon et Morteau dans le Doubs (25), La Chaux-de-Fonds et Genève, en Suisse.
80% de la filière française
L'industrie horlogère franc-comtoise concentre 80% de la filière française. Elle se compose d'une cinquantaine de PME, dont une quinzaine spécialisée dans la montre mécanique, ainsi qu'un certain nombre d'artisans indépendants (horlogers complets et restaurateurs). Toutefois, aucune ne dépassent les 250 salariés. En 2017, elles employaient 874 personnes, contre 30.491 côté Suisse, selon les chiffres de l'Observatoire Statistique Frontalier de l'Arc Jurassien. « La France est dans une relation de dépendance vis-à-vis de la Suisse dans le secteur horloger, et c'est déjà une belle performance pour elle d'avoir pu s'accrocher à la candidature Unesco », tranche Laurent Sage, directeur des études économiques et territoriales de la CCI du Doubs. La plupart des acteurs français opèrent comme sous-traitants des fabricants suisses, dont ils assurent également une partie du SAV. Certaines marques accomplissent la prouesse de rester françaises. Des petits poucets qui essayent de se faire une place face à l'ogre suisse.
Pequignet : le luxe horloger à la française
« Nous achetons nos pièces de mouvements uniquement à des fournisseurs locaux, dans un rayon de 80 kilomètres en France et en Suisse », assure Dani Royer, l'un des quatre associés du fabricant de montres Pequignet, installé à Morteau et labellisé Entreprise Vivante du Patrimoine (EPV). Cette position conforte le label Unesco accordé à un territoire transfrontalier. « Nous avons la volonté de développer davantage de partenariats en France afin de réacquérir des savoirs faire et des connaissances car certains composants comme le balancier ont disparu du marché français. Il en reste un ou deux en Suisse », poursuit-il.
Pequignet, qui emploie 20 salariés et réalise un chiffre d'affaires de l'ordre de deux millions d'euros, est la seule manufacture à proposer encore un mécanisme...
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