122 milliards d’euros : le plan colossal de Volkswagen pour accélérer dans l'électrique malgré le blocage allemand

Le constructeur a annoncé un plan de 180 milliards d'euros d'investissement pour les cinq prochaines années dont plus des deux tiers seront alloués à l'électrification et à la digitalisation. À l'heure où les Etats européens s'écharpent sur la suppression des ventes de véhicules thermiques à partir de 2035, le groupe allemand électrifie toute sa chaîne de valeur et compte bien concurrencer les Chinois et les Américains. Explications.
(Crédits : Francois Lenoir)

Une semaine après la décision de l'Allemagne de bloquer le vote sur la fin des voitures thermiques dans l'Union européenne à horizon 2035, le groupe allemand Volkswagen a annoncé des investissements colossaux dans l'électrique. Sur les 180 milliards d'euros d'investissements prévus par le groupe entre 2023 et 2027 122 milliards, soit les deux tiers, seront consacrés à l'électrification et la digitalisation. Une décision claire de la stratégie du constructeur allemand, bien décidé à amorcer définitivement le virage de l'électrique, quelles que soient les décisions politiques.

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« Ce n'est pas une surprise. La majorité de l'industrie automobile a pris la décision d'aller vers l'électrique, observe Olivier Hanoulle, associé spécialisé automobile chez Roland BergerLa surprise est plutôt venue de la proposition de l'Allemagne d'autoriser les moteurs fonctionnant aux carburants de synthèse après 2035 ».

Volkswagen en deuxième position derrière Tesla

Le géant allemand sait qu'il devra mettre les bouchées doubles sur le marché de l'électrique pour concurrencer les constructeurs chinois ou encore le géant américain Tesla. C'est la raison pour laquelle la direction a souhaité rehausser ses investissements de près de 30 milliards d'euros par rapport à ses prévisions de fin 2021. La rallonge s'explique plus par l'accent mis sur la digitalisation que l'électrification en tant que telle. En effet, les logiciels embarqués dans la voiture électrique représentent un nouveau défi d'innovation pour les constructeurs et soulèvent, pour l'heure, de vraies incertitudes.

« Ces 122 milliards d'euros placent Volkswagen sur la deuxième marche du podium des constructeurs en termes d'investissement, derrière Tesla. En général, environ 10% du chiffre d'affaires annuel est alloué à la recherche et développement et aux investissements industriels. Là, nous sommes au-dessus et ce n'est que sur l'électrification et la digitalisation, il y a encore beaucoup d'autres investissements à côté. C'est énorme, ils mettent vraiment les moyens pour basculer vers l'électrique en maîtrisant pleinement la valeur ajoutée associée », insiste l'analyste Olivier Hanoulle.

Volkswagen, comme Tesla, souhaite garder l'essentiel de la chaîne de valeur au sein du groupe, notamment les parties aux fortes valeurs ajoutées telles que le software et la fabrication de batteries. D'autres constructeurs attendent, de leur côté, que ces innovations soient développées ailleurs pour en bénéficier par la suite. Volkswagen mise de son côté sur ces investissements pour gonfler son chiffre d'affaires de 10 à 15% dès cette année.

Des usines de batteries en cascade

Parmi les investissements, la construction d'usines pour la fabrication des batteries tient une place importante. Le groupe a annoncé lundi la construction d'une gigafactory de son entreprise de batteries appelée PowerCo à l'étranger pour 2027. Elle sera positionnée à St-Thomas au Canada, sa quatrième usine au Canada. Le pays est stratégique pour deux raisons : en se plaçant au Canada, le constructeur pourra bénéficier indirectement des avantages de l'IRA du plan Biden. Autre raison, le Canada est l'un des pays avec de vastes ressources minières et fossiles ainsi qu'un prix de l'énergie plus faible qu'aux Etats-Unis. Sur le vieux continent, Volkswagen a également annoncé six usines de batteries électriques en Europe sans détailler les projets et trois d'entre elles sont planifiées en Suède, Allemagne et Espagne.

Une voiture électrique sur cinq vendues d'ici à 2025

Ces usines viendront alimenter un parc électrique en forte progression. Volkswagen estime en effet que « dès 2025, un véhicule sur cinq vendus dans le monde » sera électrique. Une prévision réaliste pour les analystes étant donné que le marché du véhicule électrique est passé de 2% à 13% du total des ventes automobiles en quatre ans en Europe. Cette part sera largement au-dessus de 20% en Europe tout comme en Amérique du Nord et en Chine, mais probablement plus basse ailleurs dans le monde.

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Selon les prévisions du groupe, les véhicules électriques devraient représenter 11% des ventes cette année contre 7% en 2022. Pour y parvenir, le constructeur allemand mise sur la Chine, certes son premier marché en chiffre d'affaires, mais qui reste difficile à pénétrer sur le segment des voitures électriques en raison de la concurrence des constructeurs nationaux. Sur ces territoires, la « guerre des prix » est plus que jamais d'actualité, initiée par Tesla, et Volkswagen compte suivre le mouvement. Le groupe a décidé de baisser de 19% le prix de son modèle de SUV ID.4 électrique en Chine en ce début d'année et a annoncé la vente de sa compacte électrique ID.3 à moins de 40 000 euros dès fin mars en Europe.

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