Nantes : la Cantine Numérique entièrement ravagée par un incendie

Un violent incendie a entièrement détruit les locaux de la Cantine Numérique dimanche 20 novembre à Nantes. Très vite, l'écosystème numérique nantais s'est mobilisé sur les réseaux sociaux pour trouver des solutions d'accompagnement et de relogement.
Il aura fallu plus de deux heures aux 122 pompiers nantais armés de 49 engins incendie pour venir à bout du brasier qui s'est déclaré dans un îlot enclavé du quartier de la Madeleine dans le centre-ville de Nantes.

[ Article publié le 21 novembre 2016 à 16h35, mis à jour à 19h47 ]

« Les amis, la Cantine numérique #Nantes c'est fini, mais la team reste debout. On vous en dit plus rapidement. #tristesse #incendie », tweettait dès 22h30 dimanche soir, Adrien Poggetti, directeur de l'association Atlantic 2.0, gestionnaire de la Cantine numérique nantaise, entièrement détruite par un incendie, dimanche 20 novembre.

Il aura fallu plus de deux heures aux 122 pompiers nantais armés de 49 engins incendie pour venir à bout du brasier qui s'est déclaré dans un îlot enclavé du quartier de la Madeleine dans le centre-ville de Nantes. Ici se trouvait le cœur de l'écosystème numérique nantais. Un lieu de co-working, d'échanges et d'animation, installé sur 750 m² depuis 2011 dans un ancien relais de poste réhabilité par l'agence In Situ Architecture et Environnement. L'endroit était fréquenté quotidiennement par une centaine de startupers et d'entreprises du web. Deux appartements voisins ont été touchés et deux îlots menacés. Dix-sept personnes ont dû être relogées par la ville.

Mouvement de solidarité

Très vite, les témoignages de sympathie et d'encouragement se sont multipliés sur les réseaux sociaux. Ce mouvement de solidarité a vu la naissance d'un Google Docs, créé par Simon Robic, co-fondateur de Bring.fr et membre de la Cantine numérique, permettant de proposer des solutions de relogement.  En quelques heures, plus de 200 propositions émanant de startups, de PME, de grands groupes ou d'acteurs économiques institutionnels pour des postes de travail, des bureaux, des salles de réunions, ont été mises en ligne.

Pour l'heure, rien ne permet de dire si l'origine de l'incendie est accidentelle ou criminelle. En tout état de cause, le lieu est complètement détruit. De son côté, le syndic de copropriété a déposé plainte auprès des services de police. Un expert pourrait être mandaté par le parquet.

La cantine demain ?

Dès aujourd'hui, au lendemain de l'incendie, Adrien Poggetti a réuni une cinquantaine d'utilisateurs de la Cantine pour dresser le bilan et évoquer la prise en charge par la société d'assurance, dont le contrat de la cantine numérique venait d'être renouvelé il y a un mois. Interrogé par le quotidien Ouest-France, Adrien Poggetti, qui recherche un nouveau lieu, se déclarait inquiet pour la suite de l'association Atlantic 2.0 dont l'une des ressources provenait de la location de bureaux, de salles de réunions et d'animations. Au point que le patron de la structure évoquait le lancement d'une possible campagne de crowdfunding (financement participatif) pour accompagner son redéploiement. Celui-ci a, néanmoins annoncé que tous les évènements programmés par la Cantine étaient maintenus. Une réunion s'est tenue dès ce lundi après-midi entre des acteurs du numérique, la maire de Nantes, Johanna Rolland, et Adrien Poggetti, par ailleurs délégué général de la Nantes Tech, qui a dans la nuit reçu le soutien d'Axelle Lemaire. Car, outre la "seule" Cantine numérique, adhérente au réseau national des Cantines, l'association Atlantic 2.0 organise près de 200 évènements par an. Elle est à l'origine du festival du numérique Web2days, des Startup Week-end, et pilote la représentation de la French Tech à Nantes. C'est donc l'un des emblèmes du numérique à la nantaise qui vient de partir en fumée.

Aller vite pour préserver "l'ambiance et le mode collaboratif"

« Il s'agit surtout de veiller à préserver la dynamique de l'écosystème. Pour cela nous menons un recensement des structures disponibles de manière à pouvoir retrouver l'ambiance et le mode collaboratif jusque-là déployés par la cantine », a expliqué Johanna Rolland en détaillant que, à court terme, Nantes Métropole mettait à disposition de la centaine de startupers et/ou de la quinzaine de structures, 57 places au sein du Quartier de la Création. « Car l'un des risques est de voir les jeunes startupers partir travailler chez eux et de voir se perdre l'esprit qui régnait à la cantine», reconnaît Adrien Poggetti.

Financièrement, Nantes Métropole et la région des Pays de la Loire cherchent à s'accorder sur un dispositif permettant d'intervenir avant les mécanismes assurantiels pour aller vite et éviter les ruptures. Enfin, la Métropole réfléchit à la mise en place d'une subvention exceptionnelle d'équipement qui pourrait être votée très rapidement lors du prochain conseil métropolitain pour permettre le remplacement du matériel. Concernant les données stratégiques, aucune n'aurait semble-t-il été perdue, grâce aux sauvegardes, notamment sur le Cloud.

Le cœur de la dynamique numérique nantaise est touché

Devenu un axe majeur de développement pour la politique métropolitaine, le numérique a vu le nombre d'emplois de ce secteur croître de +5,3% par an depuis 2010. Il emploie à ce jour 22.000 personnes, soit 7,7% de l'emploi métropolitain. Ce serait deux fois plus que la moyenne nationale. Nantes occupe ainsi la troisième place des agglomérations françaises, derrière Lyon et Toulouse. Signe de cette dynamique, engagée et en partie soutenue par la Cantine numérique inaugurée en 2011 par Jean-Marc Ayrault, ce secteur compte 1.863 établissements, en croissance de 12,9% par an, annonce une récente étude de l'Auran (Agence d'Urbanisme de la région nantaise). En 2014, Nantes Métropole, qui concentre 71% de l'emploi de la filière numérique régionale, a ainsi été labellisée French Tech, comme neuf autres métropoles françaises cette année-là.

La Cantine numérique devait rejoindre le quartier de la Création au sein des Halles, l'un des grands projets structurants de la métropole nantaise, dont la réhabilitation en cours doit être achevée pour 2018. D'ici là, la Cantine Numérique doit trouver une solution temporaire.

Par Frédéric Thual,
correspondant de La Tribune pour les Pays de la Loire

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Commentaires 2
à écrit le 22/11/2016 à 15:55
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Il n'y a aucun doute sur le fait qu'il s'agit d'un incendie criminel.

à écrit le 21/11/2016 à 20:40
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Tiens on reloge plus vite les startups que les sans abris ou les migrants ...

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