Impression 3D  : SLS France et les LabFabs bretons pallient la pénurie en matériel médical

RENNES. Désignée par la plateforme bretonne de coordination des besoins en matériels médicaux urgents, entreprisesunies_covid19.bzh, la TPE rennaise SLS France pilote, coordonne et industrialise les équipements médicaux en pénurie. Mais les stocks de matières premières s'amenuisent et les autorisations tardent.
(Crédits : DR)

Grâce à l'impression 3D, la création de pièces de dérivation sur un système de respirateurs permet aujourd'hui au CHU de Brest d'installer quatre patients au lieu d'un sur un même appareil. Utilisant ses propres lignes de production et sa R&D, SLS France a déjà produit 20 pièces pour une capacité de 80 patients au lieu de 20. Pour répondre à l'urgence sanitaire liée au coronavirus et à la pénurie de matériels médicaux, la petite entreprise rennaise de 15 salariés, spécialiste de la conception et de la fabrication de dispositifs médicaux dentaires, a été désignée par la plateforme bretonne de coordination entreprisesunies_covid19.bzh afin de piloter la partie impression 3D. Avec l'appui des LabFabs rennais, brestois et le Rehab Lab de Kerpape (Lorient), elle partage ses contacts et ses compétences, coordonne et industrialise les équipements médicaux nécessaires aux professionnels de santé. Sur les six machines bretonnes d'impression 3D pour l'industrialisation, elle en possède cinq.

Des masques aux valves Charlotte

« Au début du confinement, l'entreprise a quasiment perdu toute son activité (CA : 1,2 million d'euros  en 2019). Le secteur dentaire n'est pas prioritaire (hors cancer de la cavité buccale) car à risque, et tous les cabinets ont fermé. Je me suis tourné vers Bretagne Développement Innovation qui pilote la plateforme pour proposer nos services en impression 3D », indique Axel Dubois, le patron de SLS France, dont une partie de l'équipe seulement est en chômage partiel. « Avec les LabFabs, nous intervenons pour trouver des solutions, faire remonter les informations et coordonner des actions de conception de matériels urgents sur le terrain, de prototypage de produits non disponibles ». Visières, masques, blouses, systèmes pour les respirateurs ou valves Charlotte pour masques Decathlon : ces produits alternatifs sont fabriqués par des entreprises partenaires ou par les LabFabs.

En matière de visières, la capacité de production est actuellement de 15.000 pièces en Bretagne évalue SLS France. Pour fournir les soignants, les personnels de l'agroalimentaire, en entreprise ou au contact du public, il en faudrait entre 200.000 et 500.000. De son côté, la société quimpéroise 3D Services organise la mise en place de l'industrialisation de masques nettoyables et réutilisables dont la conception est fondée sur un modèle opensource développé par les LabFabs.

« L'industrialisation des produits va être une étape clé, mais tout dépend de la capacité de l'Etat et des collectivités à anticiper », souligne Axel Dubois. « On a des solutions immédiates sur le terrain. Une dizaine de partenaires, des TPE et PME, souvent de moins de dix salariés et avec des ressources limitées en trésorerie, sont prêtes à fabriquer quasiment sans marge. Nous attendons le feu vert des autorités ! Il faut aussi continuer à nous approvisionner via les réseaux de distribution

Peu de stocks de matières premières

Dans deux semaines, il n'y aura plus de stocks de matières premières, alerte SLS France, qui évalue le coût global de l'industrialisation sur le territoire des masques, des visières et d'équipements de 2 à 3 millions d'euros (premières livraisons comprises). « L'OMS préconise l'usage des masques pour le déconfinement », fait remarquer Axel Dubois. « Pour produire des masques réutilisables, il faut fabriquer des moules par injection. En s'y prenant maintenant, chaque moule permettrait de fournir 600.000 produits pour fin avril-début mai. Il en faut un peu plus de trois millions mais on serait globalement en capacité de fournir une partie des habitants. Il faut juste appuyer sur le bouton ! ». Dans l'attente des autorisations, le chef d'entreprise rend un hommage appuyé aux LabFabs. « Ils sont parfois les seuls interlocuteurs des Ehpad et des infirmiers libéraux, ils le font avec rien !. Quant aux soignants qui m'appellent, ils se sentent abandonnés. »

Pour autant, la plateforme entreprisesunies_covid19.bzh démontre qu'elle fonctionne bien, qu'elle a trouvé une organisation efficace en situation de crise et que les informations remontent aux autorités via BDI, Biotech Santé et le pôle EMC-2.

200 partenaires en relation

L'expérience en impression 3D fait des émules : SLS France est en train de partager les bonnes pratiques sur la plateforme avec l'hôpital de Montréal où le confinement se met juste en place.

Plus globalement, entreprisesunies_covid19.bzh, lancée par la Région Bretagne et l'ARS, recueille les offres des entreprises (industries, hôtellerie, textile, recherche, etc.) disposant de stocks d'équipements individuels, de compétences et d'outils de production et centralise les besoins des établissements de santé publics ou privés. Deux semaines après son lancement, elle a déjà mis en relation plus de 200 acteurs économiques ou de santé.

Outre le réseau régional d'impression 3D, la startup rennaise Biosensy va livrer 600 bracelets connectés de suivi pour faciliter le retour à la maison des personnes en détresse respiratoire, avec l'appui des entreprises de composants Asica et Actuaplast. Spécialisée dans la cybersécurité et le marquage numérique des produits finis, la société Olnica fournit des solutions hydroalcooliques et du gel à plusieurs entreprises ou structures comme la PME Crêp'Innov-Maison Malansac. Hors santé, la filière de l'agroalimentaire et de l'agriculture représente l'essentiel des demandes.

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Commentaire 1
à écrit le 13/04/2020 à 9:18
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On voit bien que la technologie de l'imprimante 3D a été retenue massivement parce que risque que les dividendes des actionnaires milliardaires ne diminuent. Alors que nous devrions tous en avoir une chez nous et en entreprise. Super technologie,...

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