Immobilier : vers un marché breton plus attentiste avec la hausse des taux d’intérêt ?

L’embellie se poursuit sur le marché immobilier breton, toujours très attractif, font remarquer les notaires dans leur bilan 2021. L’an passé, le nombre de transactions a fortement augmenté tandis que les prix ont atteint des niveaux élevés. Ils sont même vertigineux dans des stations prisées du littoral telles que Saint-Briac ou La Trinité-sur-Mer. Les perspectives de ventes en 2022 pourraient toutefois être altérées par l’impact de l’évolution des taux d’intérêt et de l’inflation.
En raison de la hausse des taux d'intérêt, de la baisse de l'épargne et de l'inflation, le volume des ventes pourrait être altéré à moyen terme et atteindre une phase de stabilisation.
En raison de la hausse des taux d'intérêt, de la baisse de l'épargne et de l'inflation, le volume des ventes pourrait être altéré à moyen terme et atteindre une phase de stabilisation. (Crédits : Chambre régionale des notaires)

La hausse des taux d'intérêt s'accélère mais les prix sont toujours au plus haut. En Bretagne, le marché de l'immobilier n'a pas baissé en tension en 2021, ont constaté les notaires lors de la présentation des chiffres de l'immobilier, le 31 mars dernier.

Les prix au m2 flambent sur le littoral, fortement attractif, mais la tendance haussière touche toutes les zones. En cinq ans, le prix médian des maisons anciennes a ainsi doublé dans les Côtes d'Armor.

Cela n'empêche pas le volume des transactions d'augmenter. Sur les douze mois de 2021 et dans les quatre départements bretons, la hausse enregistrée a atteint 19,5%, avec un pic à +24,5% dans les Côtes d'Armor (17.083 transactions).

« Les effets positifs des amortisseurs sociaux et économiques mis en place pour pallier la crise sanitaire, l'épargne des ménages stockée en 2020 (151 milliards d'épargne-Covid) ont profité à cette augmentation des transactions » observe Olivier Arens, président du Conseil régional des notaires de la cour d'appel de Rennes.

500.000 euros en moyenne dans l'ancien à Rennes

Sur le marché des appartements anciens, Rennes et Vannes ont franchi la barre des 3.000 euros du mètre carré sur un an. Si les prix ont grimpé de +20% à 1.380 euros à Saint-Brieuc, ils restent plus accessibles qu'à Quimper (1.750 euros/m²) et à Brest (1.820 €/m²).

La hausse moyenne des prix pour une maison ancienne, tous départements confondus, s'élève à +10,75%, avec un pic de +19% à Rennes, où le prix médian atteint 500.000 euros.

Le marché des appartements neufs enregistre aussi des hausses de prix, de +10,8% à Vannes et +10,5% à Lorient, avec un prix médian allant de 3.080 euros par mètre carré à Saint-Brieuc à 4.860 euros à Rennes.

A l'inverse, le prix des terrains à bâtir a tendance à baisser en Ille-et-Vilaine (-5%) et en Côtes d'Armor (-8%), à stagner en Morbihan (0%, 114 euros). L'augmentation reste en revanche significative dans les métropoles et les communes littorales.

La réalité est aussi plus contrastée en Finistère, où les prix ont progressé de 6,7% en un an, pour atteindre 80 euros.

Marché plus ouvert à 20-30 kilomètres d'une métropole

L'inflation des tarifs conduit davantage d'acheteurs à se déplacer à 20 ou 30 kilomètres des grands centres urbains ou des villes du littoral.

« Ces derniers mois ont été marqués par l'accentuation du mouvement de déplacements des grands centres métropolitains vers des communes de plus petite taille » relèvent les notaires. « Certains secteurs géographiques ont bénéficié d'une relance du marché immobilier, notamment les agglomérations à taille plus humaine jusqu'alors davantage délaissées. Si on s'éloigne des grandes villes et du littoral, le marché reste ouvert, hors biens d'exception et à condition d'accepter une autre vie. »

Les territoires ruraux commencent ainsi à retrouver un marché dynamique. Les prix ont augmenté de 17,6% dans le bassin de Gourin en Morbihan. En Ille-et-Vilaine, une commune comme Montauban-de-Bretagne, qui dispose d'une gare, attire les jeunes ménages.

Pas d'arrivée massive de Parisiens, hors littoral

Évoquant l'attrait marqué du littoral breton, les notaires ont aussi battu en brèche quelques idées reçues.

« La Bretagne reste un marché de locaux sur lequel on observe peu de migration de populations » souligne Olivier Arens.

En Ille-et-Vilaine, au moins 80% des acquéreurs sont issus du département, 45%, plutôt des cadres, ont moins de 40 ans. La proportion des acheteurs locaux tombe à 61% dans les Côtes-d'Armor et la part des 60 ans et plus y atteint 27%, la plus élevée de Bretagne (18% en France).

« La crise du Covid n'a pas non plus entraîné une arrivée massive de Parisiens. Seul le littoral breton a bénéficié d'un nouvel engouement. Sur le littoral d'Ille-et-Vilaine, 15 % des acheteurs sont issus d'Ile-de-France et 12% dans le Finistère. »

Sur les côtes, la hausse des prix est particulièrement vertigineuse sur le marché des maisons anciennes, avoisinant les +20% sur un an dans le Finistère et le Morbihan.

En cinq ans, les prix proches des plages des Côtes d'Armor ont doublé, faisant grimper une maison ancienne à Lancieux de 190.000 euros à 390.000 euros. Dans le Finistère, la progression s'établit à 44% en cinq ans.

Si à Saint-Briac, en Ille-et-Vilaine, le prix médian atteint 585.000 euros, il s'élève à 612.000 euros à la Trinité sur Mer dans le Morbihan.

Vers un marché plus attentiste ?

Pour 2022, les notaires jouent la réserve, laissant entrevoir toutefois un marché dominé par des acquéreurs plus attentistes.

« L'environnement économique spécifique au marché immobilier demeure sécurisant car les taux d'intérêt des crédits nouveaux à l'habitat restent à un point bas, à 1,14 % en février 2022 » estime Olivier Arens.

« Ces effets positifs laissent désormais place à la prudence pour les mois à venir en raison de la hausse des taux, de la baisse de l'épargne, de l'inflation et de la crise en Ukraine. Le volume des ventes pourrait être altéré à moyen terme et atteindre une phase de stabilisation. »

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Commentaires 2
à écrit le 08/04/2022 à 17:00
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attentiste ! quelle terme pudique pour dire que ça se casse la g.ueule ; la hausse de taux est là ; winter is coming pour le petit monde des pique-assiette de l'immo

à écrit le 08/04/2022 à 16:30
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Les parisiens et leur pouvoir d'achat supérieur veulent tous aller vivre en Bretagne. Le TGV et les gares bien desservies doivent aussi pour y être beaucoup, c'est du moins le cas pour une cousine encore active tandis que son mari à la retraite est d...

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