Le forum économique breton au chevet de la relance verte de la région

Premier événement économique de rentrée, le tout nouveau Forum économique breton a travaillé pendant deux jours à Saint-Malo pour reconstruire collectivement l'économie régionale. Les entreprises locales veulent accélérer leur transition écologique et leur stratégie RSE.
Bris Rocher, président du groupe Yves Rocher, planifie une réduction de ses émissions carbone de 50 % à horizon 2030 sur l'ensemble des sites bretons du groupe.
Bris Rocher, président du groupe Yves Rocher, planifie une réduction de ses émissions carbone de 50 % à horizon 2030 sur l'ensemble des sites bretons du groupe. (Crédits : DR)

Territoire et leadership sont-ils conciliables en Bretagne ? L'enthousiasme des débats et des intervenants qui ont animé le premier Forum économique breton, installé à Saint-Malo, mardi 8 et mercredi 9, ne laisse pas de doute sur la réponse : la Bretagne possède les atouts pour relancer son économie, se réinventer pour attirer les entreprises et les talents.

Préservée par le poids de son industrie agro-alimentaire, l'économie bretonne a moins été touchée par l'ampleur de la crise liée au Covid-19, mais les acteurs du territoire, entreprises, collectivités, investisseurs et organismes de la formation, avaient besoin de se retrouver pour imaginer le monde d'après. L'enjeu de ces plénières, grands plateaux et labs de projets a été d'imaginer la croissance de demain, plus verte, plus respectueuse des envies du citoyen, de mener le « combat de l'emploi ».

Relance: "La Bretagne a une carte à jouer"

« La force de la Bretagne, c'est de tirer dans le même sens » a ainsi fait valoir le président de région Loïg Chesnais-Girard, lors de la plénière d'ouverture. « En termes de souveraineté et de réindustrialisation, la Bretagne a une carte à jouer. Elle s'en est toujours sortie par le collectif. »

Parmi les thématiques abordées durant ces deux jours, la question de la transition environnementale et énergétique figure en bonne place dans le projet collectif breton. Elle pourrait même figurer comme un moteur de la relance.

Les 30 milliards dédiés à la transition écologique prévus par le plan de relance du gouvernement sont d'ailleurs accueillis favorablement par les professionnels. La Fédération française du bâtiment l'attendait même « avec impatience » selon Stéphane Le Teuff de la FFB Bretagne. Plus concrètement, Engie a profité des débats pour préciser que ses nouveaux projets visaient une économie neutre en carbone. Au centre de Rennes, la rénovation du Palais du Commerce en (polémique) pôle commercial affiche « un objectif zéro carbone » rappelle Nathalie Allégret, directrice Villes et territoires connectés. L'énergie produite sera solaire via des panneaux photovoltaïques et par l'utilisation de l'eau de la Vilaine pour le refroidissement et le chauffage du bâtiment.

La présence, au Feb, d'Engie, Enedis ou encore SNCF signifie que la réussite économique et la cohésion de la Région Bretagne passe par la réaffirmation du lien avec des groupes nationaux. Pas seulement par celui fortement tissé avec les groupes aux racines bretonnes tels Arkéa ou Yves Rocher.

Arkéa investit dans la transition écologique

La création en juin dernier d'une filière Transition environnementale dirigée par Benoît Bonaventur, marque d'ailleurs un engagement supplémentaire de la banque mutualiste dans le soutien aux entreprises régionales et au financement de l'innovation.

« Il y a de plus en plus d'emplois induits sur l'économie verte. Cette filière vise à accélérer et structurer le développement des financements territoriaux liés aux projets sur les EMR, mais aussi de rénovation et d'efficacité énergétique » a précisé Benoît Bonaventur.

Alors que l'enveloppe de 7 milliards d'euros sur 10 ans, 2 milliards en 2021 et 2022 dévolue au soutien à la filière hydrogène, ouvre d'intéressantes perspectives aux acteurs du secteur, la Bretagne veut justement doper ce secteur, notamment dans le domaine des transports.

Elle a identifié plus de 190 acteurs engagés dans des projets de production et d'usage de l'hydrogène vert, comme celui de Morbihan Energies à Vannes, qui prévoit d'ouvrir avec l'industriel Michelin d'une station hydrogène pour des flottes de véhicules sanitaires, poids-lourds et camionnettes de livraison. A Redon, H2x Systems produira 100 véhicules à hydrogène par an à horizon 2023. Au moment du Feb, Energy Observer Developments, filiale d'Energy Observer, le premier navire à hydrogène décarboné mis au point à Saint-Malo, a pour sa part annoncé une levée 20 M€ auprès de plusieurs investisseurs dont The Monnoyeur Group, afin d'accélérer l'industrialisation de ses solutions.

Tandis qu'Arkéa avance en matière de financement de la transition écologique et de la stratégie RSE, le groupe Yves Rocher (CA, 2,5 milliards, 18 000 salariés), affiche aussi des objectifs forts. En matière de responsabilité sociétale, son président Bris Rocher planifie la réduction de ses émissions carbone de 50 % à horizon 2030 sur l'ensemble des sites bretons du groupe.

« Reconnecter les hommes et les femmes à la nature »

« Les arbres bien enracinés résistent mieux aux aléas du temps » a assuré le petit-fils d'Yves Rocher, dont le groupe de cosmétique né à La Gacilly (56) a pour raison d'être de « Reconnecter les hommes et les femmes à la nature ».

Lors d'une plénière, Bris Rocher a livré un discours inspirant sur les preuves de cette raison d'être avec le statut d'entreprise à mission. Pour trouver la sienne, le groupe, qui est devenu une entreprise à mission fin 2019, est allé puiser dans l'histoire personnelle de son fondateur.

« La nature a un impact bénéfique sur notre bien-être. S'ensuit alors logiquement une volonté d'agir sur la planète On peut conjuguer la performance économique avec la prise en compte du bien commun » estime le dirigeant qui travaille à transformer son modèle économique en s'appuyant sur ce socle de valeurs immuable. D'ici à 2030, tous ses sites dans le monde seront devenus « des refuges de biodiversité ».

Bris Rocher tire aussi les enseignements du confinement et de la crise sanitaire. Le groupe se trouve dans le rouge pour la première fois mais a été conforté dans son utilisation du social selling, la vente directe via les réseaux sociaux. « On a aussi découvert qu'on pouvait faire tourner la boîte sans voyager » ajoute-t-il.

En 2021, la marque Yves Rocher va ainsi réduire son budget voyage de moitié par rapport à celui de 2019. « C'est bon pour la planète, ce sont des économies, c'est bénéfique pour tout le monde ! »

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Commentaire 1
à écrit le 13/09/2020 à 10:30
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La relance ne sera véritablement verte que quand la finance sera traquée et chassée.

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