Lhyfe, roi de l’hydrogène vert renouvelable, lève 50 millions d’euros

Un an après avoir posé la première pierre de son centre de R&D et de sa première unité de production, Lhyfe, pionnier de l’hydrogène vert renouvelable, vient d’inaugurer l’industrialisation de son procédé à Bouin, en Vendée. Il annonce une levée de fonds de 50 millions d’euros pour accélérer son développement. Les premiers cas d’usages se mettent en place en Pays de la Loire.
Lhyfe a investi 10 millions d'euros pour bâtir son centre de production et de R&D à Bouin (85) et mener au bout son process d'industrialisation de hydrogène produit à partir d'énergies renouvelables
Lhyfe a investi 10 millions d'euros pour bâtir son centre de production et de R&D à Bouin (85) et mener au bout son process d'industrialisation de hydrogène produit à partir d'énergies renouvelables (Crédits : DR)

L'hydrogène vert et les finances coulent à flots pour Lhyfe. La startup ligérienne inaugurait, à Bouin (85), jeudi 30 septembre, son centre de R&D, son premier site de production et l'industrialisation de son procédé. Et elle a annoncé avoir levé cet été 50 millions en série A pour accélérer le développement d'hydrogène vert à partir d'énergie renouvelable.

Outre les partenaires historiques (Noria, Ovive (Groupe Les Saules), Ouest Croissance, Océan Participations et la SEM Vendée Energie), qui ont -à l'exception de Vendée Energie- accepté de reconduire leur participation financière, la jeune entreprise a vu l'arrivée du fonds d'investissement Swen Capital Partners et de la Banque des Territoires, dont la hauteur des participations n'a toutefois pas été dévoilée.

Des filiales en Italie, Danemark, Allemagne...

Trente millions sont fléchés vers le développement des équipes de recherche et le staff commercial et vingt pour la dotation en fonds propres du site de Bouin et des filiales en Italie, Danemark, Allemagne... et l'accompagnement des projets internationaux. Lhyfe qui emploie 60 personnes aujourd'hui devrait doubler son effectif en 2022. « L'hydrogène renouvelable est une priorité du plan de relance et un enjeu clé pour traiter la nécessaire décarbonation de nos sociétés...», a déclaré Emmanuel Legrand, directeur du département de la Transition énergétique et écologique de la Banque des Territoires. Celle-ci s'engage « à financer tous les sites de productions déployés en France par Lhyfe », et accompagne également le projet VHyGO (Vallée Hydrogène Grand Ouest) dans l'Ouest de France. Budgété à hauteur de 38 millions, la phase 1 de ce projet bénéficie du concours de l'agence de la transition écologique Ademe pour 14 millions d'euros.

Coordonné par Lhyfe, VHyGO entend déployer dix sites de production (5tonnes/jour), vingt stations-services en Pays de la Loire, Bretagne et Normandie. Objectif : que toute entreprise ou collectivité se situe à moins de 100 km d'un site de production d'hydrogène renouvelable, disponible à moins de 8 euros/kg à la pompe d'ici 2030 et réduire l'empreinte carbone du territoire en évitant 50.000 tonnes de CO2 d'ici 2024.

 Dupliquer le modèle dans tous les départements

 Abaisser le prix de l'hydrogène à la pompe de 12 à 15 euros le kilo, aujourd'hui, à 8 euros ou 9 euros est un des nombreux chantiers engagés par Lhyfe qui, le 12 août dernier, a produit ses premiers kilos d'hydrogène à Bouin. En capacité de produire 300 kg par jour, Lhyfe devrait porter sa production à une tonne/jour au cours des prochains mois. « Après avoir résolu les problèmes techniques les uns après les autres et poussé la recherche pour aller au bout de l'industrialisation, nous avons réussi à purifier un hydrogène vert à 99,999% pour satisfaire aux exigences des constructeurs automobiles. Nous allons capitaliser sur ce savoir-faire pour produire à un cout compétitif », indique Matthieu Guesné, fondateur de Lhyfe, qui a investi 10 millions d'euros dans cette opération menée tambour battant dont 50% pour la seule R&D.

« Il y a tout juste un an, on posait la première pierre. C'est rare les projets qui vont aussi vite. Parfois, il faut attendre dix ans, parfois, on ne les voit jamais aboutir », s'est félicitée Christelle Morançais, présidente de la région des Pays de La Loire, dont la feuille de route de 100 millions d'euros vise à faire émerger une filière hydrogène sur son territoire. «Il s'agit maintenant de dupliquer le modèle dans tous les départements français et d'accélérer sur les usages», rappelle Matthieu Guesné, qui se dit avant tout « vendeur d'hydrogène vert».

Mathireu Guesné - Lhyfe

Mathieu Guesné, fondateur de Lhyfe

Des professionnels du transport et du BTP veulent expérimenter l'H2

A ce jour, l'entreprise compte quatre clients dans les Pays de la Loire : l'Automobile Club de l'Ouest engagé sur la création d'une station-service à hydrogène au Mans, le syndicat de l'énergie vendéen Sydev qui devrait inaugurer une multi-station (biogaz, recharge électrique et hydrogène) début novembre, à la Roche sur-Yon où un bus à hydrogène et des bennes à ordures doivent être mises en service et deux projets portés par des entreprises privées, de plus en plus curieuses vis-à-vis de cette nouvelle source d'énergie propre.

Plus rapide qu'une charge électrique, un plein offre aussi une plus grande autonomie. Cinq à six kilos d'hydrogène permettraient de rouler 500 à 600 kilomètres. C'est ce qui a incité la société de travaux publics Charier, engagée dans une démarche de réduction de ses émissions de carbone à se pencher sur cette solution.

«Nos engins de chantier consomment chaque année 13 millions de litres de gas oil. C'est 70% de notre bilan carbone de scope 2 », explique Valery Ferber, qui s'apprête à investir dans un tracteur à hydrogène de 350 CV et dans une solution de station mobile, conçue par la société nantaise Europe Technologies pour lancer une expérimentation sur le chantier de réaménagement du port de la Turballe.

Ce tracteur devrait consommer 20 à 30 kilos d'hydrogène par jour. « Pour l'instant, les freins sont la distribution et le prix. Pour nous, sur ce chantier, l'investissement est trois fois supérieur à ce qu'on ferait avec un équipement à énergie fossile, mais ça fait partie de l'expérimentation », reconnait-il.

Même raisonnement chez le transport DB Schenker (6.000 employés - 3.000 véhicules et un chiffre d'affaires de 1,4 milliard d'euros en 2021), spécialisé dans la messagerie, qui s'apprête à investir prêt d'un million d'euros dans la création d'une station-service et deux tracteurs de 44 tonnes, dont le rétrofitage est confié au spécialiste vendéen e-Néo.

« L'électrique convient pour les petites distances mais ce que l'on cherche, c'est d'avoir une autonomie de 500 kilomètres pour assurer des liaisons interagences », explique Eric Micheneau, coordinateur de la stratégie bas carbone de DB Schenker, qui co-construit son plan de décarbonation avec l'Ademe, sur le point d'engager un partenariat avec Lhyfe. « Pour nous, c'est aussi le moyen d'entrer dans l'économie circulaire en donnant une seconde vie à des véhicules de plus de cinq ans que les transporteurs envoient, généralement, en Afrique ou dans les Pays de l'Est où les parcs sont saturés», dit-il. Pour Lhyfe, la vente d'hydrogène devrait lui permettre de générer un chiffre d'affaires de 2,5 millions d'euros en 2023.

Le savoir-faire à l'international

Parallèlement, grâce à l'expertise acquise à Bouin, Lhyfe entend déployer son savoir-faire - produire de l'hydrogène vert à partir de l'eau et d'une production d'énergie renouvelable (solaire, éolien, biogaz...) sur une soixantaine de projets internationaux, pour la plupart en cours d'instruction, dont un tiers en France.

D'ores et déjà, Lhyfe a été choisie pour participer à la construction du parc industriel danois « GreenLab », l'une des premières zones d'essai énergétique officielles et réglementaires en Europe. Au Danemark toujours, Lhyfe a intégré le consortium GreenHyScale dont l'objectif est d'ouvrir la voie à un déploiement à grande échelle de l'électrolyse à terre et en mer avec la mise au point d'un électrolyseur de nouvelle génération de 100 MW.

La jeune entreprise est également engagée autour de deux projets off-shore pour aller chercher des zones de vents plus conséquentes. L'un autour de la plateforme d'essai Sem-Rev créée au large du Croisic par l'école centrale de Nantes avec le projet SeaLhyfe, l'autre en mer du Nord. Ce dernier fait l'objet d'un partenariat signé en septembre dernier avec Aquaterra Energy, un des leaders dans les solutions d'ingénierie offshore globales, et l'entreprise de forage pétrolier et gazier Borr Drilling pour développer le projet « Haldane », un projet innovant de production d'hydrogène vert à l'échelle industrielle en mer, grâce au déploiement d'un système d'électrolyse sur une plate-forme jack-up convertie.

Après un récent projet décroché au Portugal, Lhyfe pourrait annoncer de futurs chantiers en Italie, en Allemagne et au Royaume-Uni dans les prochains mois.

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Commentaire 1
à écrit le 03/10/2021 à 16:45
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Que de pub et d'arnaque sur l'hydrogène... si cela était une évidence pourquoi autant de question?

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