Pays de Loire : l'irrésistible ruée vers l'Ouest

Comme Rennes, sa voisine bretonne, Nantes accueille chaque année de nombreux arrivants, séduits par les plages de l'Atlantique mais surtout attirés par une économie et une démographie très dynamiques. La ville endosse sans complexe son statut de capitale régionale et joue un rôle moteur pour tout le Grand Ouest.
Reuters

« Bien que nous soyons une agence nationale, nous avons laissé notre siège social ici, en raison de la qualité de vie ». Comme Olivier Lombard, directeur de l'agence digitale OPA, de nombreuses entreprises et grands groupes se sont implantés dans la métropole nantaise, conscients de ses réels atouts, dont ils vont pouvoir tirer profit. Orange, par exemple, a lancé sa première offre 4G à Nantes pour « accélérer le développement des entreprises dans une ville déjà plébiscitée pour sa qualité de vie » dixit la directrice d'Orange Ouest, France Heringer-Jallot. Autre exemple récent et significatif : France Sécurité s'apprête à ouvrir sa plus grande plate-forme de distribution de matériel de protection, aux portes de la ville. Là encore, pour des raisons évidentes de bien-être des collaborateurs, mais aussi pour des raisons géographiques. Car l'autre grande chance de Nantes demeure sa localisation. L'agglomération se trouve au c?ur d'un large Grand ouest, à l'épicentre de l'Arc atlantique, espace ainsi défini par l'Europe pour désigner l'ensemble des régions qui bordent le littoral.
Quatrième communauté urbaine pour sa croissance démographique, la métropole ligérienne accueille près de 20000 nouveaux habitants par an, fruit d'une communication habile de la ville qui profite pleinement de la proximité de l'Atlantique et de son air iodée. Conséquence également de l'effet TGV, qui met la métropole à seulement deux heures de Paris : « Cela a réveillé la belle endormie » explique Ghislain de la Gâtinais, un des meilleurs experts du territoire nantais.

Cinq mille entreprises créées en 2011

Nantes est sortie de sa chrysalide dans les années 1990, boostée par un marché de l'immobilier un peu moins inflationniste qu'à Paris et un dynamisme économique bien réel. Résultat : la métropole a gagné en moins de dix ans près de 50000 habitants. Avec une population de 600000 habitants, en croissance de 5% par an depuis 1999, certes loin derrière les grandes métropoles européennes, son statut de « petite parmi les grandes et grande parmi les petites » est aujourd'hui très apprécié. Nantes a été sacrée championne des villes à taille humaine dans une récente enquête de L'Express.
Héritière d'un tissu d'entreprises spécialisées dans l'aéronautique et la construction maritime, tirées par de puissantes locomotives que sont STX, Alsthom et Airbus, l'agglomération a su adapter son industrie sans pour autant négliger d'autres secteurs comme la santé, les biotechnologies, le numérique, et l'agroalimentaire. En pleine crise, cette diversification semble payer, puisque Nantes crée plus d'emplois qu'elle n'en détruit et continue d'attirer chaque année de nouvelles enseignes. Avec plus de 6000 créations d'établissements dont 5000 entreprises en 2011, « Nantes se place au premier rang des grandes agglomérations de plus de 500000 habitants » rappelle son maire, Patrick Rimbert. Preuve également de cette effervescence, les nombreux chantiers de construction dans la ville, véritable cauchemar pour les automobilistes et les commerçants.

Nantes et St-Nazaire, la culture du consensus

Nantes la bourgeoise s'est métamorphosée en une ville dynamique. Désignée « Capitale Verte » en 2013 par la Commission européenne, elle sait que son développement passe aussi par l'international et l'ouverture sur l'Europe. L'Aéroport Notre-Dame-des-Landes, malgré la guérilla juridique menée par ses farouches opposants, pourrait voir le jour en 2018. Cette infrastructure « doit permettre de répondre à une fréquentation toujours plus forte, l'actuel aéroport tendant à la saturation » arme Eric Delobel, directeur général adjoint d'Aéroports du Grand Ouest (Groupe Vinci).Enfin, si Nantes a souvent les yeux tournés vers l'Est pour lutter contre son désenclavement, elle sait aussi que son avenir passe par l'extrême ouest et le port de Saint-Nazaire. « L'un et l'autre sont indissociables » affirme Jean-François Gendron, le président de la Chambre de Commerce et d'Industrie Nantes Saint-Nazaire. Fusion des CCI, rapprochement des ports, pôle de compétitivité... les deux villes se sont unies dans une culture du consensus et du partage de valeur qui feraient presque oublier les luttes de classe entre les cols bleus des ouvriers nazairiens et les cols blancs des bourgeois nantais. C'était il y a bien longtemps...

Nantes lance sa monnaie locale

«Il ne s'agit en aucun cas de concurrencer l'Euro», prévient Pascal Bolo, l'adjoint au maire en charge des finances. Cette initiative, unique en France et inspirée de la banque suisse WIR, sera lancée au second semestre 2013. Elle vise à favoriser les échanges entre les entreprises, confrontées à des problèmes de trésorerie. Concrètement, il n'y aura pas d'échanges de monnaie mais la possibilité pour elles d'adhérer à un fond de 28 M géré par le Crédit Municipal de Nantes. Les adhérents à ce fond disposeront d'un compte libellé en «unités de compte interne (UCI)» qui leur permettra de payer ou d'être payé sans sortir de liquidités de leur trésorerie. Cela doit permettre de «détendre la pression monétaire» selon l'expres-sion de l'élu nantais. Cette monnaie entièrement virtuelle sera néanmoins indexée sur le cours de l'Euro. Ce projet avait été lancé à l'initiative de Jean-Marc Ayrault quand il était maire de la ville. Plusieurs monnaies ont déjà été lancées en France ces dernières années comme L'Occitan à Pézenas, ou l'Heol à Brest. Mais cette initiative, qui vise aussi à terme les particuliers, est une première dans une grande agglomération.

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