JO 2024 : ces frères jumeaux qui ont tracé l'itinéraire de la flamme

Avant de gérer le parcours de la flamme olympique, Mathieu et Romain Caubin travaillaient pour le Tour de France.
Mathieu et Romain Caubin à Aubervilliers, le 18 avril.
Mathieu et Romain Caubin à Aubervilliers, le 18 avril. (Crédits : Sebastien Leban pour La Tribune du Dimanche)

Lorsqu'ils traverseront des villages joyeux et décorés, des façades des maternelles jusqu'aux jardins des maisons de retraites, Mathieu et Romain Caubin ne seront pas dépaysés. Avant de devenir les responsables des opérations du relais de la flamme, l'un pour la métropole, l'autre pour l'Outre-Mer et les Jeux paralympiques, les jumeaux ont écumé les routes en fête du Tour de France, œuvrant au tracé du parcours de la caravane publicitaire ou au montage des Villages d'arrivée de la course.

« Je suis un amoureux du Tour, c'est très fort à vivre, pose Romain. Pourtant, je sais que cette expérience du relais de la flamme sera encore plus marquante ». A ses côtés, ce jour-là au siège d'un comité d'organisation (Cojop) qu'ils fréquentent quand leurs déplacements en province leur en laissent l'occasion, Mathieu acquiesce : « Ça va être ouf ! On le sent sur le terrain. Dans la plupart des départements, le passage de la flamme est le seul moment où les habitants vont voir un bout de JO. C'est hyper important. Et, avec notre accent du Sud-Ouest, on incarne ça : le fait que les Jeux, ce ne sera pas seulement Paris ». Au « fin fond » de l'Amazonie, où passera la flamme, Romain raconte avoir croisé des Guyanais qui lui ont dit : « On a eu Sarkozy en 2012, mais rien depuis ».

Lire aussiSondage JO 2024 : les Français pas encore piqués aux Jeux

Cols mythiques et études brillantes

Les frères Caubin ont rejoint l'aventure olympique en septembre 2022. Nul besoin d'être un chasseur de tête de haut vol pour avoir repéré ces experts des événements itinérants. Nés à Lannemezan (Hautes-Pyrénées) il y a 33 ans, ils ont grandi à Loudenvielle entre plusieurs cols mythiques du Tour de France (Peyresourde, Aspin...) qu'ils ont grimpés à vélo en tous sens. Et ont appris le métier au contact de leur père, organisateur bénévole de la Route de l'Occitane, tout en menant des études brillantes. Sciences Po Toulouse pour Romain, Master en économie entre Toulouse et la Thaïlande pour Mathieu.

La bascule vers la Grande Boucle s'est opérée naturellement, autant que la suivante, vers le relais de la flamme. L'organisation de ces événements hors stade a beaucoup en commun, et pas seulement le convoyage et le parcage de véhicules de grande taille. L'organisateur y est locataire d'un espace public qu'il doit savoir privatiser avec intelligence, en restant à l'écoute des élus, des forces de l'ordre, des pompiers dont il faut laisser la caserne accessible, et de bien d'autres encore, comme l'établissement français du sang qui veut conserver une route ouverte vers l'hôpital.

« Cette dimension est importante, mais ce n'est pas tant la logistique qu'on a appris du Tour, resitue toutefois Mathieu. Des techniciens capables de faire des plans au millimètre, il y en a plein ».

La richesse de leur expérience est plus inattendue : « Ce que j'ai surtout appris, c'est la façon d'être du directeur, Christian Prudhomme, embraye Romain. Il faut être un ami partout, avec tout le monde, les collectivités territoriales et les services de l'État. Ça permet de construire quelque chose de populaire, léger, lié au sport et au terroir, autour duquel on peut se rassembler. Ça permet aussi de surfer sur la rareté des événements gratuits qui se déplacent jusque sur le pas des portes des gens ». Ces comparaisons ont des limites : « Le Tour, c'est dix fois le relais de la flamme. Ce sont 4.000 à 5.000 personnes qui se placent chaque jour sur plus ou moins 200 kilomètres. Le relais, c'est 20 kilomètres par jour, et 400 à 500 personnes ». Ce qui ne signifie pas que le défi logistique est enfantin. « Monter la flamme à la frontale au mont Canigou avec un départ du refuge à 3 h 30, en amenant la sécurité et les médias, ce n'est pas si simple », s'amuse Mathieu.

Des arbitrages serrés

La Grand-Messe de juillet est rodée. Le relais a dû s'inventer, avec son convoi principal stoppé quatre fois par jour dans les principales communes traversées, et son second convoi, plus léger, chargé de gagner les sites touristiques et patrimoniaux plus durs d'accès. Il a dû aussi s'adapter.

« Au Tour de France, on connaît la taille des convois, explique Mathieu. Sur le relais, elle a doublé depuis les premières hypothèses, en raison du renforcement de la sécurité. Mais on s'était déjà engagé devant les collectivités à passer à certains endroits. C'est aujourd'hui très compliqué de trouver de nouveaux parkings plus grands et proches des parcours. »

La construction du tracé diffère également. « Sur le Tour, on trace une étape entre deux villes candidates, mais entre les deux, on travaille seuls, avec beaucoup de liberté malgré quelques contraintes identifiées, souligne Romain. Pour le relais, on s'est mis autour de la table avec les villes et les départements, parfois des préfectures et on a dit : que voulez-vous ? On a parfois répondu : "C'est possible d'y passer", d'autre fois "non", et tout ça a pris du temps ».

À la clé, des arbitrages parfois serrés, souvent gagnés par les collectivités, soucieuses d'en avoir pour leur argent, 180 000 euros réglés au comité d'organisation. « Mais les retours qu'on a, c'est que tout le monde est content de travailler ensemble », assurent Mathieu et Romain Caubin. La preuve à partir de mercredi ?

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.