Après avoir été, entre autres, lauréate du concours « 10 000 startups pour changer le monde » en 2021, Spin-Ion Technologies poursuit ses intenses travaux de R&D, inhérents au secteur des deeptechs. « Nous avons développé un procédé de fabrication qui améliore les performances des mémoires émergentes MRAM (Magnetic Random Access Memory) qui sont moins volatiles et moins énergivores que les mémoires Flash ou RAM (Random Access Memory) commercialisées sur le marché. Nous avons déjà passé les étapes de la preuve de concept sur les composants et nous avons plusieurs partenariats avec des industriels pour poursuivre le développement de nos mémoires MRAM », affirme Dafiné Ravelosona, co-fondateur et directeur des nouvelles technologies (CTO) de Spin-Ion Technologies, basée au Centre de Nanosciences et de Nanotechnologie (C2N), à Palaiseau.

Une nouvelle invention de rupture

Outre sa mémoire MRAM, la jeune pousse mise beaucoup sur sa puce neuromorphique pour des applications spécifiques à l'IA. Cette puce novatrice s'inspire directement du fonctionnement du cerveau humain en permettant de stocker et de traiter les données  à basse énergie et avec un temps de latence moindre par rapport aux puces actuelles. « Pour cette deuxième invention, le développement de l'architecture neuromorphique s'effectuera avec des mémoires MRAM », précise le dirigeant, tout en ajoutant que « Notre puce neuromorphique dispose de deux grands avantages. Le premier est qu'elle a une très faible consommation électrique, réduisant ainsi l'impact environnemental du numérique. Le second est que notre technologie a la capacité d'apprendre plusieurs tâches sans les oublier, caractéristique de  l'apprentissage en continu ».

Résultats ? Ce type de puce peut être intégré à toutes les applications embarquées (edge computing) utilisant l'internet des objets (montres connectées, écouteurs etc...). Elle est également utilisable pour des applications médicales, robotiques et dans les usines intelligentes (usines 5.0). « Notre technologie a été validée par l'Union Européenne, qui nous a accordé un financement de 2,5 millions d'euros sur une période de 30 mois. Notre objectif est de développer un démonstrateur alliant hardware et software, capable d'apprendre en continu. Nous souhaitons parvenir à une version Beta en 2024 et à une version finale début 2025. D'ailleurs, nous y travaillons déjà avec des industriels », complète Dafiné Ravelosona, qui est également chercheur en physique ainsi que l'inventeur de la technologie .

Une levée de fonds en série A en 2024

En plus de son financement communautaire obtenu de la part du Conseil européen de l'innovation, Spin-Ion Technologies prépare une levée de fonds en série A pour les prochains mois, idéalement auprès d'investisseurs français. « La priorité de cette opération est de pouvoir financer une pilot line pour accélérer la pré-industrialisation de notre solution, et  pouvoir ainsi répondre à la demande  de nos clients industriels», souligne Dafiné Ravelosona.

A terme, lorsque la puce finale sera développée, la deeptech  pourra transférer ses différents procédés de fabrication aux industriels par le biais de licences, en accord avec son business model. « Notre ambition est que notre technologie devienne un standard de production pour différents segments de marché. Dans ce contexte, nous sommes volontairement positionnés en support des fabricants de puces  afin d'inonder le marché », anticipe le dirigeant.

En attendant de conquérir le marché du neuromorphique et des MRAMs, qui sont estimés à plusieurs milliards de dollars d'ici à 2030, Spin-Ion Technologies dispose d'un autre marché à plus court terme : celui des capteurs magnétiques, qui est en plein essor en Europe, notamment pour le secteur automobile. « Nous travaillons à l'amélioration de ces produits pour qu'ils gagnent en performances », conclut le chercheur et entrepreneur, présageant de belles perspectives pour l'avenir.