![Huawei implantera en Alsace sa première usine située en dehors de la Chine.](https://static.latribune.fr/full_width/1562490/huawei-envisage-de-ceder-ses-smartphones-honor-pour-12-9-milliards-d-euros.jpg)
Le géant chinois des télécoms Huawei a annoncé jeudi 17 décembre son intention de fabriquer à Brumath (Bas-Rhin) des solutions technologiques de réseaux mobiles 4G et 5G pour ses clients européens. Le projet mobilisera un investissement de 200 millions d'euros et créera, à terme, 500 emplois directs.
Huawei France, qui compte 1.000 salariés répartis entre six sites à Paris, Boulogne, Grenoble et Sophia Antipolis, se concentrait jusqu'à présent sur des activités de recherche et développement. L'entreprise avait annoncé dès le mois de février son projet de construction d'une première usine en dehors de la Chine. La région Grand-Est s'était mise sur les rangs. Début décembre, les deux derniers sites potentiels pour cette implantation se situaient dans deux zones d'activités proches de Strasbourg. Le site d'Illkirch-Graffenstaden, dans le périmètre de l'Eurométropole, a finalement été écarté au profit de Brumath. L'usine occupera un terrain de 8 hectares, au terme d'une cession du foncier dans le "Business Parc" de cette commune située dans le Communauté d'agglomération de Haguenau.
Lancement de la production fin 2022
"Huawei était un dossier prioritaire dans notre stratégie économique. L'Alsace n'a plus connu de création de cette ampleur en "Green Field" depuis la vague d'investissements japonais dans les années 1990", rappelle Lilla Mérabet, vice-présidente (MoDem) du Conseil régional du Grand-Est en charge de la compétitivité, de l'innovation et du numérique. Sony, Yamaha, Ricoh et Sharp avaient alors créé plusieurs milliers d'emplois dans la région. Les deux premiers ont, depuis lors, cessé leurs activités. Pour Huawei, il s'agira de la première grande usine en dehors de Chine. 300 emplois sont promis dans la première phase de montée en puissance. La pose de la première pierre est attendue à Brumath au second semestre 2021. Le lancement de la production est prévu dans les derniers mois de l'année 2022.
Cette annonce intervient alors que Huawei et la 5G font l'objet de critiques récurrentes en France et en Europe. Plusieurs pays de l'Union et la Grande-Bretagne prévoient d'interdire l'acquisition ou de limiter l'utilisation de matériel chinois pour leurs infrastructures de réseaux 5G, en raison de risques pour leur sécurité. Guillaume Poupard, directeur général de l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (Anssi), a indiqué que Huawei ne ferait pas l'objet d'un "bannissement total" mais que les opérateurs français l'utilisant pourraient, au mieux, recevoir des autorisations d'exploitation limitées à huit ans.
Les écologistes locaux contre la 5G
A Strasbourg, la maire Jeanne Barseghian (EELV), élue en juin 2020, et la présidente de l'Eurométropole Pia Imbs (DVG) figuraient en septembre parmi les 70 élus français de gauche et écologistes demandant un "moratoire" sur la 5G. En Alsace, certains élus avaient alors grincé des dents, estimant que cette prise de position pourrait faire échouer le projet d'implantation de Huawei dans la région. Huawei a finalement écarté l'offre de foncier disponible sur la commune d'Illkirch-Graffenstaden pour s'implanter dans l'aire urbaine de Strasbourg, mais en dehors des limites de l'Eurométropole.
"Depuis les premières discussions sur ce projet, j'ai tenu à maintenir un dialogue transparent et constructif avec cette entreprise, quant à ses engagements économiques, sociaux et environnementaux", a tenté de se justifier Pia Imbs après l'annonce de l'implantation de Huawei en dehors de son territoire.
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