Romain Girbal , fondateur d’IB2 : « L’entreprenariat est un match de boxe. »

Après dix années de recherches, les ingénieurs d’IB2 emmenés par le chimiste de référence mondiale Yves Ocello, voient leur travail récompensé. En juillet dernier, la société française, cofondée par Romain Girbal, a signé contrat record d’une durée de 22 ans avec Senze Coal Aluminium Company, un géant de l’aluminium en Chine. Ce nouveau procédé de raffinage mis au point par IB2 va révolutionner ce secteur en transformant radicalement l’utilisation et la rentabilité de la bauxite basse teneur avec comme résultats des gains écologiques considérables. IB2 qui a décidément le vent en poupe vient même de voir entrer dans son capital le Family office Firmenich, un des plus importants en suisse. Rencontre avec Romain Girbal qui nous raconte sa success-story qui ne s’est pas faite en un jour.
(Crédits : DR)

Le succès d'IB2 a mis près d'une décennie à se concrétiser. Quels ont été les principaux obstacles ?

Romain Girbal : C'est cela le monde de l'industrie, c'est le temps long à l'inverse du monde de la tech où l'on peut sortir un truc super en six mois. Dans le secteur de l'industrie, on n'a pas le droit à l'erreur. Il faut des années de recherche et de développement. C'est beaucoup d'investissement. Il faut aussi du temps pour convaincre un acteur industriel de prendre un risque de travailler avec une technologie révolutionnaire unique. C'est pour cela que ça prend du temps. Aujourd'hui, on en est vraiment au point de décollage de la société et on espère pouvoir signer une dizaine de clients dans les cinq années qui viennent.

Comment est née l'aventure IB2 ?

Romain Girbal : Quand Yves Ocello, ancien de Pechiney, chimiste de génie, est venu me parler de sa nouvelle technologie, j'y ai crue d'emblée car j'ai vu le potentiel. Je me suis tout de suite impliqué financièrement en sachant que les risques étaient énormes car tout le projet était alors à ses balbutiements et était gourmand en ressources financières car les tests en labo sont très coûteux. J'aurais très bien pu perdre tout mon argent.

Votre parcours est assez atypique. A 28 ans alors que vous gagnez très bien votre vie en travaillant dans la Finance à Londres, vous décidez de tout plaquer. Pourquoi ?

Romain Girbal : Je m'y 'ennuyais. Je n'étais pas fait pour être salarié. Tout le monde n'est pas fait pour être salarié. Pour être franc, j'étais probablement un très mauvais salarié. Et donc c'est là où je me suis dit que je voulais tenter une aventure entrepreneuriale. Mais je ne savais pas du tout ce que j'allais faire ! J'avais juste un tout petit peu d'économie de mes cinq années de travail. Mais je savais que c'était le moment. J'étais jeune, pas marié, pas d'enfant. En gros, c'était le moment ou jamais.

Aviez-vous peur de vous planter ?

Romain Girbal : Non. Il faut foncer et ne pas craindre l'échec sinon on est paralysé, on ne fait rien. Je préfère me concentrer sur les opportunités que sur les risques sans pour autant faire n'importe quoi. On ne vit qu'une fois, je n'ai pas envie d'avoir de regrets. Je pense qu'il y a beaucoup de gens qui ne sont pas épanouis dans leur boulot et qui dépriment et qui se disent intérieurement qu'ils ne veulent pas faire toute leur vie mais qui, par confort, ne sauteront jamais le pas.

Ce sont de gros sacrifices tout de même...

Romain Girbal: Oui ça été très dur. Quand quelqu'un a un succès, on ne voit pas forcément tous les moments difficiles par lesquels il est passé. Pendant plusieurs années, j'ai eu énormément de moments difficiles. Des passages à vides. Des moments de doute. Et je n'avais plus d'argent mais je ne voulais pas abandonner mes projets. Je suis reparti vivre chez mes parents et j'ai dû trouver un petit boulot. Je bossais à Rungis, je vendais du poisson le matin de 4 heures à midi. Puis, Je prenais une douche rapide avant de consacrer l'après-midi à essayer de lever des fonds.

Comment ont réagi vos proches ?

Romain Girbal: Ma mère me soutenait avec mon père, on ne s'est presque pas parlé pendant deux ans parce que lui, il était fonctionnaire et était davantage tourné vers la sécurité. Et l'entrepreneuriat, c'est tout sauf de la sécurité. On sait que tout peut s'arrêter demain. Mais c'est tellement excitant et motivant car une grosse partie dépend de nous.

Vous n'avez songé à jeter l'éponge ?

Romain Girbal : Peut-être une fraction de seconde. J'ai pris beaucoup de coups, ça a été dur, j'ai perdu des amis, mais je pense que ça fait partie du chemin. Vous savez l'entrepreneuriat est un match de boxe. En fait, on ne peut pas remporter tous les rounds. Il faut juste en gagner suffisamment pour vaincre.

Il faut avoir un mental de champion...

Romain Girbal : La plupart des entrepreneurs ne réussissent pas du premier coup. Ça prend beaucoup de temps et c'est beaucoup de stress. Les échecs sont des expériences qui mènent vers le succès. La qualité première d'un entrepreneur, c'est la résilience.

Quels conseils donneriez-vous à un jeune entrepreneur ?

Romain Girbal : Le secret, c'est être convaincu par sa propre boîte et d'être certain qu'elle va cartonner. Il faut aussi avoir une vraie vision. En général, on arrive à convaincre un investisseur quand on lui montre que l'on est à 100 % dans cette boîte et qu'on ne fait pas cinquante choses à la fois.

De votre côté, vous avez d'autres projets ?

Romain Girbal : Non, Je suis focus à 100 % sur IB2. Cette boîte, j'en rêve La nuit. On est en train de développer une vraie révolution au niveau mondial dans un secteur indispensable. J'ai l'intime conviction que notre équipe d'ingénieurs va marquer l'histoire industrielle de l'aluminium.

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