"Mon premier jour à La Tribune..."

Le stress, la débrouille ou la convivialité, chaque journaliste a un souvenir de ses premiers pas à la rédaction de La Tribune.
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Son premier jour, tout le monde s'en souvient ...ou presque. Parfois les détails de la journée sont devenus flous mais il reste toujours au moins un souvenir marquant. Pas toujours agréable d'ailleurs. "Le directeur de la rédaction m'a passé un tel savon que je m'en souviens encore", se rappelle Rachida. Embauchée comme secrétaire de rédaction en novembre 1999, elle présente au directeur de la rédaction, une page finie dite en "en BAT" (bon à tirer) qu'il doit vérifier et valider avant qu'elle soit envoyée à l'imprimerie. "Il y avait une brève sur le même sujet que l'article... et je ne l'avais pas remarquée", raconte Rachida encore mortifiée aujourd'hui, avant d'ajouter, "le lendemain, je suis venue avec une boule au ventre".

Un jour de stress

Même s'il se passe sans anicroche, le premier jour est souvent synonyme de stress. Alain, arrivé en janvier 1992 comme rédacteur au service macroéconomie - le journal s'appelait alors La Cote Desfossés - ne se souvient de rien d'autre que de son sentiment de "fébrilité" ce jour-là. Même chose pour Michel, entré dans "la maison" en février 2001 au service industrie, il n'a rien gardé en mémoire sauf qu'il était "très stressé". Romaric avoue, pour sa part, avoir été "vachement impressionné" à ses débuts à La Tribune au service marchés en février 2003. Il se rappelle très bien son premier article, un sujet boursier au titre abscons qu'il n'aurait jamais compris lorsqu'il était professeur de français, son premier métier. Pour Jean-Christophe, cette première journée de juin 1999 restera comme "le jour le plus long". Il arrivait de la presse professionnelle pour reprendre le poste "social", or c'était en pleine discussion sur la loi des 35 heures. "J'étais terrorisé, c'était ma première fois dans la presse nationale, dans une si grande rédaction". La Tribune comptait alors plus de 150 journalistes.

Une grande rédaction

Sandrine embauchée en avril 1998 au service médias, se rappelle de son étonnement : "à la conférence de rédaction du matin, il y avait plus de 50 personnes, il y avait des débats sur les sujets, chacun pouvait participer". Même choc pour Isabelle. Entrée juste avant la crise des banlieues en décembre 2005 pour suivre l'emploi au sein du service macroéconomie, elle a eu l'impression "d'une rédaction énorme". Autre crise, quelques années plus tard. Christèle commence sa première journée au service "marchés", le jour de la chute de la banque Lehman Brothers le 15 septembre 2008 : "la salle était comble. Je n'avais jamais vu autant de monde lors d'une conférence de rédaction, ça grouillait partout. Tous voulaient participer. C'était passionnant mais frustrant, car j'ai finalement dû partager un article avec une autre journaliste sur une petite colonne".

Entraide et convivialité

Plus que l'angoisse ou la taille de la rédaction, ce qui a le plus marqué Charles, recruté en novembre 2008 pour la lancement du site web La Tribune et Moi, "c'est la disponibilité et la bonne volonté des gens quand je leur demandais des explications ou des contacts". Et cet ancien étudiant en ethnologie, en a eu bien besoin pour écrire ses premiers articles sur le parcours boursier d'Hermès, l'évolution du cours de l'or ou l'industrie de l'habillement. Juliette entrée en avril 2005 au début pour suivre la grande distribution, a elle aussi été frappée par "la gentillesse de ses collègues" qui lui "expliquaient tout". Et le premier jour, ils sont allés lui chercher une salade pour qu'elle puisse rendre son premier article à l'heure, sans sauter le déjeuner. Alain, embauché pour suivre le secteur automobile en novembre 1994 se souvient du bon accueil qui lui a été réservé et reste marqué par la convivialité des relations au sein de la rédaction. Il a même trouvé "très amical" de la part du directeur de la rédaction, de l'avoir convié, alors qu'il venait tout juste de rejoindre La Tribune, à l'interview du patron de Volvo en Suède, négociée de longue date.

Système D

Mais la vie à La Tribune n'était pas toujours un long fleuve tranquille. Jean-Pierre en a fait l'expérience dès son premier jour au début des années 2000 à l'édition du journal: il y avait une assemblée générale. Le directeur de la rédaction venait de quitter le navire sans crier gare et la rédaction était inquiète. "Dès mon arrivée, j'ai été plongé dans le bain", sourit-il aujourd'hui. Il a toujours fallu aussi savoir se débrouiller avec une organisation...loin d'être parfaite. "J'ai été engagé en janvier 1991 par La Cote Desfossés", raconte Brigitte. Son métier était alors la photocomposition mais le journal était déjà passé à la PAO (publication assistée par ordinateur). Elle s'est formée sur le tas. "J'ai eu quinze jours pour me mettre au niveaue. Même chose pour Jérôme qui se rappelle son arrivée en août 2008 comme éditeur : "j'ai dû apprendre le fonctionnement du système rédactionnel à toute vitesse en regardant faire un autre éditeur du service".

Pascale n'a pu s'appuyer sur personne. Elle arrivait le 1er août 2005 pour prendre la responsabilité du service "marchés" et elle était prévenue : "tu seras toute seule". La hiérarchie était en vacances. "Je ne savais pas faire marcher le système éditorial et je connaissais que quelques personnes dans les équipes ; j'ai appris à toute vitesse et le journal est quand même sorti le lendemain. C'était une journée vraiment spéciale". Pour Marie-Caroline aussi. Embauchée début janvier 2000 au service "placements", elle a eu la surprise de constater que la pièce où elle devait s'installer était en plein déménagement. Les bureaux étaient sens dessus dessous. Elle revoit sa collègue, arrivée depuis la veille seulement, les bras chargé d'un carton chercher du regard un bureau où s'installer. Pour les correspondants à l'étranger non plus, les débuts n'étaient pas toujours simples. Frank-Paul pour son premier jour à Francfort comme correspondant en octobre n'avait pas de bureau. Il logeait à l'hôtel où on ne lui faisait suivre les fax reçus qu'avec des heures de retard. "A La Tribune, on apprend à s'adapter", conclut-il.

S'adapter au ryhtme du quotidien

Et puis, il y a les démarrages en trombe comme celui de Fabrice au service industrie en octobre 2004. "Le jour de mon arrivée j'avais déjà un papier signé de mon nom dans le journal publié le matin même. J'étais très fier", se remémore-t-il en souriant. En voyage de presse la veille, il avait déjà envoyé un premier article. Thierry pour sa part ne s'y attendait pas. Embauché fin septembre 2008 pour réaliser une rubrique hebdomadaire sur la gestion d'actifs, il s'est retrouvé à faire un article dès son premier jour pour le quotidien, car une grosse société de gestion annonçait un changement de stratégie. Quant à Blandine, elle n'avait pas prévu de rester. Prise comme stagiaire sur le site web pour un mois en avril 2007, elle devait encore terminer une année d'études. Et puis, on lui a proposé de couvrir la campagne présidentielle... et elle a dit oui.

Ils sont plusieurs à avoir pratiqué des allers-retours à La Tribune. Et du coup, ils se rappellent de plusieurs "premiers jours" comme Ivan qui a été embauché trois fois. La première le 10 juillet 1989 au service Bourse, il avait seulement 5 mois d'expérience et le journal s'appelait encore la Tribune de l'Economie ; la deuxième en 1994 et la troisième fois en 2008. "Je revenais de sept ans de magazine et c'était dur de retrouver le rythme du quotidien". Pour beaucoup, il va être aujourd'hui très dur de le quitter.

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Commentaire 1
à écrit le 05/02/2012 à 15:30
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pauvres de vous à La Tribune,oubliés les "soutiers" de la Tribune Régie et du portage, l'ensemble de ces personnels part sans un regard,sans un merci sans même pour les derniers cités une dernière visite de soutient de leur direction ;bon à savoir le...

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