Epargner pour sa retraite... en faisant ses courses

Smart Good Things, une société cotée sur Euronext Access + ayant pour ambition de faire progresser l'économie bienveillante, a lancé un nouveau concept qui permet d'alimenter une cagnotte en vue de compléter par la capitalisation de la consommation la retraite du détenteur. Explications avec le fondateur et Pdg, Serge Bueno.
(Crédits : Istock)

Si le projet a été intitulé « Le projet fou » par ses initiateurs, il est en fait tout à fait sensé. Et s'inscrit dans un contexte de contraintes budgétaires, pour l'Etat comme pour les ménages. Pour le premier, difficile de faire plus sur les pensions de retraite, alors que la pyramide des âges est de plus en plus déséquilibrée. Pour les deuxièmes, en particulier les moins bien lotis, difficile d'épargner pour agrémenter la pension versée par les caisses publiques. Au-delà de ce constat, c'est en fait une autre situation qui a incité Serge Bueno, fondateur et Pdg de la société Smart Good Things, à imaginer un nouveau dispositif avec son compère Tony Parker.

« Qui me donne de l'argent ? »

« Depuis des années, les tensions entre les industriels et la grande distribution se résolvent, parfois au bénéfice des uns, parfois au profit des autres, mais toujours sur le dos des consommateurs, dit-il. En somme, les ménages donnent de l'argent aux premiers comme aux deuxièmes, mais sans en tirer de véritables avantages. Finalement -  et c'est la question posée : pourquoi les consommateurs ne seraient pas parties prenantes de ces sociétés en tant qu'actionnaires ! En fait, je me suis toujours demandé une chose : 'je donne de l'argent, mais qui m'en donne à moi ?'. » Pis, enchaîne-t-il, « les promotions que l'on me propose génèrent 46 % du gaspillage alimentaire total, selon les données Eurostat ». Bref, on achète, on achète, parce qu'il y a des promotions - pour jeter ensuite...

Commission du distributeur reversée

Comment faire pour rationaliser les achats et surtout, faire en sorte qu'ils servent aux consommateurs à long terme ? C'est là que l'idée du projet fou entre en jeu. « Au même titre que les cartes de crédit ou les tickets restaurant dématérialisés, il existe déjà des cartes cadeaux à utiliser dans certains magasins, explique Serge Bueno. La carte prépayée digitalisée, qui est un véritable moyen de paiement, permet de faire ses courses dans l'enseigne qui la diffuse (plus de 1000 enseignes sur leprojetfou.fr) et notre choix a été de reverser la majeure partie des montants de nos commissions dans le Compte Epargne Consommation Retraite créé par Smart Good Retraite, filiale de Smart Good Things. »

« De fait, les enseignes de la grande distribution confient à des grossistes la commercialisation de leurs cartes cadeaux, explique Serge Bueno. Smart Good Retraite se met au milieu, devient lui-même distributeur des cartes pour ces grossistes, et à ce titre, chaque enseigne rétribue Smart Good Retraite avec une commission sur la transaction. ».  En général, les spécialistes  de la vente de cartes cadeaux gardent une bonne partie de cette commission . « L'originalité de notre business modèle tient au fait que nous reversons quasiment l'intégralité de cette commission aux consommateurs », poursuit le dirigeant de Smart Good Things.

Déjà, quelque 1000 enseignes, dont Casino, Auchan, Carrefour, Ikea, la Fnac et Leroy Merlin, se sont embarquées dans l'aventure, sans oublier Intermarché, qui l'a rejointe de façon exclusive, à la mi-décembre. Dans les points de vente Intermarché, les clients pourront acheter une carte prépayée pour régler leurs achats directement en caisse et chaque achat permettra de mettre 4 % du montant chargé sur la carte dans la cagnotte.

Et Serge Bueno se prend à rêver. Une fois ce système adopté par de nombreux consommateurs, l'argent, qui sera reversé pour eux sur un Plan Epargne Retraite ou tout autre produit d'épargne longue durée et géré en fonction de leur profil (jeune ou âgé, 'sécuritaire' ou plus disposé à prendre des risques),  pourrait permettre aux consommateurs, ayant de manière simple augmenté leur pouvoir d'achat, de devenir généreux à leur tour en reversant à des fondations, des associations, etc. pour soutenir des projets liés à la lutte contre le dérèglement climatique ou la justice sociale. « Les montants pourraient être colossaux et l'impact tout aussi colossal ! », s'exclame-t-il. Enfin, dernier rêve que caressent Serge Bueno et Tony Parker : que les grandes chaînes de magasins cessent de dépenser des fortunes pour des promotions sur des produits qui finissent à la poubelle... et les mettent au service du projet fou en créant un nouveau mode de coupons : Le Boost Retraite.

Mais avant cela, cette solution d'épargne sans effort, fondée sur une consommation raisonnée et utile, viendra sécuriser les futurs retraités et renforcer, d'une certaine façon, le système de retraite public par répartition et permettra ainsi une vraie augmentation de pouvoir d'achat. Il rendra par exemple possible un maintien à domicile plus long en finançant les services à la personne nécessaires.

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