Star de l’été, le vélo accélère dans la région nantaise

SÉRIE TOURISME- PAYS DE LA LOIRE (4/5). Soutenu par le gouvernement avec un coup de pouce donné à la réparation, encouragé par les volontés écologistes des métropoles, plébiscité par des Français redoutant la promiscuité des transports collectifs, le vélo est devenu la star de l’été. A Machecoul (44), La Manufacture Française du Cycle, fermée pendant le confinement, a relancé la production à plein régime pour répondre à une demande inédite.
La Manufacture Française du Cycle (MFC) produit 450.000 vélos dont 100.000 électriques (VAE) par an. Elle a multiplié par trois sa production quotidienne pour répondre à une forte demande sur tous les segments, qu'ils soient musculaire ou électrique.
La Manufacture Française du Cycle (MFC) produit 450.000 vélos dont 100.000 électriques (VAE) par an. Elle a multiplié par trois sa production quotidienne pour répondre à une forte demande sur tous les segments, qu'ils soient musculaire ou électrique. (Crédits : MFC)

+ 175% de trafic en semaine, + 75% le weekend à Nantes. Selon la start-up tourangelle Geovelo, spécialisée dans le calcul des itinéraires à vélo, les pistes cyclables nantaises n'ont jamais été aussi fréquentées que depuis le déconfinement. «Même si certains points sont à affiner pour améliorer la cohabitation des piétons et des cyclistes, tous les aménagements tactiques que nous avions préconisé à Nantes Métropole ont plutôt bien fonctionné. Notre impression visu vient d'être confirmée par ces chiffres. Et l'envie de faire du vélo s'est transformée en acte d'achat. Au point que l'on constate des pénuries dans tous les types de vélo », constate Annie-Claude Thiollat, Présidente de l'association Place au Vélo et vice-présidente de la Fédération Française des Usagers de la Bicyclette (FUB). A Machecoul (44) où la Manufacture Française du Cycle (MFC) produit 450.000 vélos dont 100.000 électriques (VAE) par an, David Jamin, DG du leader français, le confirme. « C'est une tendance de fond qui porte sur tous les segments ».

Un mouvement amplifié par la crise

Contraint de cesser la production pendant le confinement en raison de la fermeture du réseau de distribution (1.000 points de vente) et des nécessaires précautions sanitaires, MFC a finalement relancé la machine fin avril, après un mois et demi d'arrêt, et la mise en place de règles sanitaires strictes. «Seul le développement de futurs produits avait pu être maintenu avec quelques personnes en télétravail ». Un coup dur à l'aube de la saison du cycle où de nombreux stocks se sont accumulés.

Mais, à partir du 11 mai, alors que la production reprenait à 40% de sa capacité, les ventes ont grimpé en flèche. Au fil des semaines, portées par le discours politiques, la communication autour du vélo et les nécessaires gestes barrières en faveur du deux roues, les commandes se sont accélérées. Au point de créer des bouchons logistiques. Les besoins d'expéditions portaient sur 6.000 à 8.000 vélos jours quand seuls 4.000 vélos réussissaient à quitter l'entreprise. Pour répondre à la demande, l'entreprise élargit ses recrutements. La production habituellement établie à 800 vélos par jour passe à plus de 2.200 unités jour entre fin mai et fin juin. Si la crise sanitaire explique en partie ce phénomène, pour David Jamin, « elle ne fait qu'accélérer un mouvement bien plus profond. On a fait en deux mois ce qui nous aurait pris trois à quatre ans. Le vélo devient une vraie solution de déplacement. Et notre mission, c'est de faire des vélos pour tous », indique le dirigeant de cette entreprise centenaire, qui a vécu des hauts et des bas, jusqu'à ce que la coopérative de commerçants Intersport décide, en 2013, de la sortir de l'ornière d'un dépôt de bilan. A l'époque, MFC produisait péniblement 130.000 vélos par an et employait 170 personnes. « Nous sommes aujourd'hui plus de 500 », précise le patron de MFC, venu du monde de l'industrie, il y a six ans, pour relancer la machine.

Conforter la croissance pour aller en Europe

Si le premier objectif visait l'accompagnement de la croissance d'Intersport sur le marché du vélo, à travers la conception et la fabrication de sa propre gamme Nakamura, la coopérative de commerçants voit beaucoup plus loin. En 2014, déjà, le rachat de la marque Sunn lui a permis de prendre une place de choix dans le haut de gamme. Parallèlement, MFC est devenu l'un des leaders français du vélo électrique en concevant et fabriquant des modèles pour tous les concurrents d'Intersport, les grandes surfaces, le vélo urbain et la location longue durée, marché emblématique sur lequel l'entreprise fournit les Velib à Paris et les Bicloo (Decaux) à Nantes.

Enfin, l'entreprise développe une activité de négoce de pièces détachées et d'accessoires auprès de ses clients distributeurs de cycles, qui compte pour 5% à 10% du chiffre d'affaires (124 millions d'euros en 2019). Fortement mise à contribution avec le coup de pouce vélo donné par le gouvernement, cette activité aurait presque doublé et obligé l'entreprise à mettre ses équipes en 2X8. « On s'est battu pour assurer des livraisons en 24 à 48 heures, même si certains revendeurs ont dû attendre les pièces une semaine. Si, déjà, les gens se mettent au vélo, c'est bien. Quand ils y auront goûté, ils voudront des machines plus performantes », estime David Jamin.

Depuis la reprise en 2013, Intersport a injecté 20 millions d'euros pour concevoir une usine capable de produire un vélo enfant à 79,90 euros, une large gamme de VTT musculaires dont les prix oscillent de quelques centaines à quelques milliers d'euros jusqu'à un vélo électrique haut de gamme à 6.000 euros... « On pense à l'ensemble de la famille et notamment au vélo électrique», rappelle David Jamin, dont la R&D planche sur la connectivité et l'intégration de plus en plus discrète des batteries. D'autant qu'avec ses modèles Premium, le leader français du cycle envisage d'aller taquiner ses concurrents étrangers sur leur territoire. « En Allemagne, sans doute, en Europe du Sud et du Nord. Nous avons maintenant les moyens de rivaliser », estime le dirigeant, qui n'exclut pas un agrandissement de l'unité de production pour accompagner ses ambitions de croissance. « Nous aurons besoin d'augmenter nos capacités », dit-il, disposant de 33.000 m² de terrain où l'usine occupe 12.000 m².

Un enjeu touristique

« Quand une pratique dure, elle finit par s'installer », se félicite Annie-Claude Thiollat. « Les grèves avaient eu un premier impact, les gestes barrières viennent le renforcer. Ensuite, les gens vont chercher à mieux s'équiper », dit-elle. Ce sera l'un des enjeux de la prochaine « Faites du Vélo » à Nantes, initialement prévue en juin et finalement reportée au 13 septembre prochain. Un rendez-vous festif à travers et au-delà de l'agglomération nantaise voulu pour faire découvrir les aménagements cyclables et les bonnes pratiques qui draine 5.000 à 8.000 personnes chaque année. «Selon nos observations, Nantes figure dans le peloton de tête derrière Paris et Bordeaux pour la pratique du vélo depuis le déconfinement. Mais ce qui la distingue des autres villes françaises, c'est la fréquentation le week-end et la durée des trajets. Sans doute parce qu'elle se situe au carrefour des itinéraires de la Loire à Vélo et la Vélodyssée. Ce qui montre que le vélo est aussi un enjeu touristique», remarque Antoine Laporte Weywada, fondateur de Geovelo, dont l'application a enregistré 120.000 téléchargements à l'issue du confinement contre 550.000 en trois ans. Pour ces cyclotouristes, épicuriens et adeptes ses marchés locaux, le panier moyen des dépenses atteindrait 65 à 75 euros contre 40 à 50 euros pour un conducteur automobile... CQFD !

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 4
à écrit le 08/08/2020 à 16:21
Signaler
Ce serait bien qu'un modérateur fasse le ménage sur l'article concernant la menace agro-industrielle, responsable de la mort directe de 159 personnes, merci. https://www.latribune.fr/economie/france/nitrate-d-ammonium-la-france-representait-8-de-...

à écrit le 07/08/2020 à 13:54
Signaler
Il y a pas photo, les vélos sont plus chers que les Chinois mais avec un tel niveau de qualité et de fiabilité qu'en fin de compte ils reviennent moins chers. J'en ai donné un vtc à mon fils, un 28 pouces, il l'a électrifié, moteur dans le pédalier,...

à écrit le 07/08/2020 à 9:54
Signaler
C'est super le velo quand il faut aller au boulot sous la pluie et en hiver, je vous dis pas. Les francais sont a mourir de rire, continuez....

le 11/08/2020 à 13:30
Signaler
oui, c'est mieux quand on est en voiture bloqué dans les embouteillages.

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.