Décarbonation : du carburant d’aviation durable à l’aéroport Saint-Nazaire Montoir

Après Clermont-Ferrand, Grenoble et Toulon, c’est au tour de la plateforme aéroportuaire de Saint-Nazaire Montoir située en Loire-Atlantique, également gérée par Vinci Airports, d’utiliser du carburant d’aviation durable. Une nouvelle mesure qui s’inscrit dans le nécessaire verdissement du transport aérien.
Depuis cet été, le carburant d’aviation durable est utilisé pour avitailler le Beluga d’Airbus.
Depuis cet été, le carburant d’aviation durable est utilisé pour avitailler le Beluga d’Airbus. (Crédits : ©Aéroport_Saint-Nazaire Montoir)

Pour atteindre la neutralité carbone en 2050, les avions vont devoir progressivement abandonner le kérosène, trop polluant. Parmi les solutions « à court terme » pour avancer sur le chemin de la décarbonation : le carburant d'aviation durable, souvent désigné par son acronyme SAF (sustainable aviation fuel). « La réglementation oblige les compagnies aériennes à intégrer 2% de biocarburant en 2025, 5% en 2030 et 32% en 2040. C'est tout une filière qui doit se mettre en œuvre », répond à La Tribune Xavier-Mortat-Jacob, directeur de l'aéroport Saint-Nazaire Montoir qui est la quatrième plateforme gérée par Vinci Airports à utiliser ce biocarburant.

Du carburant vert pour avitailler les Bélugas

Vinci Airports, opérateur de l'aéroport Saint-Nazaire Montoir, s'est donc associé à TotalEnergies, dont le partenariat a été annoncé le 27 novembre dernier, pour mettre à disposition du carburant d'aviation durable sur la plateforme aéroportuaire située en Loire-Atlantique.

Ce biocarburant (avant mélange) est produit sur les sites de La Mède dans les Bouches-du-Rhône et d'Oudalle en Seine-Maritime à partir de déchets et résidus issus de l'économie circulaire, comme des huiles de cuisson usagées. Ce précieux liquide est ensuite mélangé à hauteur de 30% avec du kérosène classique pour le reste. Il possède les mêmes spécificités et certifications techniques que le kérosène classique et peut ainsi être utilisé directement dans les aéronefs, sans modification des moteurs ni des infrastructures.

Airbus, principal client de l'aéroport Saint-Nazaire Montoir avec le fameux Beluga XL en service depuis 2019, utilise désormais ce carburant alternatif pour l'avitaillement des Bélugas, ces avions cargos qui servent au transport quotidien de tronçons de fuselage entre son usine de production de Saint-Nazaire et les chaînes d'assemblage de Toulouse, à raison de trois à quatre rotations par jour.

Ce carburant est également utilisé depuis cet été par la navette Airbus opérée par Air Corsica transportant chaque jour des employés et sous-traitants du constructeur entre Saint-Nazaire et Toulouse.

Des économies de CO2 pouvant aller jusqu'à 27%

À l'état pur, ce biocarburant permet une réduction des émissions de CO2 jusqu'à 90% sur l'ensemble du cycle de vie, en comparaison avec son équivalent fossile. Le biocarburant ainsi mélangé offre quant à lui une réduction des émissions de CO2 pouvant aller jusqu'à 27% au global.

Cette nouvelle mesure s'inscrit dans la stratégie de l'aéroport nazairien qui a, selon son directeur, déjà réduit les émissions de CO2 liées à l'activité de l'aéroport de 28% sur les trois dernières années. Pour y parvenir, plusieurs actions ont été menées : « meilleure gestion des températures, utilisation d'éclairage à LED, détecteurs de présence, installation de réflecteurs sur les vitres, équipements moins énergivores, utilisation de gaz naturel pour alimenter les bus de plateforme,... », énumère Xavier-Mortat-Jacob. Selon qui l'aéroport a ainsi obtenu le niveau 3 du programme de certification Airport Carbon Accréditation.

Poursuivre le déploiement

Avec l'aéroport de Saint-Nazaire Montoir, Vinci Airports qui se positionne comme précurseur en la matière poursuit ainsi le déploiement de carburant d'aviation durable sur son réseau qu'il propose déjà dans ses aéroports de Clermont-Ferrand, Grenoble et Toulon, en sus de Londres Gatwick qui est devenu en 2021 le premier aéroport de son réseau à mettre des biocarburants durables à disposition des compagnies pour les vols réguliers.

L 'opérateurs aéroportuaire, qui gère 70 plateformes dans 13 pays, souhaite que le déploiement de SAF soit « progressif » afin de continuer à limiter l'impact carbone des trajets en avion sur son réseau (scope 3) en parallèle des actions menées (1) sur le périmètre des activités propres à ses aéroports (scopes 1 et 2) depuis 2016. « C'est une direction vers laquelle l'ensemble du réseau travaille », poursuit le directeur de l'aéroport Saint-Nazaire Montoir, sans en dire plus.

Et produire davantage de SAF

De son côté, TotalEnergies indique fournir en offre permanente du carburant contenant du SAF sur les aéroports de Paris Le Bourget, Clermont Ferrand, Bordeaux et Saint-Nazaire Montoir, mais aussi dans le cadre d'opérations ponctuelles, sur l'aéroport de Nice, Lyon, et Paris-Charles de Gaulle. Par ailleurs, du carburant contenant une portion plus faible de SAF (moins de 30%), directement acheminé par les pipes provenant de la raffinerie de Normandie, est également utilisé sur l'aéroport d'Orly.

Pour répondre à l'appel de ses clients aéronautiques de produire davantage de carburant aérien durable, le fournisseur précise qu'il transforme actuellement sa raffinerie de Grandpuits en Seine-et-Marne (investissement de 400 millions d'euros) en une unité qui permettra de produire 210.000 tonnes de SAF par an dès 2025 puis 75.000 tonnes supplémentaires à partir de 2027. Dès 2028, TotalEnergies estime qu'il sera en mesure de produire un demi-million de tonnes de SAF couvrant ainsi l'augmentation progressive des mandats européens d'incorporation de carburant aérien durable fixés à 6% à horizon 2030.

(1)  Déploiement de centrales photovoltaïques pour la production d'énergie renouvelable, modulation carbone avec une redevance plus attractive pour inciter les compagnies aériennes à renouveler leur flotte, programmes de reforestation, investissements dans l'hydrogène vert pour les véhicules de piste...

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Commentaire 1
à écrit le 05/12/2023 à 19:43
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Des biocarburants qui vont empiéter sur les terres cultivables pour l'alimentation humaine et animale, donc les prix de l'alimentation vont augmenter. Pas sûr que ça soit très durable

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