Agriloops : une ferme aquaponique en eau salée à Rennes en 2020

La startup installée à Rennes souhaite produire des crevettes haut de gamme, non congelées et élevées dans une démarche durable. Agriloops est en levée de fonds jusqu'en juillet pour produire son premier prototype d'aquaponie en eau salée, avant un passage à la phase industrielle en 2020.
Selon Agriloops, la production d'une crevette éco-responsable, locale et distribuée en circuit-court, alliée à celle de légumes que l'eau salée rend plus goûtus, est légitimée par les caractéristiques du marché de la crevette. 80% de la production provient d'Amérique Centrale et du Sud-Est, avec l'empreinte carbone que l'on devine, et une congélation nécessaire pendant le transport.
Selon Agriloops, la production d'une crevette éco-responsable, locale et distribuée en circuit-court, alliée à celle de légumes que l'eau salée rend plus goûtus, est légitimée par les caractéristiques du marché de la crevette. 80% de la production provient d'Amérique Centrale et du Sud-Est, avec l'empreinte carbone que l'on devine, et une congélation nécessaire pendant le transport. (Crédits : Shuttershock)

Les carpes et les tomates font bon ménage, les saumons et les plantes aromatique filent le parfait amour. A l'heure de l'intégration de l'agriculture dans les villes, on parle de plus en plus de l'aquaponie. Ce système durable, qui allie aquaculture et culture maraîchère, fait des émules. A Rennes, Agriloops cherche à innover en développant, en eau salée et non plus en eau douce, une production de crevettes haut de gamme. A savoir : élevées en France , donc transportées sans aucune congélation, avec du goût, de la durabilité et un objectif zéro antibiotiques ! Pour les Français amateurs de crevettes, qui consomment 120.000 tonnes par an, la recette aquaponique de cette jeune pousse fondée en région parisienne en juin 2016 par les ingénieurs agronomes Romain Vandame et Jérémie Cognard, est alléchante. Pour installer un premier prototype de ferme, ils ont lancé une levée de fonds de 500 .000 euros sur le site Sowefund.

« Nous avons déjà atteint notre minimum de 350.000 euros. Le financement participatif est ouvert jusqu'en juillet mais nous discutons en parallèle avec d'autres acteurs du capital risque et des family offices..., fait savoir Jérémie Cognard, directeur général. Après la réussite de notre preuve de concept en laboratoire, nous souhaitons passer à l'étape suivante et produire au sein de notre premier prototype de fermes. Cette levée doit permettre de finaliser notre démarche, recruter trois personnes en R&D en septembre, et produire suffisamment de volume pour valider notre modèle. En combinant une solution d'élevage de poissons et de crustacés à une activité maraîchère de tomates cerise et de mesclun de la mer (huître potagère, salicorne, plantin) l'ambition d'Agriloops est de développer une production plus saine, plus respectueuse de l'environnement, plus proche du consommateur. Depuis 2016, toute notre réflexion porte sur comment produire différemment et en introduisant de nouvelles méthodes de production. »

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[Les deux confondateurs de la startup, tous deux ingénieurs agronomes, Jérémie Cognard, directeur général (à g.), et Romain Vandame, directeur technique. Crédit : DR ]

Alternative durable au marché de la crevette

Le principe de l'aquaponie, technique qui permet de produire des poissons et des crustacés en utilisant un seul intrant biologique et en recyclant les déchets animaux pour fertiliser les légumes, a donc séduit les cofondateurs d'Agriloops. D'abord hébergée à l'incubateur technique d'AgroParisTech, où elle a effectué sa preuve de concept en milieu salé en septembre 2017 et incubée à Agoranov à Paris, la jeune entreprise a déménagé fin 2017 à Rennes pour rejoindre l'Agrocampus. La startup y est dotée de 80 mètres carrés de laboratoire et d'un terrain de 100 mètres carrés pour construire son prototype. Agriloops est également soutenue par la Station biologique de Roscoff qui fournira les premiers juvéniles.

Si la partie aquacole du projet est plus coûteuse, la production en eau salée permet d'aller vers des espèces dont la valeur ajoutée est supérieure à celle d'un poisson élevé en eau douce. Selon Agriloops, la production d'une crevette éco-responsable, locale et distribuée en circuit-court, alliée à celle de légumes que l'eau salée rend plus goûtus, est légitimée par les caractéristiques du marché de la crevette. 80% de la production provient d'Amérique Centrale et du Sud-Est, avec l'empreinte carbone que l'on devine, et une congélation nécessaire pendant le transport.

Première ferme industrielle en 2020

« L'aquaculture de crevettes a aussi un fort impact environnemental puisqu'on estime que 1,5 million d'hectares de mangroves ont été détruits notamment en Indonésie. Malgré la concurrence en Europe sur la crevettte ultra-fraîche, il y a donc un marché pour une production de niche qui maîtrise l'intégralité de sa chaîne » assure Jérémie Cognard.

Le projet industriel d'Agriloops nécessite encore deux ans de gestation, mais l'entreprise prévoit qu'en 2020 sa première ferme, installée dans la région de Rennes, pourra générer son premier chiffre d'affaires grâce à une production de 20 tonnes de crevettes de 30 grammes (gambas) et de 40 tonnes de légumes. Dans un premier temps, Agriloops, qui pourrait compter 22 collaborateurs dans deux ans, vise une clientèle de professionnels à l'échelle régionale et nationale, restaurateurs, poissonneries, épiceries fines. Sa deuxième ferme se tournera plutôt vers les grossistes. Côté prix, la crevette rennaise se vendra un peu plus cher que la crevette bio de Madagascar (plus de 40 € au kilo). A terme, Agriloops n'exclut pas de développer d'autres espèces aquacoles comme le bar ou la dorade.

Dans l'immédiat, la jeune pousse intéresse le petit monde de la Foodtech en France mais aussi de l'écologie et du développement durable. En mars, elle a remporté le prix de l'innovation William Saurin et vient de recevoir le prix Eau et biodiversité de Crisalide Eco-activités.

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Commentaires 3
à écrit le 06/03/2019 à 7:45
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Les tomates sont plutôt gourmandes en nutriments et les crevettes génèrent peu de déchets, je suppose que pour des ingénieurs ils ont tout prévu... Le sel ne va-t-il pas endommager les racines des plantes? En tout cas si les tomates ne mûrissent ...

à écrit le 26/05/2018 à 9:27
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Très bonne initiative. En gros la "tendance" est un gros doigt d'honneur à la mondialisation en faisant passer la production locale à des fins de consommation locale pour une invention. LoL Ah comme je souris en pensant à cette élite (dans leur pro...

le 06/03/2019 à 7:55
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Mouai... ils veulent vendre leurs crevettes plus cher que les crevettes bio de Madagascar. Par les temps qui courent la masse ne paiera pas plus cher pour manger mieux, elle essaiera de manger comme elle peut déjà! Par contre la mondialisation de ...

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