Enedis accompagne la transition énergétique de l’Île d’Yeu

L’Ile d’Yeu s’accroche au compteur Linky pour expérimenter de nouveaux usages et faire sa mue environnementale. Avec un taux d’équipement de 98%, l’île est devenue une terre d’expérimentation pour le gestionnaire du réseau de distribution d’énergie Enedis où émergent production locale, autoconsommation et mobilité intelligente.
Enedis a installé 6.286 compteurs Linky l’île Yeu depuis juillet 2019. Avec un taux d'équipement de 98% et son caractère insulaire, l'île devient une terre de prédilection pour les expérimentations liés à la transition énergétique.
Enedis a installé 6.286 compteurs Linky l’île Yeu depuis juillet 2019. Avec un taux d'équipement de 98% et son caractère insulaire, l'île devient une terre de prédilection pour les expérimentations liés à la transition énergétique. (Crédits : Frédéric Thual)

Après le temps du déploiement, c'est l'heure de l'optimisation du réseau pour Enedis, qui vient de mettre en service le dernier des 6.286 compteurs Linky installés sur l'île Yeu depuis juillet 2019. « Un taux de déploiement de 98% quand il atteint un peu plus de 80% au plan national », se félicite Eric Salomon, directeur client d'Enedis. L'intégration de ce nouvel outil est cruciale à l'île d'Yeu, reconnue « Territoire à Énergie Positive pour la Croissance Verte » par l'État en 2015, engagée dans la mission « Transition énergétique, Yeu 2030 », qui vise les économies d'énergie, l'efficacité énergétique, et le développement des énergies renouvelables (EnR). Alimentée depuis 1982 par trois câbles sous-marins de 20.000 volts long de 18 kilomètres, reliés au continent, l'île, dont la production locale compte 1% de la consommation d'électricité contre 15% en moyenne dans les Pays de la Loire et en France, est devenue un territoire d'expérimentation et un accélérateur d'innovation pour Enedis.

Le gestionnaire du réseau de distribution d'électricité vient de signer une convention avec la municipalité pour accélérer la transition énergétique sur un territoire habité par 4.967 habitants et une population de 25.000 personnes en été. Et parmi les 2.000 à 3.000 véhicules qui circulent sur l'île, 10% sont déjà passés à l'électrique. Un taux supérieur à la moyenne qui prouve aussi la sensibilité des habitants pour la gestion de l'énergie et les besoins grandissants du territoire. « Les questions énergétiques et environnementales sont essentielles dans les îles », rappelle Bruno Noury, le maire de l'île d'Yeu, qui butte, depuis des années, sur un projet de développement d'une centrale de panneaux voltaïques à la pointe des Corbeaux, au Sud-Est de l'île, sur un ancien centre d'enfouissement de déchets inutilisés depuis trente ans. « Un terrain isolé de 5 hectares qui permettrait d'assurer 30% de la consommation de l'île » indique Bruno Noury, empêché par une « loi littoral » qui impose « que toute nouvelle urbanisation doit se faire en continuité des habitations existantes ». Ses démarches auprès des ministères de la transition écologique n'ont pour l'heure pas abouties. « On nous oppose des réponses techniques alors que c'est un sujet politique », déplore-t-il.

La moitié des habitants ont choisi le tarif heures creuses

En attendant une fenêtre de tir plus favorable, Enedis lui apporte son soutien pour mieux gérer l'existant. En 2019, déjà, le gestionnaire du réseau de distribution a initié une expérimentation de de modulation des heures creuses et des heures pleines. Sur le poste d'atterrage de la pointe des Corbeaux, centre névralgique d'Enedis, qui irrigue les réseaux moyenne et basse tensions de l'île, « On est passé d'un système de télécommande par fréquences musicales, rigide et limité, à une gestion agile et pointue des données qui a permis d'étaler les heures creuses par plages de dix minutes. Résultat, les pics de consommation réputés pour faire appel à l'énergie carbonée ont été lissés et ont permis aux usagers de réaliser des économies. A l'avenir, cela permettra aussi d'absorber les productions locales », indique Josselin Boursier, directeur départemental d'Enedis Vendée. A l'île d'Yeu, 50% des habitants ont choisi de basculer vers le tarif heures creuses, offrant huit plages de connexions par jour, à tarif préférentiel. « Avant , les anciens compteurs nous permettaient de capter une ou deux données, qu'il fallait aller relever deux fois par an, aujourd'hui ce sont des milliards de données transmises instantanément, en temps réel, sans intervention humaine », ajoute Gilles Rollet, Directeur régional d'Enedis Pays de la Loire. « La gestion des datas, c'est le fil rouge », reconnait-il.

Structurer pour réguler les consommations

Ce dispositif, en cours de déploiement dans l'hexagone, a aussi permis, à Engie, en partenariat avec Enedis, le syndicat de l'énergie de Vendée (Sydev), l'association Elise...., de mettre en œuvre la première opération de partage de production et d'autoconsommation dans l'Ile avec vingt-trois foyers équipés de soixante-quatre panneaux photovoltaïques en toiture. Cinq maisons consomment leur propre production et une est équipée d'une batterie pour stocker le surplus d'énergie. Un premier pas dont le déploiement à plus grande échelle imposera, là aussi, de revoir les contours du Plan Local d'Urbanismes (PLU). Car, la convention de transition énergétique signée début octobre entre Enedis et la municipalité ogienne doit permettre d'aller plus loin dans le développement du photovoltaïque. « Outre des conseils fournis à la collectivité, elle offre un accès à la plateforme E360° qui lui donneront des repères pédagogiques, des informations de production en temps réel, l'évolution de la consommation sur l'île, la définition de segments de clientèle... tout en préservant le caractère personnel des données, qui demeure la propriété des usagers », indique Josselin Boursier. Cet outil doit aussi faciliter la mise en œuvre d'un projet autour de la mobilité électrique associant Enedis, le fabricant de bornes de recharge intelligentes Qovoltis (350 bornes en France) et la startup Mobilize, filiale de Renault. Cette dernière développe un véhicule Zoe capable de fonctionner en charge ou en injection de l'énergie, vers un autre véhicule (V2G) utilisé comme une unité de stockage ou vers un domicile (V2H), selon les besoins et les heures de consommation. Une solution de régulation qui intéresse de près le loueur de vélos et de voitures électriques local l'Auto-Bécane qui dit réfléchir à investir dans cinq véhicules électriques pour mieux gérer ses besoins en électricité. Le projet expérimental et collaboratif devrait être lancé en 2022.

 Enedis atteint ses objectifs

 A ce jour, 33,6 millions de compteurs ont été installés dans l'hexagone. « Si nous ne sommes plus dans les pics de 2018-2019 où nous installions 30.000 compteurs jours- ce serait plutôt 20.000 actuellement-, nous atteindrons l'objectif des trente-cinq millions d'unités en fin d'année », observe Eric Salomon, directeur client d'Enedis. Les derniers déploiements s'échelonneront jusqu'en 2023-2024 pour satisfaire aux exigences de la Loi « Electricité » qui imposait 100% en 2024. L'amortissement prendra dix ans. « Et les 5.000 plaintes déposées contre la pose de compteurs Linky ont toutes été déboutées » assure le gestionnaire du réseau de distribution d'électricité. Mieux, l'industrialisation de la pose de ces compteurs intelligents portée par soixante-douze entreprises sous-traitantes aurait coûté près 4 milliards au lieu des 4,5 milliards budgétés. « La stratégie de la tâche du léopard, qui consistait à s'étendre à partir d'un point, a porté ses fruits. C'est ce qui a fait l'efficacité du dispositif, et permis de réduire les coûts d'installation, en reconvertissant des releveurs de compteurs en installateurs », observe-t-il.

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