Tout ce que la Bretagne compte de décideurs et de chefs d'entreprises publiques et privées, de la TPE aux grands groupes, s'est retrouvé mercredi et jeudi à Saint-Malo : Hervé Kermarrec, président du Medef Bretagne, Hervé Mattei, directeur régional de la Banque de France, Pierre Éric Pomellet, président de Naval Group, Luc Lallemand, PDG de SNCF Réseaux, ou encore Julien Carmona, président du Crédit Mutuel Arkéa et sa directrice générale Hélène Bernicot.
Inauguré en 2020, le Forum économique breton marque la rentrée et entend dessiner l'avenir économique de la région. Mettant « en lumière la force du réseau breton » selon les mots du président de région Loïg Chesnais-Girard, cet évènement a mobilisé autour des thèmes de la relance et des transitions, énergétiques, agricoles, numériques. Face aux défis qui s'annoncent, la Bretagne revendique plus de vitalité, plus d'emplois et moins de carbone.
40% de défaillances en moins
Animée par Hervé Kermarrec et Hervé Mattéi, la première plénière s'est intéressée à la situation économique post-Covid, avec un double constat positif : le rebond est là, la demande est soutenue et l'activité bretonne est repartie. Elle est même plus marquée qu'au niveau national. Dans une région où le taux de chômage plafonne à 6,6% (8,1% en France), certains secteurs sont en forte croissance, comme le bâtiment qui affiche une reprise de plus de 35%.
Selon Hervé Mattéi, le PIB breton dépassera cette année les 6% avancés au niveau national par l'Insee et les besoins de financements seront couverts. Le taux de défaillance d'entreprises est pour sa part inférieur de 40% à celui d'avant la crise. Le directeur régional de la Banque de France n'anticipe d'ailleurs aucune vague de défaillances dans les prochains mois, sauf pour les entreprises déjà fragilisées.
« Le rebond est plus fort en Bretagne que dans le reste de la France et sur les 5 milliards d'euros de Prêts Garantis par l'Etat (PGE) accordés aux entreprises à fin juin 2021, une grande partie n'a pas encore été décaissée. Quant aux surplus de trésorerie, ils sont supérieurs de trois milliards à la situation d'avant crise. Pour les entreprises ayant réalisé un chiffre d'affaires supérieur à 750.000 euros à fin 2020, il n'y a pas de dégradation des comptes d'exploitation. Dans l'ensemble, les bilans n'ont pas été impactés par la crise. »
Baisse des stocks et problèmes de recrutement
Le président du Medef Bretagne a confirmé le bon fonctionnement des dispositifs mis en place par l'État tout en signalant quelques points d'inquiétude et de vigilance. Dans l'industrie, par exemple « 40% des chefs d'entreprise souffrent d'un déficit d'offre, contre 20% d'un déficit de demande ».
Les problématiques du moment portent plutôt sur les difficultés d'approvisionnement, les semi-conducteurs entre autres, et la hausse des matières premières qui pourraient peser sur la croissance. Les problèmes de recrutement demeurent prégnants et touchent 50% des entreprises. Des postes sont à pourvoir dans tous les secteurs et pas seulement le BTP ou l'hôtellerie. Évoquant le besoin de formation des demandeurs d'emplois, les deux intervenants ont cependant salué la réussite du plan 1 jeune 1 solution. « En Bretagne, 26.000 contrats d'apprentissage ont été signés en deux ans. C'est 77% de plus qu'en 2019 » a détaillé Hervé Kermarrec.
EMR et acceptabilité de la population
Hors points de tensions, le bilan de situation est donc globalement encourageant. D'ailleurs, durant ces deux jours, l'écosystème breton a affiché collectivement sa volonté d'aller de l'avant.
Les spécificités du territoire, qui ont pour socle un modèle agroalimentaire solide et porté par une consommation locale soutenue, ainsi qu'une culture du consensus, ont nourri les tables rondes du FEB. « On sent un vent d'optimisme » se sont félicités plusieurs participants, venus comprendre les enjeux des filières et réfléchir aux défis de la transition des modèles agricoles et énergétiques, de la numérisation des entreprises, de l'innovation, de l'emploi et de la RSE.
Luc Lallemand, PDG de SNCF Réseaux a ainsi réaffirmé l'engagement du groupe au service du territoire pour porter des innovations qui permettront à moyen terme d'améliorer la mobilité des Bretons.
Pour Sébastien Ramos, directeur régional Bretagne d'Engie, le développement des énergies renouvelables dépend des aspects financiers mais aussi de l'acceptabilité des habitants et de leur participation active. « Elles ne se feront pas qu'à Paris, mais sur le territoire » a-t-il affirmé.
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