Les nouvelles pratiques de la ville intelligente

Espaces de coworking, réseaux surveillés à distance, immeubles à énergie positive : toutes les composantes de la smart city évoluent. Les opérateurs français doivent s’adapter rapidement avant que d’autres leur soufflent ces marchés naissants.

À Paris, le Numa (ex la Cantine) a été le premier des incubateurs de start-up à proposer des espaces de coworking. Une pratique qui a largement essaimée, au point que Numa a abandonné ce service : « la Cantine faisait 300 M2, le Numa 1500, et pourtant nous sommes déjà un peu serrés » précise Claudio Vandi, directeur des programmes d'innovation. L'incubateur historique va chercher l'espace à l'étranger, avec l'ouverture récente ou à venir de Numas à Moscou, Casablanca et Bangalore.

Selon Antoine Frérot, pdg de Véolia, la smart city a fait naître trois types de progrès : plus d'efficacité, la possibilité de créer de nouveaux services et la naissance de collaborations qui n'existaient pas auparavant. « L'efficacité, c'est truffer les équipements de capteurs pour les analyser en temps réel et relier des types d'infrastructures qui se parlent peu, comme l'eau et l'électricité ». Pour le patron de Véolia, « les abonnés au service de distribution de l'eau peuvent par exemple recevoir une information sur leur portable en cas de surconsommation et donc peut-être de fuite. Côté propreté, certains ont mis en place une logistique inversée : les camionnettes de livraison repartent avec des déchets ». Les usagers des services du groupe envoient désormais des photos de déchets abandonnés ou d'incidents aux agents de Véolia.

De promoteur immobilier à offreur de service

Les promoteurs immobiliers voient leur métier évoluer avec l'adoption de ces nouvelles pratiques. Bouygues Immobilier, qui a été le premier à inaugurer un immeuble à énergie positive en 2007 à Meudon, se lance dans les espaces de coworking avec Nextdoor, une nouvelle génération d'espaces professionnels pour les entreprises en milieu urbain. «Nous avons ouvert cet espace de 2600 m2 à Issy les Moulineaux. Il s'agit de proposer des bureaux flexibles, proches des transports, où l'on est plus décontractés qu'en entreprise et donc plus performants. Il a été rempli en six mois au lieu de deux ans comme on le prévoyait » décrit  Frank Hélary directeur général Logement Île de France de Bouygues Immobilier. Carmen Santana, cofondatrice de l'agence Archikubik, évoque sa propre expérience : « nous avons fondé il y a 20 ans un espace transdisciplinaire avec du coworking dans un bâtiment de 900 m2 que nous avons colonisé petit à petit. Vingt ans après, les grands groupes nous imitent ». Ces nouveaux lieux sont-ils pérennes ? Pas pour Antoine Frérot pour qui « il n'est pas certain qu'ils perdurent. Aujourd'hui, on en a besoin. Mais les échanges via les technologies de l'information s'effectuent sans présence physique. Un jour, peut-être n'aura-t-on plus besoin de lieux. L'économie numérique sera alors véritablement réalité ».

L'influence des attentats

Les récents événements tragiques qui se sont déroulés à Paris vont-ils influencer la manière dont les gens travaillent et se déplacent dans la ville ? Pour Carmen Santana, « après les attentats, beaucoup de gens ont demandé à travailler de chez eux. Or, les entreprises ne se sont pas écroulées. Le travail se transforme ».

Des nouveaux usages rationnels

Pour le pdg de Véolia, tous ces nouveaux usages qui se mettent en place via le numérique sont « très rationnels : moins chers, plus pratiques, plus rapides. La différence avec les usages précédents est forte et ça va tout pulvériser. Les industriels ont intérêt à s'y faire rapidement ou ce seront les GAFA qui l'emporteront. Une nouvelle relation interactive avec les usagers est en train de naître avec les objets connectés. Ceux qui la captureront auront la meilleure part de la valeur ajoutée, comme l'ont fait AirBnB et Uber dans leurs secteurs respectifs. Les autres deviendront leurs sous traitants ».

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Commentaire 1
à écrit le 10/12/2019 à 16:56
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