Énième polémique autour du compteur Linky. Un article du Parisien, publié le 31 mai et citant une source proche du dossier, évoque la possibilité, pour le consommateur équipé du compteur communicant vert pomme, de devoir payer "jusqu'à 15 euros supplémentaires sur sa facture annuelle pour les sept ou huit prochaines années" (soit un montant entre 105 à 120 euros). Une possible hausse aussitôt démentie par le régulateur de l'énergie (la CRE) et par Emmanuelle Wargon, la ministre déléguée chargée du Logement.
"Linky ne fait pas augmenter la facture du consommateur d'électricité. Le chiffre évaluant l'impact de Linky à 15 euros par an sur la facture du consommateur, et qui a pu être repris dans la presse, est infondé", affirme la CRE dans un communiqué de presse.
L'article du quotidien national revient également sur le mécanisme du différé tarifaire, mis en place par la CRE pour le financement de ce projet industriel d'envergure : 32 millions de compteurs posés sur un total attendu de 35 millions. Ce mécanisme doit permettre de synchroniser les coûts d'investissement, immédiatement engendrés lors du chantier, avec les économies tirées de l'installation des compteurs, qui, elles, sont attendues une fois le déploiement terminé.
Le Parisien explique que, via ce mécanisme qui doit entrer en action en 2022, ce n'est pas Enedis qui remboursera les coûts d'investissement en question, mais les consommateurs. Or, "en septembre 2011, au moment du lancement du chantier, Éric Besson, alors ministre de l'Industrie et de l'Énergie, n'hésitait pourtant pas à affirmer à notre journal que le nouveau compteur Linky ne coûterait 'pas un centime aux particuliers'", rappelle le quotidien.
Remboursement différé et répercuté sur le Turpe
Les coûts d'investissement seront effectivement répercutés sur le "Turpe", grande composante de la facture d'électricité des consommateurs, liée à l'utilisation des réseaux. Mais, "les économies associées au déploiement du compteur évolué Linky compensent les coûts d'investissement du projet", précise la CRE. "Le différé tarifaire permet un lissage et évite ainsi d'engendrer une hausse du Turpe au moment du déploiement du programme, puis une baisse à l'issue", complète Enedis dans un autre communiqué.
Autrement dit, le début du remboursement, à partir de 2022, ne devrait pas se traduire par une facture plus salée pour les consommateurs, grâce aux économies générées par le déploiement de Linky.
"Les économies de charge prévues sont bien au rendez-vous, et donc incluses dans le tarif. Et donc, je vous le répète, les consommateurs ne paieront pas un coût supplémentaire dû à Linky", a assuré Emmanuelle Wargon, la ministre déléguée chargée du logement, lors d'une session de questions au gouvernement mardi 1er juin.
Quid d'une réduction des factures ?
La ministre a, par ailleurs, rappelé que, parmi les foyers équipés du compteur Linky aujourd'hui, 8 millions surveillaient leur consommation d'électricité permettant "des économies d'énergies" et donc "une réduction des factures". Un argument souvent avancé par Enedis, mais nuancé par Anne-Sophie Dessillons, directrice adjointe des réseaux à la CRE. Interrogée sur ces gains possibles par Le Parisien, elle répond : "C'est possible, mais nous manquons encore d'études suffisamment solides pour l'affirmer."
La Cour des comptes avait, par ailleurs, critiqué en 2018 le programme à 5,7 milliards d'euros, estimant que les gains pour le consommateur étaient insuffisants.
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