Camping-Car Park anticipe l'électrification des camping-cars

Tout en se préparant à accueillir, un jour, des camping-cars électriques, le réseau d’aires d’étape et de services Camping-Car Park fait évoluer ses emplacements pour répondre à la demande d’éco-responsabilité des camping-caristes, des collectivités et de la nouvelle génération, adepte des vans et des fourgons. Le concept rôdé en France depuis dix ans, se déploie en Europe.
En fin d'année 2023, Camping-Car Park comprendra un réseau de 400 aires d'étapes en Europe.
En fin d'année 2023, Camping-Car Park comprendra un réseau de 400 aires d'étapes en Europe. (Crédits : ©Alexandra Koeniguer)

Dans le monde du camping-car, l'électrification des véhicules relève encore du mirage. « Pour l'instant, à chaque nouvelle construction d'aire d'étape, nous anticipons le passage de gaines de façon à pouvoir connecter à l'avenir des bornes de recharge, satisfaire aux ambitions du GIEC et être prêt pour 2035. Mais l'électrification des véhicules, on en est loin ! Ceux qui ont la clé, ce sont les constructeurs», explique Olivier Coudrette, directeur général du réseau d'aires d'étape et de services Camping-Car Park, créé en 2011 à Pornic (44).

Aujourd'hui, à l'exception de l'initiative de Volkswagen qui a lancé, début 2022, un van Combi ID.Buzz tout électrique et connecté ayant une autonomie de 400 km, aucun autre constructeur ne s'est, officiellement, lancé dans l'aventure du camping-car électrique. « A ce jour, nos fournisseurs de châssis (Stellantis, Renault, Mercedes, Ford) ne proposent pas de véhicules utilitaires légers avec une solution électrique digne de ce nom, c'est-à-dire ayant une autonomie suffisante », dit-on chez le fabricant de camping-car Pilote. D'autres préfèrent tout simplement faire le mort quand on évoque la question du remplacement d'engins dont les consommations naviguent entre 11 et 25 litres aux 100 km. Et évidemment peu compatibles avec les objectifs de lutte contre le réchauffement climatique.

La France compterait, selon FFCC (Fédération Française des Campeurs-Caravaniers et des Camping-Caristes), 505.000 camping-cars en circulation pour 1,4 million d'adeptes. Soit un quart de l'Europe. « Mais faute de véhicule, la demande pour l'électrique est inexistante », confirme Olivier Coudrette.

Un changement d'habitudes qui bouleverse le marché

En revanche, de plus en plus de fourgons et de vans sillonnent les routes d'Europe et fréquentent les aires d'étapes. « Ce sont des véhicules utilisés pour le travail et les loisirs qui représentent 50% des immatriculations. Les constructeurs Ford et Stellantis l'ont d'ailleurs bien compris puisqu'ils vont vendre leurs propres fourgons et vans aménagés dans leurs concessions, au même titre qu'une voiture particulière. Les vendeurs de voitures vont entrer directement en concurrence avec les fabricants de camping-cars », note Olivier Coudrette. Cette vraie nouveauté va bouleverser les équilibres du marché. « Plutôt que de commercialiser des châssis, ils vont proposer des engins aménagés et là, leur puissance de frappe n'est pas la même », ajoute-t-il.

Conséquence pour le gestionnaire d'aires d'étape : un rajeunissement de la clientèle et le besoin d'espaces sanitaires et de douches. Après le lancement le 15 avril prochain de « Van Light », une application qui référence les quatre-vingts aires équipées de toilettes et de sanitaires sur son réseau, Camping-Car Park a développé un module spécifique pour offrir ces services à cette population. Cette implantation, progressivement greffée au cours des deux prochains mois, sera accompagnée d'espaces naturels et végétaux pour répondre aux attentes écologistes des adeptes du van. Objectif : avoir trois-cent aires référencées Van Light d'ici à deux ans.

Objectif : 1000 aires d'étape en Europe

Avec une forte demande vers plus d'éco-responsabilité, les comportements évoluent. « Les gens ont tendance à rester plus longtemps à destination, à limiter les sauts de puces. Ils vont plutôt s'arrêter huit fois que dix auparavant, et profitent pour aller visiter les alentours à pied ou à vélo », observe le directeur général de Camping-Car Park.

Considéré comme une véritable bulle d'oxygène et un moyen de respecter les distanciations physiques à l'ère post-covid, le camping-car n'a rien perdu de son attrait. Camping-Car Park, qui revendique d'être le premier réseau européen d'aires d'étape et de services, aura déployé près de quatre cents sites (12.000 emplacements), en dix ans, un peu partout dans l'Hexagone. Il a, l'an dernier, enregistré 2,5 millions de nuitées, soit une hausse de fréquentation de +40% par rapport à 2021. « Nous avons créé quarante nouvelles aires cette année et devrions en implanter cent-dix autres d'ici à la fin de l'année », indique Olivier Coudrette qui ambitionne de constituer un réseau d'un millier d'aires d'étapes d'ici à quatre ans en Europe. L'entreprise vient d'en installer une en Allemagne avec l'objectif d'en avoir dix très rapidement. La Belgique est sur le point d'en avoir trois. L'Espagne cinq d'ici le mois de juin. Le Portugal, trois, avant la saison estivale.

Camping Car Park

Faute d'accueillir des camping-cars électriques, Camping Car Park prévoit le passage des gaines et anticipe l'installation de bornes de recharge électriques. photo©AlexandraKoeniguer

Les collectivités se déchargent au profit de concepts sécurisés et attractifs

Sur un emplacement existant ou à créer, l'investissement peut varier de 10.000 à 400.000 euros (5000 euros/l'emplacement en moyenne), selon les travaux à réaliser. Le financement est, en général, réalisé par la collectivité, voire en partie par l'entreprise, sous la forme d'un co-développement. A cela s'ajoutent 40.000 à 50.000 euros d'équipements. « C'est souvent le moyen choisi par une collectivité pour optimiser un terrain de camping dont l'activité décline », explique le directeur général de Camping-Car Park. A Noirmoutier, dans un ancien camping réaménagé où le nombre d'emplacements a été réduit de 212 à 142 places, la fréquentation se serait envolée de 20%. Pour cela, collectivité et entreprise signent, de fait, une convention d'occupation du sol pour 5, 10 voire 50 ans. En 2022, Camping-Car Park dont le chiffre d'affaires s'est élevé à 15 millions d'euros, dit avoir reversé 7,6 millions d'euros aux collectivités qui lui ont confié la gestion des aires. L'entreprise, suivie par BPIFrance pour financer la dette, estime avoir investi dans 15% à 20% des quatre cents aires d'étape de son réseau depuis dix ans. Et, trois millions d'euros au cours des trois dernières années.

Aires autonomes et économes

Autre exemple, à Ruoms, en Ardèche, où la municipalité a choisi de confier les clés du camping municipal (100 places) à Camping-Car Park. « On s'occupe de tout ; la réservation, la gestion commerciale et des promotions et surtout on leur apporte de la visibilité et on leur enlève le poids des charges salariales de 3 employés », défend Olivier Coudrette. Les aires d'étapes sont sécurisées 24h/24 par une carte d'accès, rechargeable qui fonctionne comme une carte de crédit (vendue 5 euros, valable à vie), d'où sont débitées les consommations d'eau, d'électricité, de Wifi... A ses services de base, s'ajoutent, via une appli, des réductions et bons plans destinés à valoriser les commerces voisins, et à consommer local. Le panier moyen dépensé par ces usagers atteint 56 euros dont 44 chez les acteurs locaux.

Partir à vide, c'est moins de gasoil consommé

La demande d'éco-responsablité incite, aussi, le gestionnaire d'aires à végétaliser les espaces, à installer la 4G et des panneaux photovoltaïques pour les rendre autonomes. Et économes. Pour l'eau notamment. L'entreprise a créé ses propres bornes connectées pour limiter la distribution. Seules les personnes présentes sur l'aire, titulaires d'une carte Camping-Car Park peuvent bénéficier du précieux liquide, à l'image de l'aire de Sarzeau, dans le Morbihan, destinée à devenir 100% responsable. « Avec des autocollants, nous les incitons, par exemple, à remplir leur réservoir d'eau quand ils arrivent sur un emplacement plutôt que lorsqu'ils partent pour éviter les surconsommations de gasoil sur la route », indique Olivier Coudrette, qui prépare la rédaction d'une charte du camping-cariste responsable. « Jamais nous n'éditons de ticket de paiement. Ils sont directement envoyés par mail », précise-il. Et par ailleurs, si une collectivité constate une baisse des consommations d'eau et d'électricité, un montant équivalent à cette réduction sera reversé à une association de protection du littoral. A défaut de rouler à l'électrique, les camping-caristes apprennent les gestes qui sauvent...

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