Aides aux entreprises en Hauts-de-France : quand les collectivités mettent la main au porte-monnaie

La région des Hauts-de-France s’est dotée d’une nouvelle politique économique visant à répondre aux besoins de développement de l’ensemble des entreprises. Des dizaines d’entreprises en ont déjà profité. Tour d’horizon du dispositif et de ses bénéficiaires.
Xavier Bertrand, président des Hauts-de-France, a fait de l'emploi son cheval de bataille durant la campagne électorale : il y met aujourd'hui les moyens.

Quatre millions d'euros d'aide au « compactage » de l'usine d'assemblage Selvelnord du groupe PSA afin de rassembler les ateliers de ferrage et de montage dans un seul bâtiment. L'objectif final étant de moderniser le process de fabrication des véhicules, sur le site d'Hordain (à côté de Valenciennes), employant 2.800 salariés.

673.000 euros de soutien à Safran-Airfols Advanced Solutions, relocalisant une activité de réparation de moteurs aéronautiques à Sars-et-Rosières, près de Saint-Amand-les-Eaux, avec la création de 135 emplois d'ici quatre ans.

Deux millions d'euros d'avances remboursables pour aider le secteur de la dentelle de Calais, dont 600.000 euros pour la reprise de Desseilles par l'industriel chinois Yongsheng (77 emplois), 400.000 euros pour Codentel (groupe Holesco) et un million pour le collectif de repreneurs Noyon (170 emplois).

Ce ne sont que trois exemples emblématiques des aides accordées par le Conseil régional des Hauts-de-France. En octobre, 25 entreprises de la région avaient été aidées pour un montant de 11,1 millions d'euros, équivalent à la création de près de 500 emplois et à la sauvegarde de plus de 800 postes.

La liste des entreprises aidées compte bien d'autres exemples : 1 million d'euros d'avance remboursable pour UNI Packaging Helio, spécialiste de l'emballage souple pour l'une de ses unités basée à Averdoingt dans le Pas-de-Calais ; 150 000 euros de subvention pour soutenir Soup'Ideale à Feuchy, toujours dans le Pas-de-Calais ; création d'un fonds d'investissement pour Entyrecycle, qui s'implante sur une partie de l'ancien site d'Arc International près de Saint-Omer pour recycler des pneus (création de 250 emplois à terme), entres autres. Et même Amazon pour son nouveau centre en Picardie.

« Du sur mesure avec chaque entreprise »

Xavier Bertrand, président des Hauts-de-France, a fait de l'emploi son cheval de bataille durant la campagne électorale : il y met aujourd'hui les moyens. La nouvelle politique du Conseil régional des Hauts-de-France, vise « à répondre aux besoins de toutes les entreprises (TPE, PME, ETI, grands groupes) à tous les stades de leur vie : création, développement, transmission, consolidations... », résume Laura Marzouk, conseillère en charge des questions économiques au conseil régional.

Concrètement, le Conseil régional peut intervenir sous forme d'avance remboursable, de subvention directe ou de financement pour la formation professionnelle, en interpellant un guichet unique pour les entreprises*. Il existe aussi tout un panel d'aides indirectes, comme l'entrée au capital ou l'apport de garantie, regroupées sous le nom générique de « Hauts-de-France Financement ».

« Nous disposons aujourd'hui d'une boîte à outils avec différentes aides « directes » mobilisables et nous faisons du sur mesure avec chaque entreprise », souligne la conseillère du président.

Pour les entreprises en difficulté conjoncturelle, la Région a également développé deux outils à destination des entreprises : le « fonds de premier secours » mis au point avec les tribunaux de commerce pour les PME de moins de 25 salariés et « Hauts-de-France Prévention » en partenariat avec la CCI pour les PME de plus de 10 salariés. Ce dernier dispositif, sous forme d'avance remboursable, existait déjà en 2010 mais uniquement sur la métropole lilloise. Doté désormais de 20 millions, il a été étendu à l'ensemble des Hauts-de-France pour des avances remboursables allant de 50.000 à 300.000 euros. Lancé en octobre, près d'un millier de candidats se seraient déjà manifestés pour en bénéficier.

Doubler les aides

L'ensemble de ces coups de pouce régionaux sont cumulables avec les aides de l'Etat. Par exemple, dans le cas de l'entreprise Tim, fabricant de cabines d'engins de chantier basé à Quaëdypre dans l'arrière-pays dunkerquois et finalement repris à la barre du tribunal de commerce par l'industriel bulgare Fil Filipov, la reprise et le maintien de 446 emplois sur 470 ont bénéficié d'une avance remboursable 3,5 millions d'euros de la Région et de 2 millions de l'Etat.

Dans la région des Hauts-de-France, même si le Conseil régional possède la compétence économique en exclusivité, des partenariats sont possibles avec les territoires qui le souhaitent.

« Une vingtaine de conventions sont signées pour le moment, précise Laura Marzouk des questions économiques régionales. Lorsque nous nous mobilisons ensemble, notre force de frappe au profit des entreprises est forcément plus conséquente. »

Car ces territoires mettent évidemment la main au porte-monnaie. La Métropole européenne de Lille (MEL), présidée par Damien Castelain, a par exemple lancé un dispositif de soutien le 1er juin dernier.

Là encore, on trouve des aides à l'implantation et/ou au développement, pour un montant de 3,2 millions d'euros par an (enveloppe amenée à évoluer). Priorité est donnée à l'avance remboursable, pour que l'entreprise puisse être aidée tout de suite, contrairement aux subventions versées au fur et à mesure des investissements et des créations d'emplois.

L'entreprise Jean Caby (251 salariés), qui souhaite aujourd'hui se recentrer sur la saucisse hot-dog pour les grandes surfaces, a été l'une des premières entreprises à obtenir 500 000 euros de la Métropole européenne de Lille pour déménager son usine de production de Saint-André-lez-Lille à Comines, moyennant 20 millions d'euros. Tout comme la société Giroptic et sa caméra à 360 degrés grand public, considéré comme un fleuron de la French Tech en France, a bénéficié d'une avance remboursable de 200.00 euros de la MEL

S'implanter dans la métropole permet aussi de doubler les aides. Vestiaire Collective, leader européen de la vente en ligne de vêtements et d'accessoires mode de luxe en occasion, a également obtenu 275 000 euros d'aide de la Région et 275 000 euros d'aide de la MEL pour l'implantation d'un nouveau centre logistique de Tourcoing, avec création d'une quarantaine d'emplois à la clef. L'entreprise Norlog, proposant des solutions en transport et logistique à Roubaix, a ainsi bénéficié d'une avance remboursable de 200 000 euros, la MEL intervenant de la même façon sur le même montant.

Garanties nécessaires

« Les autres financeurs autour de la table sont souvent rassurés par l'investissement d'une collectivité : les banques, la BPI suivent plus facilement », fait valoir Frédérique Seels. vice-présidente en charge des sujets économiques à la MEL, par ailleurs directrice générale d'une entreprise de fabrication et de construction de bâtiments à ossature en bois à Lys-lez-Lannoy.

Pour avoir droit aux aides, les PME doivent créer 20 emplois minimum, les grandes entreprises 50. L'élue métropolitaine précise : « Nous avons établi une grille de critères, dans laquelle entrent les questions de développement durable, de zones géographiques à prioriser, de création d'emplois, de taille d'entreprise, de type d'activité, de montant du chiffre d'affaires, etc. : par exemple, l'activité industrielle est une priorité. » Une entreprise spécialisée dans la récupération de métaux rares pourrait d'ailleurs s'implanter sur la métropole l'année prochaine.

Pour éviter les déconvenues, Lille Métropole comme le conseil régional ont bien bordé les règles du jeu, en n'oubliant pas d'insérer une clause de remboursement dans le contrat, en cas de non-respect des engagements, à commencer par le maintien des emplois et des investissements.

Par Gaëtane Deljurie, 
correspondante Hauts-de-France pour La Tribune

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Commentaires 3
à écrit le 29/11/2017 à 15:35
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Ce n'est pas aux contribuables de participer à ce genre de financement qui se traduit en général par des pertes financières importantes. C'est une erreur les entreprises doivent se prendre en main et se financer par d'autres canaux.

à écrit le 28/11/2017 à 16:15
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Il faut créer un impôt pour aider les entreprises malades. Je pense que c'est ce qu'ils vont faire.

à écrit le 28/11/2017 à 11:55
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QUe l'argent public serve à soutenir les PME me semble entièrement justifié mais qu'il serve aussi à aider des multinationales comme PSA reste scandaleux, ces multinationales sont détenues par des milliardaires qui ne payent pas d'impôts d'une part e...

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