Financement des entreprises : il est urgent de rétablir la rentabilité des PME

[VIDEO] Le banquiers ont-ils resserré le robinet du crédit aux entreprises, notamment pour financer leur trésorerie, ou bien y a-t-il une réduction de la demande même de financements ? Pour en débattre, Acteurs de l'économie a réuni le 22 mai à Lyon, experts, économistes, banquiers et haut-fonctionnaires. Force a été de constater que le choix des banques comme uniques boucs émissaires n'est pas forcément pertinent.
De gauche à droite : Philippe Mabille, directeur adjoint de la rédaction de La Tribune, Jean-François Carenco, le préfet de Région, préfet du Rhône, Rémy Weber, PDG de CIC Lyonnaise de Banque, Jean-Hervé Lorenzi, président du Cercle des économistes, et Patrick Martin, président du directoire de Martin Belaysoud Expansion. © DR

Y a-t-il en Europe un réel « credit crunch », y a-t-il un vrai problème de financement des fonds propres des entreprises ? Quelles voies peuvent suivre les acteurs privés et bpifrance pour être plus efficaces ? Autant de questions cruciales qui ont été abordées le 22 mai à Lyon lors du débat animé par La Tribune (vidéo ici), mais organisé par Acteurs de l'économie qui avait réuni, devant un parterre nourri de chefs d'entreprises, financiers et personnalités, Jean-François Carenco, le préfet de Région, préfet du Rhône, Patrick Martin, président du directoire de Martin Belaysoud Expansion, Rémy Weber, PDG de CIC Lyonnaise de Banque, et Jean-Hervé Lorenzi, président du Cercle des économistes.

Ce dernier a planté le décor avec ce rappel : « Les chiffres de la Fédération des banques françaises attestent que le montant des crédits a baissé dans la zone Euro, en partie à cause des pays en grande difficulté, mais pas en France. On ne peut évoquer de « credit crunch » massif ». En revanche, le professeur d'économie de Paris-Dauphine a affirmé qu'« une analyse plus fine montre que les TPE et PME ont plus souffert que les grands groupes ».

Une nuance partagée par Rémy Weber. Pour le PDG de CIC Lyonnaise de Banque, « l'encours de crédit a encore augmenté en 2013 », mais, a-t-il précisé « un ralentissement du flux est à déplorer », dû selon lui à la règlementation très contraignante - Bâle 3 ou Solvabilité 2 -, mais aussi à une faible demande des entreprises en matière d'investissements : « Nous accordons des crédits longs dans l'immobilier, par exemple, mais les entreprises ne nous sollicitent pas beaucoup pour les biens d'équipements, car elles sont dans une phase d'attente ».

Des maux profonds

Le choix des banques comme uniques boucs émissaires n'est donc pas forcément pertinent. « Elles ont des coûts de structures élevés, donc si l'immobilier ou le crédit à la consommation baissent, je ne vois pas pourquoi elles freineraient sciemment le crédit aux entreprises », a reconnu l'industriel Patrick Martin. La crise est structurelle, a martelé Jean-Hervé Lorenzi, qui a rappelé que « le taux d'investissement a décru dans les pays de l'OCDE et que le vieillissement de la population induit une certaine aversion au risque ». Selon lui le vrai problème se situe au niveau de la rentabilité des entreprises françaises, qui depuis 30 ans affichent 12 points de marge de moins que leurs homologues européennes.
« La conséquence ? Peu de capacité d'autofinancement, des fonds propres réduits, des banquiers méfiants et une moins bonne valorisation. La rentabilité des entreprises est le vrai sujet », a estimé l'économiste. La crise est donc plus qu'une crise bancaire, a souligné le préfet de région, Jean François Carenco. Toutes les solutions de financement des PME doivent donc être utilisées.

Alternatives diverses à explorer

Car la bourse n'a pas fonctionné pendant des années. « Nous ne sommes plus capables de donner des tickets inférieurs à 50 millions d'euros », s'est inquiété Jean-François Carenco. Le haut-fonctionnaire attend de voir les effets de la bourse des PME récemment lancée par Nyse Euronext, qui doit permettre du financement aux PME et des sorties aux financeurs.

Patrick Martin cite aussi les obligations, désormais à la portée des ETI. Autre piste, il y a 300 milliards d'épargne des Français qui peuvent aussi être mieux aiguillés sur les PME, notamment via l'assurance vie, selon Jean Hervé Lorenzi : « Le rapport Berger-Lefebvre ne va pas assez loin. Il faudrait garantir dans le contrat que l'on rend une somme à la fin, et non à n'importe quel moment, ce qui fait sauter la contrainte de liquidité comme dans le contrat « euro-croissance » ».

Bpifinance : le grand espoir

L'autre grand espoir pour le financement des entreprises repose sur bpifrance. Patrick Martin se moque de ces superstructures et s'inquiète des « interférences politiques malsaines ». Au contraire, Jean-Hervé Lorenzi s'est voulu confiant : « bpifrance c'est à 80% Oséo, un outil intelligent. De plus le FSI est utile car beaucoup de pépites ont eu vocation à se vendre aux Etats-Unis. CDC Entreprise est une mécanique qui a fait ses preuves, en particulier avec les fonds de fonds ».
C'est la mission précise de bpifrance qui doit être tranchée. « Ségolène Royal a posé la bonne question. Bpifrance doit-elle soutenir les canards boiteux ou rechercher des TRI élevés ? », a demandé Rémy Weber, avant de préciser qu' « accompagner des entreprises qui marchent est une action que les acteurs privés peuvent faire. Aider à fluidifier l'aide bancaire comme dans le mécanisme Oséo est plus pertinent qu'entrer en concurrence avec le privé ». Mais quoi qu'il en soit, une chose est certaine, a insisté le PDG de CIC Lyonnaise de Banque : « Les 10 millions de PME en Europe ont créé 85% des emplois en 10 ans. Les efforts doivent se concentrer sur elles ».
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Commentaire 1
à écrit le 10/06/2013 à 12:08
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L obligation de mettre en place , aux frais des PME, une complementaire pour tous les salariés va surement ameliorer leur rentabilité ! Par ailleurs , on parle de fonds propres insuffisants , j'ai joué le jeu de modérer fortement les dividendes de ma...

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