ZFE-m : le plan à 5 milliards pour réduire la dépendance forcée des banlieusards à l'automobile

Sans attendre le premier comité ministériel du 25 octobre dédié aux zones à faibles émissions-mobilité (ZFE-m), le président (LR) du département de l'Essonne propose d'investir 1 milliard d'euros dans des voies de bus express traversant la région-capitale voire 4 à 5 milliards pour la France entière. « Après avoir été chassés de Paris, les Franciliens ne peuvent plus y entrer », assène François Durovray. Explications.
César Armand
Sur le périphérique parisien un jour de pic de pollution...

ZFE-m. C'est l'un des rares acronymes barbares de l'administration française que connaissent tous les habitants des grandes villes ou presque. Derrière ces quatre lettres, les zones à faibles émissions-mobilité visent à limiter la circulation des véhicules les plus polluants à l'intérieur de 43 agglomérations, soit près de la moitié de la population française. Nées en 2015 dans la loi sur la transition énergétique et pour la croissance verte, puis rendues obligatoires par la loi d'orientation des mobilités de 2019 et concernant toutes les agglomérations de plus de 150.000 habitants depuis la loi « Climat & Résilience » de 2021, ces ZFE-m ont été pensées pour lutter contre la pollution de l'air. Les particules fines et les dioxydes d'azote émis par les véhicules sont en effet responsables de 47.000 morts chaque année, selon Santé publique France.

Un premier comité ministériel le 25 octobre

Malgré tout, le 17 octobre dernier, le Conseil d'Etat a condamné l'Etat à payer 20 millions d'euros d'astreintes, considérant que « les mesures prises [ne garantissaient] pas que la qualité de l'air s'améliore de telle sorte que les seuils limites de pollution soient respectés dans les délais les plus courts possibles ».

« Si des améliorations dans la durée ont été constatées, les seuils limites de pollution au dioxyde d'azote - qui doivent être respectés depuis 2010 - restent dépassés dans plusieurs zones en France, notamment dans les agglomérations de Paris, Lyon et Marseille », écrit la plus haute juridiction administrative du pays.

Hasard du calendrier, le premier comité ministériel sur les zones à faibles émissions-mobilité (ZFE-m) se tiendra le 25 octobre. Les ministres de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires Christophe Béchu et des Transports Clément Beaune ont invité les 43 présidents d'agglomération concernées. Dès la mi-octobre, les députés Gérard Leseul (PS) et Bruno Millienne (MoDem), qui ont écrit un rapport sur les ZFE-m, ont été reçus par les ministres concernés, mais les cabinets en question refusent de « déflorer » les propositions qui pourraient être reprises par l'exécutif.

 « Après avoir été chassés de Paris, les Franciliens ne peuvent plus y entrer »

Sans attendre les annonces gouvernementales, le président (LR) du conseil départemental de l'Essonne travaille, depuis au moins six mois, à une solution pour réduire la dépendance des banlieusards franciliens à l'automobile. Officiellement missionné par la présidente (LR) du conseil régional Valérie Pécresse depuis septembre, François Durovray doit remettre ses conclusions en janvier-février 2023.

« Je suis d'accord avec l'objectif des zones à faibles émissions-mobilité, mais je ne suis pas d'accord avec le calendrier. Il faut d'abord créer l'offre de véhicules électriques et de bus avant les ZFE-m. Après avoir été chassés de Paris compte tenu des prix de l'immobilier dans la capitale, les Franciliens ne peuvent plus y entrer », assène-t-il à La Tribune.

En Île-de-France, la zone à faibles émissions (ZFE-m) se situe à l'intérieur de l'autoroute A86 et épouse les frontières de la métropole du Grand Paris, une petite couronne francilienne très bien desservie en transports en commun et en mobilités actives (vélos, trottinettes...) .

Une urgence démocratique, écologique, économique et sociale

A contrario, les départements de grande couronne - la Seine-et-Marne, les Yvelines, l'Essonne, le Val-d'Oise - sont certes desservis par les RER, mais leurs habitants utilisent majoritairement leur voiture personnelle faute de transports publics performants.

« L'urgence est démocratique, écologique, économique et sociale. Il faut en effet réconcilier la métropole et sa périphérie, réduire les émissions de gaz à effet de serre des déplacements en grande couronne, prendre en compte le pouvoir d'achat de ses habitants et réduire leur temps de parcours quotidien », insiste le président de l'Essonne.

Selon François Durovray, le bilan carbone est 25 fois plus fort en banlieue qu'en cœur de métropole de même que les budgets et temps de transport y sont dix fois plus élevés, comparés à un habitant de petite couronne. Partant de ces principes, Valérie Pécresse, présidente d'Île-de-France Mobilités, lui a demandé de plancher sur un nouveau réseau de bus express dans la région-capitale.

Reste maintenant à trouver les financeurs...

Il existe déjà 70 lignes de ce type en Île-de-France reliant des pôles entre eux, mais le patron du 91 pense qu'il faudrait en créer 30 à 40 supplémentaires raccordées au réseau du Grand Paris Express, le super-métro livré en intégralité en 2030.

« Faisons de chaque future gare une porte vers la grande couronne », dit encore François Durovray. Ces nouveaux bus express pourraient même rouler sur les routes à 3x3 voies existantes. « Si vous y limitez la vitesse à 70 km/h, vous pouvez diminuer leur largeur de 50 centimètres et gagnez ainsi 1,50 mètre pour créer une nouvelle voie », avance-t-il.

Tout cela a un coût évidemment : selon les économistes qu'il a consultés, le président de l'Essonne avance le chiffre de 1 milliard d'euros en Île-de-France voire de 4 à 5 milliards d'euros pour créer dans toute la France ces corridors ex nihilo ou sur des voies existantes, type bande d'arrêt d'urgence. Siégeant au Conseil d'orientation des infrastructures, qui éclaire le gouvernement sur les politiques d'investissement dans la mobilité et les transports, il pousse en outre ce sujet auprès de ses petits camarades.

Reste maintenant à trouver les financeurs... D'autant qu'à l'écouter, tous les opérateurs de transport - Keolis, Transdev... - comme les concessionnaires autoroutiers - APRR, Sanef, Vinci Autoroutes... - sont déjà dans les starting-blocks pour y faire rouler des bus express.

César Armand

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Commentaires 2
à écrit le 04/11/2022 à 9:50
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Où sont les morts allégués pour créer les ZFE ? Aucun médecin ne se risquera à signer un certificat de décès lié à la pollution due à la circulation automobile. C'est en réalité un calcul économétrie, donc une hypothèse de mortalité, qui mène au no...

à écrit le 25/10/2022 à 8:45
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une machine imposible vue la configuration du departement pour ceux qui le traverse il n'y a pas d'autre choix possible ou vous obliger les gens a travailler pres de leur habitat soit vous interdiser les vehicules individuel et dans ce cas c'est l...

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