Nautisme : la Bretagne prête à hisser encore plus haut la voile

SÉRIE D'ÉTÉ. Rendre attractives toutes les composantes de la filière nautique sous deux ans : tel est le rôle d’une mission de coordination lancée en juin par la Région Bretagne. Elle vise à faire du secteur du nautisme, très touché par la crise sanitaire, un outil de développement humain, économique et environnemental. La formation professionnelle et le nautisme éducatif font partie des chantiers prioritaires.
La filière nautique représente 2 000 entreprises et associations, 7 400 emplois et plus de 160 ports, pour un chiffre d'affaires annuel de plus d'un milliard d'euros.
La filière nautique représente 2 000 entreprises et associations, 7 400 emplois et plus de 160 ports, pour un chiffre d'affaires annuel de plus d'un milliard d'euros. (Crédits : Gérard Lebailly)

Le retour sur l'eau fonctionne comme prévu mais l'horizon post-estival n'est pas forcément dégagé. La vague du Covid-19 a laissé sur le sable les bateaux des clubs et centres nautiques au printemps et mis les régates au sec. Forcément, il y a des pertes à bord. Tandis que le centre nautique de Plérin (22) estime, qu'à la fin de l'été, il aura perdu 200 000 euros sur 650 000 euros de chiffre d'affaires, à Lorient, le CNL a voté début juillet un appel aux dons pour compenser le trou d'air. À Saint-Malo, la Surf School, qui a mis ses six salariés au chômage partiel durant le confinement, démarre l'été mieux que prévu. En revanche, le club ne peut pas répondre à la demande car les groupes sont limités à dix personnes et ne doivent pas se croiser. « Malgré une trésorerie saine, l'année sera moins bonne », évalue Jean-Marie Batail, le président du club.

Les clubs nautiques bretons accueillent moins de pratiquants et sont tous logés à la même enseigne. C'est pareil pour les compagnies de balades en mer. À la pointe bretonne, l'agence d'attractivité Finistère 360° essaie d'ailleurs de redresser la barre, avec la création d'un pass numérique. Lancé mi-juillet, « Mon Finistère » est la première action de la cellule de crise dans le cadre du plan de relance et de soutien aux secteurs du tourisme et du nautisme. Parmi les offres et expériences accessibles à tarifs avantageux, il propose des sorties en mer avec des guides locaux.

Représentant 2 000 entreprises et associations, dont certaines voient leurs carnets de commandes baisser, 7 400 emplois et plus de 160 ports, pour un chiffre d'affaires annuel de plus d'un milliard d'euros, la filière nautique bretonne pèse dans l'économie. Elle ne peut pas rester en souffrance.

Lire aussi : La Bretagne débloque plus de 100 millions d'euros pour soutenir l'économie

« Leadership européen »

Si l'actualité sanitaire accroît la nécessité d'une relance, elle accélère aussi les réflexions d'avant la crise sur la stratégie économique globale. La Bretagne en est convaincue, le patrimoine et la culture maritimes peuvent constituer « une source de résilience ». Il faut donc tirer la filière vers le haut et changer de méthode. Avec l'ambition de développer le « leadership européen » du secteur nautique dans les deux ans qui viennent et renforcer sa visibilité, la Région Bretagne a officialisé la création d'une « task force » destinée à rendre plus attractives toutes les composantes de la filière. Lancée le 19 juin dernier, cette mission de coordination est pilotée par Ronan Le Baccon, directeur délégué au nautisme au Conseil régional. Sa trajectoire est guidée par deux idées principales : l'identité bretonne d'une part, la transformation environnementale, sociale et numérique, d'autre part.

« La mer est dans l'ADN des Bretons. Le nautisme concerne une dizaine de politiques différentes (entreprises, offres touristiques, aménagement du territoire, compétitions sportives...) qu'il faut coordonner de manière transversale et faire travailler en chaîne de valeur », évalue aujourd'hui Anne Gallo, vice-présidente de la Région Bretagne chargée du tourisme.

« Il faut structurer la filière nautique pour qu'elle devienne un véritable outil de développement humain et économique, au service des usagers, des entreprises et des collectivités. Il y a des enjeux de transition environnementale (certification environnementale des ports de plaisance), des enjeux technologiques dont doit bénéficier toute la filière, des enjeux de construction-déconstruction de bateaux, des enjeux de métiers ».

nautisme Bretagne

Formation professionnelle et nautisme éducatif en 2022

La mission de coordination implique de nombreux opérateurs dont les quatre principaux que sont le Comité Régional du Tourisme en Bretagne, l'agence Bretagne Développement Innovation, l'association Nautisme en Bretagne et l'association des Ports de Plaisance de Bretagne. Sa stratégie pour 2022 porte sur trois grands chantiers : la formation professionnelle, la communication et le nautisme éducatif.

L'axe « formation-orientation dans les métiers du nautisme » concernera les demandeurs d'emploi et les salariés du secteur. Il a pour but de mieux répondre aux besoins en compétence des entreprises et à promouvoir les différents métiers de la filière auprès des plus jeunes. Le volet « communication-rayonnement » vise à accentuer la promotion les entreprises nautiques à l'international ainsi que les loisirs nautiques de la marque Bretagne.

En matière de « nautisme éducatif », la mission fait le pari que la transmission des valeurs de solidarité, de cohésion et de respect de l'environnement commence tôt, « dès les premières expériences nautiques ». « Il faut mettre tous les Bretons sur l'eau », assure Anne Gallo. Si les élèves des villes littorales ont souvent accès à des classes de mer durant les périodes scolaires ou de vacances, ce n'est pas forcément le cas de ceux du Centre Bretagne. Moins de 10 % des jeunes Bretons partent en classe de mer au cours de leur scolarité soit 12 à 13 000 par an. Une première action concrète a été votée en commission permanente en février dernier avec la création d'un Pass Classe de mer dont l'enveloppe globale s'élève à 180 000 euros.

« Cette aide de 2 000 à 8 000 euros vise à permettre à tous les enfants bretons de découvrir le littoral en doublant le nombre de bénéficiaires à 24 000 par an », détaille la vice-présidente au tourisme. « Elle s'adresse à la trentaine de centres de classes de mer afin qu'ils puissent proposer des tarifs et des prestations attractives aux écoles, aux associations et collectivités bretonnes qui souhaitent organiser des séjours ». Les enjeux maritimes passent aussi par l'éducation à la mer.

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Commentaire 1
à écrit le 07/08/2020 à 16:28
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Ttes voiles dehors !! Bien sûr , la Bretagne sait faire. Mais aussi la Vendée qui de plus, abrite les plus gros chantiers mondiaux , où les sloops, ketch ou day cruisers st montés à la chaîne par centaines chaque années avec 70% mini à l'export. E...

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