OnDijon : la smart city à l’échelle de la métropole

Depuis sa création en 2019, l’hyperviseur OnDijon accueille chaque semaine des délégations du monde entier qui viennent s’inspirer de son modèle unique. Et pourtant, c’est encore un projet invisible pour le citoyen… Encore quelques mois avant de découvrir le nouveau visage de cette ville intelligente, via une application dédiée.
(Crédits : Amandine IBLED)

« À l'automne prochain, nous allons potentiellement passer de 1000 appels par jour à 200 000 smartphones en temps réel via l'application ! Cela ne veut pas dire qu'il y a aura forcément une montée en puissance des signalements, mais nous offrons aux citoyens, un accès plus large aux services, en temps réel », précise Denis Hameau, conseiller municipal délégué à l'enseignement supérieur et à l'innovation, chargé du projet OnDijon. Toutefois, « On ne passe pas de la clé à molette à la tablette, en un clin d'oeil », souligne-t-il. Depuis 2019, la métropole opère un travail de l'ombre en testant le dispositif - plus de 450 procédures à valider - et en formant ses agents sur le terrain.  45 emplois directs ont ainsi été créés.

De quel dispositif parle-t-on ? Un poste de commandement unique aménagé sur un espace de 1200 m2, qui regroupe en un seul lieu une cinquantaine de personnes issues de cinq domaines de supervision autrefois cloisonnés : police, vidéosurveillance, sécurité, circulation et neige. Cet hyperviseur est la brique principale d'OnDijon, le plus important chantier smart city lancé en France, avec 105 millions d'euros d'investissements et de maintenance sur douze ans. 23 communes sont concernées, là où la plupart des projets de villes connectées ne concernent qu'un seul quartier. Le modèle de la capitale bourguignonne n'existe nulle part ailleurs. « Nous sommes allés voir dans le monde les meilleures pratiques et nous en avons tiré notre propre recette », explique Denis Hameau. Après trois ans de réflexion autour des besoins et une phase d'appel d'offres, la métropole s'est associée à un groupement d'entreprises pour réaliser son projet de ville futuriste. Bouygues Énergies & Services, mandataire du groupement, a assuré le pilotage global des opérations. Citelum, filiale d'EDF, a apporté son expertise de l'éclairage public. Suez a conçu et intégré le nouveau système urbain. Capgemini a développé la plateforme de monitoring urbain du poste de pilotage connecté, indispensable pour disposer en temps réel d'une vision consolidée de tout ce qui se passe sur le terrain. « Nous avons agi en priorité sur les infrastructures, notamment sur l'éclairage public qui peut être adapté à la fréquence de passage des véhicules et à l'usage des citoyens », précise Denis Hameau. À horizon 2030, 34 000 points lumineux seront remplacés par des LED connectées. Objectifs : atteindre 65% d'économie d'énergie à la fin du contrat.

À horizon 2030, 34 000 points lumineux seront remplacés par des LED connectées.

Un processus de démocratie participative

Une fois les infrastructures en place, les habitants seront les premiers bénéficiaires de ce projet grâce à des services publics plus efficaces et mieux coordonnés. « La métropole ne devient pas « intelligente » en se dotant de capteurs. Dans ce projet, nous avons avant tout souhaité répondre aux nouveaux besoins et usages des citoyens en rendant plus efficaces les services publics existants grâce aux outils numériques », explique François Rebsamen, maire de Dijon et président de Dijon métropole.

Dès l'automne prochain, depuis son smartphone, le citoyen pourra, via l'application OnDijon, signaler un problème sur la voie publique (éclairages en panne, encombrants sur le trottoir, trous dans la chaussée, dégradation de mobilier urbain, stationnement gênant, propreté...), gérer ses demandes administratives ou encore optimiser ses déplacements dans la métropole. « L'idée est de construire une ville d'avenir inclusive », souligne Denis Hameau.

« On ne passe pas de la clé à molette à la tablette, en un clin d’oeil »,

Prochaine étape : un data lab métropolitain

Les données numériques sont fiables et récupérées en temps réel des opérateurs, des équipements et des services (mobilité, propreté, sécurité). Grâce à l'open data, la collectivité souhaite stimuler et renforcer l'écosystème numérique local mais également devenir avec la création future d'un linving Lab, un terrain d'expérimentation pour inventer la métropole de demain.

« Nous ne sommes ni les États-Unis, qui dit donnez-nous vos données, on s'occupe de tout, c'est du business ! Ni la Chine, qui dit vous n'aurez plus de liberté, mais serez tellement bien en sécurité. Nous sommes sur un modèle intermédiaire », souligne Denis Hameau.

« L'idée est de se donner des garanties afin que la technologie facilite la vie des citoyens tout en gardant leur liberté », poursuit-il. L'élu précise que la CNIL a par ailleurs procédé à un contrôle récemment et donné quelques recommandations sur la gestion des données. La prochaine étape est d'aller vers un data lab métropolitain dans lequel la métropole aura la capacité à mobiliser les données qui l'intéresse.

« Ce sont des choses simples finalement telle que la gestion de l'eau ou des déchets, mais qui vont permettre d'ajuster les dispositifs pour faire des économies à l'échelle de la métropole », précise Denis Hameau.

La salle de gestion de crise

Un accélérateur d'innovation et de développement territorial

Convaincue que la gestion des données est au cœur des nouvelles missions de service public des collectivités, Dijon métropole mène une politique volontariste en matière d'open data. Le data Lab aura pour vocation d'imaginer un nouveau service public, avec la participation du personnel, dans chaque commune, quelle que soit leur taille, en fonction des besoins des citoyens. Les agents eux-mêmes sur le terrain pourront signaler des incohérences dans les process et même proposer des solutions afin d'optimiser les services.

« Cela valorise leur travail et nous décideurs élus, cela nous donne des indicateurs pour prendre les bonnes décisions mais aussi faire un retour aux citoyens », souligne Denis Hameau.

Une chaire universitaire unique en France dédiée à la « smart City » et gouvernance de la donnée » a été créée en mars 2019 à l'université de Bourgogne. Elle doit permettre de mieux comprendre les enjeux du numérique et des données grâce au travail en commun des acteurs du territoire.

Cet écosystème autour de la smart city inspire aussi le monde économique. « Mieux connaître les usages par rapport aux données permet de mieux développer son activité », remarque Denis Hameau. Par exemple, pour le secteur du bâtiment, pourquoi ne pas imaginer « un jumeau numérique de la ville » ?

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