Pénurie de semi-conducteurs : Safran à Fougères et Stellantis à La Janais en chômage partiel

De nombreuses usines autour du monde ont fermé faute de composants et notamment de semi-conducteurs qui alimentent les lignes de production. Les entreprises bretonnes de l’électronique et de l’automobile sont également touchées. A Fougères, une partie des équipes de l’équipementier aéronautique Safran est au chômage partiel depuis la mi-septembre. A Rennes-La Janais, Stellantis (ex-PSA) a divisé par deux la production du site. Mais le constructeur annonce un nouveau projet dans l’électrique.
Malgré la pénurie de semi-conducteurs qui conduit à une réduction des volumes de production, Stellantis a annoncé aux salariés du site de La Janais l'assemblage d'un nouveau véhicule électrique, le CR3, également décliné en version hybride et thermique. Une manière de fixer à l'usine un horizon au-delà de 2025.
Malgré la pénurie de semi-conducteurs qui conduit à une réduction des volumes de production, Stellantis a annoncé aux salariés du site de La Janais l'assemblage d'un nouveau véhicule électrique, le CR3, également décliné en version hybride et thermique. Une manière de fixer à l'usine un horizon au-delà de 2025. (Crédits : Rebecca Cook)

A Fougères, en Ille-et-Vilaine, l'usine de l'équipementier aéronautique Safran ne tourne plus à plein régime. Depuis la mi-septembre, l'entreprise, qui n'a pas répondu à nos sollicitations, a mis une partie de ses effectifs au chômage partiel, selon le syndicat FO du site. En cause, la crise des semi-conducteurs, petites pièces peu coûteuses provenant d'Asie du Sud-Est, qui affecte l'activité de nombreuses usines dans le monde.

Cela concerne 25 salariés, à tour de rôle, sur les 800 salariés que compte l'usine. Depuis 2015, et le transfert de cette activité depuis Massy, l'usine Safran de Fougères fabrique des calculateurs aéronautiques pour lesquels les semi-conducteurs sont indispensables. Les retards d'approvisionnements se comptent en semaines, et pour certains composants, ils sont de 52 semaines.

« Depuis le début de l'année, l'usine travaille pas mal par pics. Il y a un problème en amont, dans l'approvisionnement, qui arrive de manière irrégulière et l'usine essaie de s'adapter » confiait en début de mois Karen Davy, déléguée syndicale Force Ouvrière, à la presse régionale.

Selon Ouest-France, Safran a mis en place un dispositif d'activité de chômage partiel longue durée (APLD), qui permet de diminuer les horaires de travail de ses salariés et de préserver les emplois. Cet accord de chômage partiel est ponctuel mais les syndicats craignent que la situation soit tendue jusqu'à l'année prochaine.

200 voitures par jour et débrayage des salariés

Le contexte n'est pas meilleur à quelques encablures de là. À Rennes, Stellantis (ex-PSA) a réduit de moitié la production de l'usine de La Janais et remercié 150 intérimaires. Depuis la reprise en août, les 2.000 salariés de l'usine, qui ont déjà chômé plusieurs dizaines de journées depuis février dernier, ont travaillé trois semaines. L'usine fonctionne à une seule équipe depuis le 13 septembre contre quatre avant la crise sanitaire. La production quotidienne a été réduite de moitié, soit 200 véhicules au lieu de 400.

« Cela représente plus de 10.000 voitures qui n'ont pas été produites depuis août », décompte David Ruellan, secrétaire du syndicat SIA à l'usine Stellantis de La Janais. En 2020, le site a fabriqué 94.604 véhicules, notamment la Peugeot 5008 et la C5 Aircross. 80% des voitures sont exportées à l'étranger.

Contactée, la direction du groupe n'a pas souhaité livrer à La Tribune plus de détails sur la baisse d'activité de son usine de La Janais. « Depuis le début de la crise, nous pilotons notre activité au quotidien, usine par usine, en adaptant notre activité industrielle aux tendances du marché automobile, et en tenant compte des différentes situations auxquelles nous sommes confrontés (approvisionnement en pièces, confinement ...) » s'est-elle contentée de répondre.

Au sein de l'usine, cette crise est aussi source de tensions sociales et les syndicats revendiquent que les salaires ne soient pas impactés. Le 1er octobre, quelque 200 salariés selon la CGT (160 d'après la direction) ont débrayé entre 11h30 et 13h15 pour protester contre le travail le samedi (10 samedis à compter du 9 octobre, plus le 11 novembre) alors que l'usine fonctionne au ralenti en semaine. Et contre l'augmentation des cadences. « Les ouvriers fabriquent 30 voitures à l'heure contre 26 avant la crise, c'est beaucoup de stress et de fatigue en plus », notait ce jour-là Fabrice Lucas de la CGT, cité par la presse régionale. Selon le syndicat, la fiche de paye de septembre a été ponctionnée de 300 euros en moyenne.

Nouveau modèle électrique et neutralité carbone

Alors qu'en septembre, la baisse des ventes automobiles a été brutale, Stellantis à Rennes a souhaité redonner de l'espoir à ses salariés et fixer un horizon au-delà de 2025.

La direction de l'usine a annoncé mardi 26 octobre qu'elle allait assembler un nouveau modèle de voiture électrique, décliné aussi en modèle hybride et thermique. Connu sous le nom de code CR3 et doté d'une autonomie avec un plein d'électricité affiché à 700 kilomètres, il succédera à la C5 Aircross.

Stellantis va donc investir 152 millions d'euros pour monter un atelier d'assemblage de batteries et adapter son outil industriel à la production de ce véhicule dans les trois déclinaisons, à raison de 100.000 véhicules par an au lancement. Le groupe sera financièrement accompagné par la Région Bretagne, avec le concours de Rennes Métropole.

Cette transformation de l'usine s'inscrit, explique Stellantis, dans sa stratégie de neutralité carbone à horizon 2030, baptisée « Green Factory ».

 « Cette annonce d'un nouveau véhicule récompense la capacité des salariés du site à se surpasser, à être réactifs, à penser différemment et à ne rien lâcher ! » s'est réjoui Etienne Martin Commandeur, directeur du site de Rennes lors d'une conférence de presse. « Après avoir relevé le défi de l'hybride, nous allons maintenant relever ceux de l'électrification et de la neutralité carbone et ainsi répondre aux nouveaux enjeux de société. »

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