Florence Allouche-Ghrenassia, le défi de l’innovation

Lauréate du Prix Trajectoire HEC au Féminin dans la catégorie Grand Parcours, Florence Allouche-Ghrenassia a réalisé un « switch» professionnel qui l’a menée tout droit à la présidence de SparingVision. Elle compte aujourd’hui parmi les rares femmes à la tête d’une biotech.
Valérie Abrial

« Un switch, ça ne se programme pas. Ce sont les circonstances de la vie, les rencontres, les passions qui sont bien souvent annonciateurs du changement », raconte celle qui tient néanmoins le premier rôle dans ce « nouveau tome de l'histoire » comme elle aime à l'exprimer. Car bien plus qu'une page qui se tourne, un chapitre qui se termine, c'est un nouvel opuscule que Florence Allouche-Ghrenassia a lancé en juin 2016 en créant et en prenant la présidence de SparingVision, une spin off de l'Institut de la Vision à Paris. Un long chemin parcouru pour cette diplômée de la Faculté de Pharmacie (1990) et d'HEC (EM 2012), ayant exercé quelques temps en officine, puis dans l'industrie et la biologie médicale.

La recherche comme ADN

Il faut dire que Florence Allouche-Ghrenassia aime les challenges. Déjà en 2000, elle n'hésite pas à relever celui que lui propose le Professeur Laurent Degos, hématologiste réputé, et accepte de développer une structure de transfert et de valorisation de l'Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP). Sur le modèle de ce qui existe aux Etats-Unis, les Technology Transfer Office, véritables lanceurs de brevets et incubateurs de startups, Florence créé l'Office du Transfert de Technologie & des Partenariats Industriels de l'AP-HP. L'OTT&PI est chargé de la détection, la protection et le transfert industriel des innovations issues des services et des équipes de recherche de l'AP-HP. Démarrée seule, avec Florence à sa tête, l'expérience est plus que fructueuse : 16 ans plus tard, l'OTT&PI compte 15 personnes et peut se targuer d'avoir déposé plus de 900 brevets, permis l'émergence de 70 startups et de générer 27 millions d'euros de recettes annuelles.

« Pendant des années, j'ai porté mon engagement à l'AP-HP dans la valorisation de l'innovation et la création d'entreprises. L'OTT&PI est une véritable pépinière dans laquelle sont incubées des startups très innovantes. En réalité, l'innovation a toujours été un fil rouge dans ma carrière », poursuit Florence qui avoue être « une hyperactive, toujours à l'affut de challenges ».

Le « switch » vers l'entrepreneuriat

C'est donc tout naturellement qu'elle accepte celui du Professeur José-Alain Sahel, spécialiste mondialement reconnu de la rétine qui lui propose de créer et présider SparingVision afin de réaliser le transfert industriel des brevets et de la technologie développée par son équipe avec Thierry Léveillard. Objectif ? Développer le médicament qui traitera la rétinopathie pigmentaire, une maladie orpheline, l'une des principales dégénérescences rétiniennes qui, à long terme, provoque la cécité à l'âge adulte et touche quelque 2 millions de personnes dans le monde. « En fait, je suis passée de l'autre côté de la barrière comme on dit », raconte Florence. « Pendant des années, j'ai accompagné des entreprises dans leur développement, j'ai encouragé la recherche et l'innovation par le dépôt de brevets. Aujourd'hui, à mon tour d'être entrepreneur et de relever les défis d'un dirigeant d'entreprise ». En juillet dernier, Bpifrance, la Fondation Voir&Entendre et la Foundation Fighting Blindness ont investi un total de 15,5 millions d'euros dans SparingVision dans le but de développer les essais cliniques. Prochain défi pour Florence ? Lever la suite des financements pour finir lesdits essais et, à terme, mettre le médicament sur le marché.

« C'est extrêmement stimulant de consacrer son temps et son énergie à ce qui, au final, pourra sauver des gens de la cécité. Développer des médicaments a toujours été mon moteur. Le challenge est permanent mais tellement gratifiant. Nous voulons sauver des vues, sauver des vies. Cette utilité-là n'a pas de prix et même si les tensions sont elles aussi permanentes car c'est compliqué de lever de l'argent, elles sont toujours positives ». Pas de regrets alors ? « Absolument pas, même si j'adorais mon ancien métier dans lequel j'étais très investie. Mais il se trouve que la vie, parfois, vous réserve des surprises, bonnes et moins bonnes d'ailleurs. Je dirais qu'il est important de saisir sa chance au bon moment, et de ne pas oublier ses aspirations les plus profondes. J'ajouterai, qu'il n'y pas d'âge pour opérer un changement, même si c'est un bouleversement. Souvent, c'est un choix, une décision qui se fait au bon moment sans que vous l'ayez réellement programmé. ».

Valérie Abrial

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Commentaire 1
à écrit le 08/11/2017 à 14:58
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Bravo à Florence Allouche Ghrenassia pour son énergie son courage sa détermination ses compétences et pour son parcours et même mère de famille Florence est un exemple à suivreLa recherche n'a pas de prix,ou Sont les encouragements du ministère de la...

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