On n'avait pas vu cela depuis longtemps : les ventes de CD et DVD musicaux ont généré pour les éditeurs un chiffre d'affaires en forte hausse au quatrième trimestre 2009. De 101 millions d'euros au 1er trimestre, le chiffre d'affaires (gros hors taxes) est passé à 90,5 millions au deuxième, à 100,7 millions au troisième, pour bondir à 220,3 millions sur les trois derniers mois de l'année. Du coup, le marché du disque "physique" qui était en perte de 21% sur le 1er semestre (par rapport au 1er semestre 2008) a redressé la barre pour atterrir à 512 millions d'euros, soit un recul à un seul chiffre de 3,4%, contre des baisses de près de 20 % en 2008 et 2007.

Au total, si l'on ajoute les ventes numériques, les ventes des éditeurs n'ont reculé "que" de 3,2%, au lieu de 15% en 2008. Mais il ne pèse plus que 587,8 millions d'euros, contre 1,3 milliard en 2002.

L'envolée des ventes d'albums de Mickael Jackson après son décès, la réédition des Beatles ne suffisent pas à expliquer ce retour des consommateurs vers les bacs fin 2009. Les maisons de disques ont aussi concentré leurs plus grosses sorties sur la fin de l'année. Et en période de pouvoir d'achat contraint, le CD reste un cadeau peu onéreux. Le dynamisme du marché semble pourtant réussir à des sorties sans risques : l'une des meilleures ventes de cette fin d'année serait la compilation des années 60, "Salut les copains". Et sur l'ensemble de l'année, c'est le traditionnel album "Les enfoirés" pour les restos du c?ur, qui emporte la mise.

La variété française en baisse

Le répertoire français ne profite pas du mouvement : ses ventes de CD sont en baisse de 6,7% alors que la variété internationale est en croissance de 5,2%. Logique puisque le nombre d'artistes produits localement a continué à reculer : le solde des nouveaux contrats d'artistes signés par les majors en France contre les contrats rendus ou non renouvelés est négatif (-18) pour la deuxième année consécutive.

En revanche, la baisse de 1,9 % des ventes de musique "dématérialisée" en ligne ou sur mobile à 75,8 millions d'euros, soit 1,4 million de moins qu'en 2008, n'annonce que ce marché émergent soit déjà mort né. Il se structure: les sonneries téléphoniques ne font plus du tout recettes, mais le téléchargement de titres par Internet (donnée qui inclut les ventes sur mobiles iPhone) décolle vigoureusement, tandis que les sites de "streaming" (écoute en direct sans téléchargement) rallient de plus en plus de visiteurs, dont chaque clic rémunère les éditeurs de musique. Qu'il s'agisse de Deezer, le premier d'entre eux en France, ou de Spotify, venu de Suède, ils ont lancé une formule "premium" par abonnement qui, si elle réussit à s'implanter, générera des revenus plus importants pour la filière musicale.

 

Les chiffres clé du marché français en 2009

Marché de gros (source Snep) : 587,8 millions d'euros : total chiffre d'affaires gros hors taxes des éditeurs soit une baisse de 3,2 %, dont :
Ventes physiques : 512 millions d'euros en baisse de 3,4%
Ventes numériques : 75,8 millions d'euros en baisse de 1,9%, dont :
- téléchargement : 38,4 millions d'euros (+ 56%)
- sonneries téléphone mobile : 28,7 millions d'euros (- 41%)
- "streaming" : 8,8 millions d'euros (x 2,4)

Marché de détail (valeur TTC. Source Gfk/ Snep) : 894,7 millions d'euros (valeur TTC), soit une baisse de 9%

Ventes en magasins : 833,3 millions, soit une baisse de 11,4%

Téléchargement Internet : 61,4 millions d'euros (+ 45,9%)