Les Hauts-de-France jouent la carte de l'IA

La candidature malheureuse de Lille pour un Institut interdisciplinaire en intelligence artificielle (3IA) ne doit pas faire oublier que les Hauts-de-France possèdent un vrai savoir-faire, avec de nombreux laboratoires de recherche et des entreprises comme Adeo, Exotec Solutions, Veolia ou encore Vekia. Certains ont pris la parole lors de la conférence de lancement de l'accord-cadre signé par le Medef Grand Lille.
(Crédits : ACPR)

À Amiens, chez Veolia, le robot Max AI trie déjà les déchets : non seulement il sait faire la différence entre plastique, aluminium et carton mais il est capable de trier 3.600 objets par heure, contre 2.200 pour un opérateur humain. « Seule l'intelligence artificielle peut nous permettre de tenir les objectifs de tri qui nous sont fixés et qui représentent un énorme défi industriel », constate Stéphane Gorisse, directeur régional Nord Normandie chez Veolia Propreté.

La robotisation permet aussi de régler la question des conditions d'hygiène et des tâches répétitives : « Véolia a une ambition de longue date : supprimer le contact de l'homme avec les déchets », résume Stéphane Gorisse. L'entreprise a notamment mis en place un tri téléopéré à partir d'une tablette. « Comme un aiguilleur du ciel, l'opérateur sélectionne les objets sur la tablette : la mise au point de cet outil nous a demandé deux années de recherche, mobilisant des disciplines multiples comme l'ergonomie, la psychologie, le génie mécanique, etc. »

Car si un humain peut rester huit heures derrière un tapis de tri, la concentration s'avère plus difficile derrière une tablette :

« Nous avons réorganisé le travail avec des sessions de 20 minutes derrière l'écran : il faut prendre en compte les impacts de la lumière, du son, voire même de l'isolement du salarié, qui n'a plus sa radio ou ses collègues à côté, sans oublier la gestion de la concentration et du stress. Ce procédé a changé complètement la relation au travail. »

Quant à l'impact sur les emplois, le directeur régional avance que la valorisation des déchets créera sept fois plus d'emplois que l'incinération.

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[Carte] La région des Hauts-de-France dotée de 16 labos d'IA

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Nouveaux métiers

La startup nordiste Exotec Solutions a, elle, révolutionné les entrepôts des e-commerçants : chez son premier client, Cdiscount à Bordeaux, par exemple, une flotte de robots se déplace en trois dimensions pour amener les produits jusqu'aux opérateurs qui n'ont plus qu'à gérer l'emballage.

« Grâce aux Skypod, il est possible de stocker cinq fois plus d'articles car les robots peuvent monter jusqu'à dix mètres. La flotte de robots se déplace à la vitesse de 4 mètres par seconde. L'algorithme calcule le remplissage des bacs et leurs trajets », explique Renaud Heitz, CTO d'Exotec Solutions.

Dans ce cadre, la question de l'interaction hommes-machines se pose. « Les opérateurs ont désormais d'autres missions comme manipuler, inventorier, vérifier. L'ergonomie des postes de travail a été revue. » Pour défendre son produit face à l'argument du risque de destruction d'emplois, Renaud Heitz avance ses arguments : « Notre produit est créé et assemblé en France. Nous étions 25 salariés en 2018 et nous sommes aujourd'hui 60. Nos produits nécessitent une maintenance puisqu'il faut par exemple changer les batteries, entretenir les engrenages, etc., impliquant l'arrivée de nouveaux métiers dans les entrepôts. »

Un autre poids lourd de l'IA, Vekia, est devenu un champion de la donnée : l'éditeur de logiciels d'optimisation de la chaîne logistique destinés aux entreprises du retail et de la grande distribution travaille pour Engie, Eugène Perma, Mr Bricolage, Okaïdi ou encore Orange. La puissance de l'IA développée par Vekia, à travers le machine learning, donne une extrême précision aux supply chain, en permettant de prévoir les ventes.

Dans la même veine, chez Adeo (Leroy Merlin, Bricorama, Weldom, Zodio, Kbane), l'IA se met au service des décisions.

« Le data driven permet d'exploiter au maximum les données, de l'évolution du PIB à l'actualité en passant par la météo, jusqu'au parcours client sur le Web, afin de prendre les bonnes décisions, qu'il s'agisse de réassort, de l'ouverture d'un magasin ou de la conquête de nouveaux marchés », résume Laurent Ostiz, chief data officer.

Pour lui, l'IA doit résulter d'un travail de coopération entre différentes spécialités. « Nous modélisons l'expertise des métiers avec de la data mais c'est un choc culturel très important. Pourquoi les collaborateurs feraient confiance à des algorithmes qui leur proposent des commandes et des clients cibles ? » Adeo doit donc encore travailler sur l'explication des résultats, pour que l'homme apprenne à faire confiance à la machine. Il est peut-être là le plus grand des défis à relever.

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Commentaire 1
à écrit le 20/02/2019 à 16:33
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faut etre dingue pour aller mettre uen boite chez une dame qui est l'ennemi juree des entreprises et de la finance la suite tout le monde la connait

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